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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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renfermaient autrefois un grand nombre de familles nobles, il fait
entendre qu’elles étaient toutes alors réduites à l’égalité par la misère. Le
poisson était presque l’unique nourriture des habitants de toutes les classes ;
leur unique richesse consistait en sel que la mer leur fournissait en
abondance, et qui, dans tous les marchés des environs, avait cours au lieu de
l’or ou de l’argent qu’il remplaçait dans  les achats. Un peuple qui par la
nature de ses habitations semblait appartenir également à la terre et à la mer,
fut bientôt aussi accoutumé à ce second élément qu’il pouvait l’être au premier
; et les désirs de l’avarice succédèrent à ceux du besoin. Les insulaires, qui
depuis Grado jusqu’à Chiozza étaient unis par les liens de la plus étroite
alliance, pénétrèrent dans le cœur de -l’Italie par la navigation pénible, mais
peu dangereuse, des canaux et des rivières. Leurs vaisseaux, dont ils
augmentaient continuellement le nombre et la grandeur, visitaient tous les
ports du golfe ; et Venise a contracté dès son enfance le mariage qu’elle
célèbre tous les ans avec la mer Adriatique. Cassiodore, préfet du prétoire,
adresse son épître aux tribuns maritimes, et les exhorte avec douceur, mais
d’un ton d’autorité, à exciter dans leurs compatriotes le zèle du service
public. On avait alors besoin de leur secours pour transporter les magasins de
vin et d’huile de la province d’Istrie dans la ville de Ravenne. Ces tribuns
maritimes paraissent avoir réuni plusieurs attributions, ainsi qu’on en peut
juger par une tradition qui nous apprend que dans les douze îles principales le
peuple élisait tous les ans douze juges ou tribuns. La domination des rois
goths de l’Italie, sur la république de Venise, est constatée par la même
autorité qui anéantit ses prétentions à une indépendance originaire et
perpétuelle [3971] .
    Les Italiens, qui avaient renoncé depuis longtemps au métier
des armes, apprirent avec terreur, avec les après quarante ans de paix,
l’approche d’un Barbare formidable, qu’ils abhorraient comme l’ennemi de leur
pays et de leur religion. Au milieu de la consternation générale, le seul Ætius
demeurait inaccessible à la crainte ; mais malgré sa valeur et ses talents,
Ætius, seul et sans secours, ne pouvait exécuter aucun exploit digne de sa
réputation. Les Barbares qui avaient défendu la Gaule, refusaient obstinément
de marcher à la défense de l’Italie, et les secours promis par l’empereur
d’Orient étaient éloignés et peu certains. Le patrice,  la tête des troupes
domestiques attachées à son service particulier, fatiguant et retardant sans
cesse la marche d’Attila, ne se montra jamais plus grand qu’au moment où un
peuple d’ignorants et d’ingrats blâmaient hautement sa conduite [3972] . Si l’âme de
Valentinien eût été susceptible de quelques sentiments généreux, il aurait pris
ce brave général pour exemple et pour guide : mais le petit-fils de Théodose,
au lieu de partager le danger, fuyait le bruit des armes ; et sa retraite
précipitée de Ravenne à Rome, d’une forteresse imprenable dans une ville
ouverte et sans défense, annonçait clairement l’intention d’abandonner l’Italie
dès que l’ennemi s’approcherait assez pour menacer sa sûreté personnelle.
Cependant l’esprit de doute et de délai, qui règne toujours dans les conseils
des lâches et en diminue quelquefois la pernicieuse influence, suspendit cette
honteuse abdication. L’empereur de l’Occident, le sénat et le peuple de Rome,
par une inspiration plus salutaire, se déterminèrent à tâcher d’apaiser la
colère d’Attila par l’envoi d’une ambassade solennelle chargée de lui porter
leurs supplications. On confia cette importante commission à Avienus, qui, par
sa naissance et ses richesses, sa dignité consulaire, le nombre de ses clients
et ses talents personnels, tenait le premier rang dans le sénat de Rome. Le
caractère adroit et artificieux d’Avienus [3973] était parfaitement approprié à la conduite d’une négociation, soit qu’elle fût
relative à des intérêts publics ou particuliers. Son collègue Trigetius avait
occupé la place de préfet du prétoire en Italie ; et Léon, évêque de Rome,
consentit à hasarder sa vie pour sauver son troupeau. Saint Léon a exercé et
déployé son génie [3974] dans les calamités publiques, et il a obtenu le nom de grand

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