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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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contempla les ruines de Carthage [4442] , a décrit
soigneusement leur système militaire, leurs levées, leurs armes, leurs
exercices, leur subordination, leurs marches, leurs campements, et leur invincible
légion, si supérieure en force, et en activité à la phalange macédonienne de
Philippe et d’Alexandre. C’est à ses sages institutions de paix et de guerre
que Polybe attribuait le caractère et les succès d’un peuple incapable de
crainte et ennemi du repos. Le vaste projet de conquête, que les nations
auraient pu déconcerter en se réunissant à temps contre les Romains, fut
entrepris et terminé avec succès ; et des vertus politiques, la valeur et la
prudence, soutinrent le parti qui violait perpétuellement la justice et
l’humanité. Les armées de la république, vaincues dans quelques batailles, mais
toujours victorieuses à la fin de la guerre, s’avancèrent avec rapidité vers
l’Euphrate, le Danube, le Rhin et l’Océan ; et l’or, l’argent, le cuivre,
images qui ont pu servir à représenter les rois et leurs nations, furent
successivement brisés sous le joug de fer de la domination romaine [4443] .
    L’élévation d’une ville qui devint ensuite un empire mérité
par sa singularité presque miraculeuse, d’exercer les réflexions d’un esprit
philosophique ; mais la chute de Rome fut l’effet naturel et inévitable de
l’excès de sa grandeur. Sa prospérité mûrit, pour ainsi dire, les principes de
décadence qu’elle renfermait dans son sein ; les causes de destruction se
multiplièrent avec l’étendue de ses conquêtes ; et dès que le temps ou les
événements eurent détruit les supports artificiels qui soutenaient ce
prodigieux édifice, il succomba sous son propre poids. L’histoire de sa ruine
est simple et facile à concevoir. Ce n’est point la destruction de Rome, mais
la durée de son empire, qui a droit de nous étonner. Les légions victorieuses,
qui contractèrent dans des guerres éloignées les vices des étrangers et des
mercenaires, opprimèrent d’abord la liberté de la république, et violèrent
ensuite la majesté de la pourpre. Les empereurs, occupés de leur sûreté
personnelle et de la tranquillité publique, eurent recours, malgré eux au
funeste expédient de corrompre la discipline, qui rendait les armées aussi
redoutables à leur souverain qu’aux ennemis ; le gouvernement militaire perdit
de sa vigueur, les institutions partiales de Constantin l’anéantirent, et le
monde romain devint la proie d’une multitude de Barbares.
    On a souvent attribué la chute du gouvernement romain à la
translation du siége de l’empire ; mais j’ai déjà démontré dans cette Histoire
que la puissance du gouvernement fût divisée, plutôt que transférée. Tandis que
les empereurs de Constantinople régnaient en Orient, l’occident eut une suite
de souverains qui faisaient leur résidence en Italie, et partageaient également
les provinces et les légions. Cette dangereuse innovation diminua les forces et
augmenta les vices d’un double règne ; les instruments d’un système arbitraire
et tyrannique se multiplièrent, et une vaine émulation de luxe, et non de
mérite, s’introduisit entre les successeurs dégénérés de Théodose. L’excès du
péril, qui réunit un peuple vertueux et libre, envenime les factions d’une
monarchie qui penche vers sa ruine. L’inimitié des favoris d’Honorius et d’Arcadius
livra la république à ses ennemis, et la cour de Constantinople vit avec
différence, peut-être même avec satisfaction, l’humiliation de Rome ; les
malheurs de l’Italie et la perte de l’Occident. Sous les règnes suivants, les
deux empires renouvelèrent leur alliance ; mais les secours des Romains
orientaux furent tardifs, suspects et inutiles ; et la différence de langage,
de mœurs, d’intérêts, et même de religion, confirma le schisme national des
Grecs et des Latins. L’événement justifia cependant, en quelque façon, le choix
de Constantin. Durant une longue période de faiblesse, l’imprenable Byzance
repoussa les armées victorieuses des Barbares, protégea les riches contrées de
l’Asie, et défendit avec succès, en temps de paix comme en temps de guerre, le
détroit qui joint la mer Noire à la Méditerranée. Constantinople contribua
beaucoup plus à la conservation de l’Orient qu’à la ruine de l’Occident.
    Comme le principal objet de la religion est le bonheur d’une
vie future, on peut

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