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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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l’union des vainqueurs. Le fameux vase de
Soissons est un garant et un monument de la régularité que Clovis observait
dans la distribution des dépouilles. Son devoir et son intérêt l’obligeaient de
pourvoir aux récompenses d’une année victorieuse et à l’établissement d’un
peuple nombreux, sans exercer une tyrannie atroce et inutile contre les
catholiques de la  Gaule qui lui étaient affectionnée. L’acquisition légitime
du patrimoine impérial des terres vacantes et des usurpations des Goths,
diminuait la nécessité des confiscations, et les humbles habitants devaient
supporter plus patiemment leurs pertes lorsqu’ils voyaient distribuer leurs
dépouilles avec égalité [4361] .
    La richesse des princes mérovingiens consistait dans
l’étendue de leurs domaines. Après avoir conquis la Gaule, ils conservèrent la
simplicité rustique de leurs ancêtres. Les villes dépeuplées tombaient en
ruines ; et leurs monnaies, leurs chartres et leurs synodes portent le nom de
quelqu’une des maisons de campagne ou des palais agrestes qu’ils habitaient
successivement. On comptait dans les différentes provinces qui composaient le
royaume cent-soixante de ces habitations, appelées palais , nom auquel il
faut se garder, dans cette occasion, d’attacher aucune idée de luxe ou
d’élégance. Quelques-uns pouvaient être honorés du titre de forteresses, mais
la plupart n’étaient que de riches fermes environnées de basses-cours et
d’étables pour nourrir des volailles et enclore des troupeaux. Les jardins ne
contenaient que des végétaux utiles et des mains serviles exerçaient divers
commerces, les travaux de l’agriculture, et même la pêche et la chasse, au
profit du souverain. Leurs magasins étaient remplis de blés et de vins ; ils
vendaient le surplus de leur consommation ; et toute l’administration se
conduisait d’après les plus sévères maximes de l’économie domestique [4362] . Ces vastes
domaines fournissaient, à l’abondance, de la table hospitalière de Clovis et de
ses successeurs, et leur donnaient les moyens de récompenser la fidélité des
braves compagnons attachés, en paix comme en guerre, à leur service personnel.
Au lieu d’un cheval ou d’une armure, chaque compagnon recevait, à raison de son
rang, de son mérite ou de la faveur du prince, un bénéfice , nom primitif
des possessions féodales et qui désignait leur forme la plus simple. Le
souverain pouvait toujours le reprendre, et ses faibles prérogatives tiraient
leur plus grande force de l’influence que lui donnait sa libéralité ; mais les
nobles indépendants et avides abolirent insensiblement cette sorte de vassalité,
et usurpèrent la propriété héréditaire des bénéfices [4363] . Cette
révolution fut avantageuse à l’agriculture qui avait été négligé par des
maîtres incertains de la durée de leur jouissance [4364] . Indépendamment
de ces bénéfices royaux, une grande partie des terres de la Gaule étaient
divisées en saliques et allodiales , les unes et les autres
exemptes de tout tribut ; les terres saliques se partageaient en portions
égales entre les descendants mâles des Francs [4365] .
    Durant des discordes sanglantes et ensuite dans le tranquille
déclin de la race mérovingienne, un nouvel ordre de tyrans parut dans les
provinces : sous la dénomination de seniores ou seigneurs, ils
usurpèrent le droit de gouverner les habitants de leur territoire particulier,
et en abusèrent pour les opprimer. La résistance d’un égal pouvait restreindre
quelquefois leur ambition ; mais les lois étaient sans vigueur, et les Barbares
impies, qui ne craignaient point de provoquer la vengeance d’un saint ou d’un
évêque [4366] ,
respectaient rarement les bornes territoriales d’un voisin laïque et sans
défense. Les droits de la nature, que la jurisprudence romaine [4367] avait toujours
considérés comme étant communs à tous les hommes, perdirent beaucoup de leur
extension sous les conquérants germains, tyranniquement jaloux de la chasse
qu’ils aimaient avec passion. L’empire général que l’homme s’est arrogé sur les
sauvages habitants de la terre, de l’air et des eaux, n’appartenait qu’à
quelques individus fortunés de l’espèce humaine. De vastes forêts répartirent
sur la surface de la Gaule, et les animaux, réservés pour l’usage ou le plaisir
du seigneur oisif, pouvaient ravager impunément les champs de ses industrieux
vassaux. La

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