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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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il s’écria à haute voix, et
d’un ton plein de joie, que cet oiseau domestique, si attaché à la société de
l’homme, n’eût pas quitté son ancien asile ; si ces tours n’eussent été
dévouées à la destruction et à la solitude [3961] .
Cet heureux présage inspira l’assurance de la victoire ; on reprit, le siége,
et poussé avec une nouvelle vigueur. Les Huns assaillirent la partie du mur
d’où était sorite la cigogne ; ouvrirent une large brèche, s’y précipitèrent
avec une impétuosité irrésistible, et la génération suivante distinguait à peine
les ruines d’Aquilée [3962] .
Après cette effrayante vengeance, Attila continua sa marche ; Altinum, Padoue
et Concordia, qui se trouvaient sur son passage, ne présentèrent bientôt plus
que des monceaux de pierres et de cendres. Vicence, Vérone et Bergame villes de
l’intérieur, eurent tout à souffrir de l’avide cruauté des Huns. Pavie et Milan
se soumirent sans résistance à la perte de leurs richesses, et rendirent grâce
à la clémence inaccoutumée qui épargnait et les bâtiments et la vie des
citoyens captifs. Les traditions populaires de Côme, Turin et Modène,
paraissent suspectes ; mais elles concourent, avec des autorités plus
authentiques à prouver qu’Attila étendit ses ravages jusque dans les riches
plaines de la Lombardie, qui sont séparées par le Pô, et bornées par les Alpes
et l’Apennin [3963] .
En entrant dans le palais de Milan, le monarque barbare aperçut avec surprise
et avec indignation un tableau qui représentait les empereurs des Romains assis
sur leur trône ; et les princes de Scythie prosternés à leurs pieds. La
vengeance qu’il prit de ce monument de la vanité romaine, fut à la fois douce
et ingénieuse. Il fit venir un peintre lui ordonna de changer les figures et
les attitudes, et de peindre sur la même toile le roi de Scythie sur son trône [3964] , et les empereurs
romains s’en approchant d’un air humble ; pour vider à ses pieds des sacs d’or,
symbole du tribut auquel ils s’étaient assujettis [3965] . Les
spectateurs reconnurent sans doute la vérité de cette nouvelle représentation,
et se rappelèrent peut-être, dans cette singulière occasion, la dispute de
l’homme et du lion [3966] .
    L’orgueil féroce d’Attila s’est peint dans ce mot digne de
lui, que l’herbe ne croissait jamais où son cheval avait passé. Cependant ce
destructeur sauvage : donna involontairement naissance à une république, qui
ranima en Europe, dans le siècle de la féodalité, l’esprit de l’industrie
commerciale. Le nom célèbre de Venise ou Venetia , appartenait autrefois
à une vaste et fertile province de l’Italie, qui s’étendait depuis les
frontières de la Pannonie jusqu’à là rivière de l’Adda, et depuis le Pô
jusqu’aux Alpes Rhétiennes et Juliennes. Avant l’irruption des Barbares,
cinquante villes vénitiennes jouissaient de la paix et de la prospérité.
Aquilée était une des plus magnifiques ; mais l’agriculture et les manufactures
soutenaient l’ancienne dignité de Padoue, et, les possessions de cinq cents
citoyens qui jouissaient du rang de chevaliers romains, montaient, d’après la
plus rigoureuse évaluation, à un million sept cent mille livres sterling. Un grand
nombre de familles d’Aquilée, de Padoue, et des villes des environs échappées à
la fureur des Huns, trouvèrent dans les îles voisines un humble mais sûr asile [3967] . A l’extrémité
du golfe où les marées de l’Océan se font facilement sentir dans la mer Adriatique,
on découvre une centaine de petits îles séparées du continent par les eaux fort
basses ; et défendues contre les vagues par de longues et étroites langues de
terre entre lesquelles les vaisseaux peuvent pénétrer par des passages secrets
et resserrés [3968] .
Jusqu’au milieu au cinquième siècle, ces îles, à peine habitées, demeurèrent
sans culture et presque sans nom [3969] : mais les mœurs des Vénitiens fugitifs, leurs arts et leur gouvernement
prirent peu à peu dans leurs nouvelles habitations, une forme régulière ; et
l’on peut considérer une des épîtres de Cassiodore, dans laquelle il décrit
leur situation [3970] ,
comme le premier monument de la république. Le ministre de Théodoric les
compare, dans son style de déclamation recherchée, à des poules d’eau qui ont
fait leur nid milieu des vagues ; et bien qu’il convienne que les provinces
vénitiennes

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