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Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique

Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique

Titel: Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Émile Bréhier
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qui obéit tout ce monde qui p.317 tourne autour de la terre, allant où il le mène et se laissant volontairement dominer par lui  [446] .  » Les écrivains chrétiens ont signalé cette espèce de conflit interne dans la notion de Dieu chez les stoïciens  : « Bien qu ’ ils disent, dit Origène  [447] , que l ’ être providentiel est de même substance que l ’ être qu ’ il dirige, ils n ’ en disent pas moins pourtant qu ’ il est parfait et différent de ce qu ’ il dirige.  »
    Si donc le dieu d ’ Aristote et des platoniciens est le dieu transcendant d ’ une théologie savante, celui des stoïciens est l ’ objet d ’ une piété plus humaine. N ’ ont-ils pas admis, pour les approuver, toutes les origines que la dévotion populaire donne à l ’ idée des dieux, la vue des météores et de l ’ ordre du monde, la conscience des forces utiles ou nuisibles à l ’ homme et qui nous dépassent, celle des forces intérieures à nous qui nous dirigent, comme la passion de l ’ amour ou le désir de la justice, enfin les mythes des poètes et le souvenir des héros bienfaisants  ? Leurs preuves de  l’ existence des dieux qui reposent sur  l a nécessité d’admettre un architecte du monde, de raison analogue, mais supérieure, à celle des hommes, rentrent dans  l a même ligne. Toute cette théologie populaire implique des rapports directs et spéciaux entre Dieu et les hommes, tandis que la théologie aristotélicienne ou platonicienne ne concerne que le rapport général de Dieu à l ’ ordre du monde, sans rapport particulier à l ’ homme. Le monde est avant tout «  la demeure des dieux et des hommes et des choses faites en vue des dieux et des hommes »  [448] . Sur ce dernier chapitre, on sait jusqu ’ à quel point de ridicule les stoïciens ont poussé l ’ affirmation d ’ une finalité externe, attribuant par exemple aux puces la fonction de nous réveiller d ’ un sommeil trop long et aux souris l ’ heureux effet de nous forcer à veiller au bon ordre de nos affaires.
    p.318 Chrysippe, sur la critique de ses adversaires, fût amené à construire une théodicée, d ’ ailleurs assez faible, pour expliquer la présence du mal dans l ’ univers. Deux arguments montrent le mal indispensable à la structure de l ’ univers  ; « il n’y a rien de plus sot, dit Chrysippe, que de croire que des biens auraient pu exister, s ’ il n ’ y avait eu en même temps des maux  ; car le bien est contraire au mal , et il n ’ y a pas de contraire sans son contraire. » Selon un deuxième argument, Dieu veut naturellement le bien, et c ’ est là son principal dessein  ; mais, pour y arriver, il est amené à employer des moyens qui pris en eux mêmes ne sont pas sans inconvénient. La minceur des os du crâne, nécessaire à l ’ organisme humain, ne va pas sans danger pour son salut. Le mal est alors nécessaire accompagnement (παρακολξύθησις) du bien. Enfin, comme le dit déjà Cléanthe s ’ adressant à Zeus  : « Rien n ’ arrive sans toi, excepté les actes qu ’ accomplissent les méchants dans leur folie. » Dans ce troisième argument, le mal moral ou vice est dû à la liberté de l ’ homme qui s ’ élève contre la loi divine, alors que, dans le premier, il était dû à la nécessité d ’ un équilibre harmonieux : deux explications contradictoires entre lesquelles les stoïciens n ’o nt jamais su choisir  [449] .
     
    VIII. — PSYCHOLOGIE DE L ’ ANCIEN STOÏCISME
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    Rationaliste, dynamiste, spiritualiste, telle est, comme la théorie de l ’ âme du monde, la théorie de l ’ âme individuelle chez les stoïciens. Ils nient l ’ existence de l ’ âme dans les plantes et ne l ’ attribuent qu ’ aux animaux  ; et d ’ autre part ils refusent complètement la raison aux bêtes, en sauvant ainsi l ’ éminente dignité de l ’ homme. En premier lieu, il n ’ y a d ’ âme que là où il y a mouvement spontané dérivé d ’ une inclination mise en branle par une représentation. Représentation et inclination, telles p.319 sont les deux facultés liées ensemble que ne possèdent pas les plantes mais seulement les animaux.
    En revanche les animaux n ’ ont encore aucune raison  ; les actes instinctifs en apparence intelligents, que recueillent les curieux d ’ observations (comme on le voit par le traité stoïcisant Des Animaux de Philon d ’ Alexandrie, et le traité de Plutarque Sur la

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