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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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le code dans sa forme actuelle,
cent ans après l’établissement de la monarchie française. Vers la même époque,
les Ripuaires écrivirent, et promulguèrent leurs coutumes. Charlemagne
lui-même, le législateur de son pays et de son siècle, avait étudié avec
attention les deux lois nationales toujours en vigueur parmi les Francs [4341] . La sollicitude
des rois mérovingiens s’étendit aussi sur les peuples tributaires. Ce fut par
leurs soins que furent rédigées les institutions grossières des Allemands, et
des Bavarois, et ce fut leur autorité qui les ratifia. Les Visigoths et les
Bourguignons, dont les conquêtes dans la Gaule précédèrent celles des Francs,
se montrèrent moins empressés de jouir de l’avantage le plus important que
procure la civilisation. Euric fut le premier roi des Goths qui fixa par écrit
les lois et les usages de son peuple, et la composition du code des
Bourguignons fût une mesure de politique plutôt que de justice. Ils sentirent
la nécessite d’adoucir la situation de leurs sujets gaulois et de regagner leur
affection [4342] .
Ainsi, par un concours de circonstances extraordinaires, les Germains formèrent
leurs simples institutions dans un temps où le système compliqué de la
jurisprudence romaine était arrivé à sa dernière perfection. On peut, dans les
lois saliques et les Pandectes de Justinien, comparer ensemble les premiers
éléments de la vie sociale et la pleine maturité de la sagesse civile ; et
quels que soient les préjugés en faveur des Barbares, la réflexion accordera
toujours aux Romains les avantages, non seulement de la science et de la
raison, mais aussi de la justice et de l’humanité Cependant les lois des
Barbares étaient adaptées à leurs besoins et à leurs désirs, à leurs
occupations et à leur intelligence, ; elles tendaient toutes à maintenir la
paix, et à perfectionner la société à l’usage de laquelle on les avait
originairement destinées. Au lieu d’imposer une règle de conduite uniforme à
tous leurs sujets, les princes mérovingiens permettaient à chaque peuple, à
chaque famille de leur empire, de conserver librement ses institutions
domestiques [4343] ; et les Romains n’étaient point exclus de cette tolérance légale [4344] . Les enfants
suivaient la loi de leurs parents ; la femme, celle de son mari ;
l’affranchi, celle de son patron ; et dans toutes les causes où les parties
appartenaient à une nation différente, le plaignant ou accusateur était forcé
de plaider devant le tribunal du défendeur, qui avait toujours pour lui la
présomption du droit et de l’innocence. On poussa plus loin l’indulgence, s’il
est vrai que chaque citoyen fut libre de déclarer, en présence du juge, la loi
sous laquelle il préférait de vivre et la société nationale laquelle, il
désirait appartenir. Cette liberté aurait anéanti les avantages de la victoire
; et des habitants romains devaient supporter patiemment les désagréments de
leur situation puisqu’il dépendait d’eux de jouir des privilèges des Barbares,
s’ils avaient le courage d’en adopter les habitudes guerrières [4345] .
    Lorsque la loi condamne irrémissiblement le meurtrier à la
mort, chaque citoyen considère la loi, le magistrat et le gouvernement, comme
les garants de sa sûreté personnelle ; mais dans la société licencieuse des
Germains, la vengeance était toujours honorable et souvent méritoire. Chaque
guerrier indépendant châtiait de sa propre main celui dont il avait à se
plaindre ou qu’il avait lui-même offensé, sans craindre d’autre danger que le
ressentiment des fils ou des parents de l’ennemi qu’il avait sacrifié à son
intérêt ou à son inimitié. Le magistrat sans autorité, n’osant entreprendre de
punir, tâchait de réconcilier, et se trouvait heureux lorsqu’il pouvait obtenir
du meurtrier et faire accepter à l’offensé la somme modéré qui avait été fixée
pour le prix du sang [4346] .
Le caractère fougueux et indocile des Francs ne se serait point soumis à une
sentence plus rigoureuse ; et, par une suite de ce même caractère, de si
légères punitions n’étaient pas susceptibles de les arrêter. Lorsque le luxe de
la Gaule eut corrompu la simplicité de leurs mœurs, la tranquillité publique
fut continuellement troublée par des actes de violence et par des crimes
prémédités. Dans tous les gouvernements équitables, la même peine est infligée
ou du moins imposée pour le

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