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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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anciennement, et à juste titre, tenu un rang distingué parmi
les provinces indépendantes de Gaule ; ses braves et nombreux habitants,
conservaient précieusement comme un trophée, l’épée de César échappée de ses
mains au moment où il fût repoussé devant les murs de Gergovie [4374] . Comme
descendants des Troyens, ils prétendaient à l’alliance fraternelle des Romains [4375] ; et si toutes
les provinces eussent imité le courage et la loyauté de l’Auvergne, elles
auraient empêché ou au moins différé la chute de l’empire d’Occident. Les
Auvergnats conservèrent fidèlement aux Visigoths la foi qu’ils leur avaient
jurée avec répugnance, mais leur plus brave jeunesse ayant succombé à la
bataille de Poitiers, ils acceptèrent sans résistance un prince catholique pour
leur souverain. Théodoric, roi d’Austrasie et fils aîné de Clovis, acheva cette
conquête facile et importante, qui devint une partie de ses États ; mais elle
s’en trouvait séparée par les royaumes intermédiaires de Paris, d’Orléans et de
Soissons qui composaient, à la mort de son père, l’héritage de ses trois
frères. Le voisinage et la beauté de l’Auvergne tentèrent Childebert, roi de
Paris [4376] .
La Haute-Auvergne, qui s’étend aux sud jusqu’aux montagnes des Cévennes, offrait
une riche perspective de bois et de pâturages ; les flancs des montagnes
formaient des coteaux de vignes, et chaque coteau était couronné d’un manoir ou
château. Dans la Basse-Auvergne, l’Allier traverse la vaste plaine de la
Limagne, et la fertilité inépuisable du sol fournissait et fournit encore tous
les ans des moissons abondantes sans aucun intervalle de repos [4377] . Trompé par un
faux rapport qui annonçait que le légitime souverain avait été tué en Germanie,
le petit-fils de Sidonius Apollinaris livra la ville et le diocèse d’Auvergne.
Childebert jouit de cette victoire peu glorieuse, et les guerriers indépendants
de Théodoric menacèrent de quitter ses drapeaux, s’il s’occupait de sa
vengeance particulière avant la fin de la guerre contre les Bourguignons ; mais
les Francs d’Austrasie cédèrent aisément à l’éloquence persuasive de leur
souverain. Suivez-moi , leur dit Théodoric ; suivez-moi en Auvergne ;
je vous conduirai dans une province où vous trouverez de l’or, de l’argent,
des  troupeaux, des esclaves et des richesses de toute espèce. Je vous engage
ma parole de vous abandonner les peuples et tous leurs biens ; vous les
transporterez, si vous voulez, dans votre pays . Par l’exécution de cette
promesse, Théodoric perdit tous ses droits sur un peuple qu’il dévouait à la
destruction. Ses troupes, secondées d’un corps des plus farouches Barbares de
la Germanie, semèrent la désolation dans la fertile Auvergne [4378] . Une forteresse
et une église qui renfermait la châsse d’un saint furent les seuls édifices
sauvés de leur fureur bu arrachés de leurs mains. Le château de Meroliac [4379] était situé sur
un rocher élevé de cent pieds au-dessus de la plaine. Il renfermait dans
l’enceinte de ses fortifications un vaste réservoir d’eau vive, et quelques
terres labourables. Les Francs contemplèrent avec dépit la proie à laquelle ils
ne pouvaient atteindre ; mais ayant surpris cinquante traîneurs, et se trouvant
embarrassés du nombre de leurs prisonniers, ils offrirent de les rendre pour
une faible rançon, et se préparèrent à les massacrer, au cas que la garnison
refusât de les racheter. Un autre détachement pénétra jusqu’à Brivas, ou
Brioude, dont les habitants s’étaient réfugiés avec leurs effets dans le
sanctuaire de Saint Julien. Les portes de l’église résistèrent à leurs efforts
mais un soldat audacieux entra par une fenêtre du chœur, et fit un passage à
ses camarades ; le peuple et le clergé, les dépouilles profanes et sacrées,
tout fut arraché des autels, et le partage sacrilège de ce butin se fit dans
les environs de Brioude : mais le pieux fils de Clovis punit sévèrement cette
violence impie ; les plus coupables l’expièrent par leur mort ; ceux
dont la participation au crime ne put être prouvée, furent laissés à la
vengeance de saint Julien. Théodoric relâcha les captifs, fit rendre toutes les
dépouilles, et étendit le droit de sanctuaire à cinq milles autour du sépulcre
du saint martyr [4380] .
    Avant de retirer son armée de l’Auvergne, Théodoric exigea
des gages de la fidélité

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