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Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique

Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique

Titel: Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Émile Bréhier
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Subtilité des animaux ), ces traits d ’ amitié, d ’ hostilité, de politique, ne supposent en eux aucune raison, mais dérivent de la raison universelle, partout répandue dans la nature.
    La raison, particulière à l ’ âme humaine, consiste dans l ’ assentiment qui s ’ introduit entre la représentation et la tendance ou inclination  ; le caractère propre à l ’ âme raisonnable, c ’ est en effet que l ’ activité de la tendance n ’ est pas directement engendrée par la représentation, mais seulement après que l ’ âme lui a donné volontairement son adhésion ou assentiment  ; tout refus de l ’ âme empêche l ’ action.
    Les stoïciens appellent partie hégémonique où directrice de l ’ âme, ou bien encore réflexion, cette partie où se produit la représentation, l ’ assentiment et l ’ inclination  ; et ils se la représentent comme un souffle igné localisé dans le cœur. D’elle émanent sept souffles ignés  ; cinq d ’entre eux s ’ étendent. jusqu ’ aux organes où ils reçoivent les impressions sensibles qu ’ ils transmettent au centre  ; un sixième est le souffle de la voix qui se propage par les organes vocaux  ; un septième le souffle générateur qui transmet à l ’ engendré une parcelle de l ’ âme du père. Ces six facultés sont d ’ ailleurs moins des parties subordonnées que l ’ âme dirigeante elle-même se propageant à travers le corps  [450] .
    Au sujet de l ’ origine de cette âme les anciens Stoïciens ont pensé que le souffle igné transmis par le père n ’ était pas d ’ abord une âme, mais faisait vivre l ’ embryon comme une plante  ; p.320 puis au moment de la naissance, le souffle igné refroidi par l ’ air (les stoïciens supposaient qu ’ une partie de l ’ air entré dans les poumons par la respiration était reçue dans le ventricule) se durcissait comme du fer trempé et devenait l ’ âme d ’ un animal  [451] . Les stoïciens paraissent donc avoir accepté cette doctrine qu ’ on appela plus tard le traducianisme. Il est difficile de savoir à qui faire remonter la doctrine inverse de l ’ origine de l ’ âme conçue comme fragment de l ’ éther divin, que l ’ on trouve chez les stoïciens de l ’ époque impériale, et qui accentue le privilège de l ’ homme. L ’ âme humaine est en tout cas pure raison, et il sera difficile de voir comment s ’ y introduiront le vice et la déraison.
     
    IX. — MORALE DE L ’ ANCIEN STOÏCISME
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    A cette conception du destin, de Dieu et de l ’ âme sont liées les règles de la conduite du sage.
    Nous suivons, pour exposer cette morale, le plan indiqué par Diogène Laërce (VII, 84) comme étant celui de Chrysippe et de ses successeurs jusqu ’ à Posidonius.
    Le moraliste part de l ’ observation des inclinations (ορμαι) telles qu ’ il les constate chez l ’ homme dès la naissance ou au fur et à mesure de leur éclosion  ; ces inclinations, telles qu ’ elles sont reçues de la nature, ne peuvent être dépravées. Or la première inclination nous pousse à nous conserver nous-mêmes, comme si la nature nous avait confiés à nous-mêmes, en nous donnant dès l ’ origine le sentiment ou la conscience de nous (car cette inclination est inséparable de la connaissance de soi et n ’ est pas antérieure à elle).
    L ’ être vivant a donc, dès le début, le moyen de distinguer ce qui est conforme à la nature de ce qui lui est contraire, et l ’ on p.321 appelle premières choses conformes à la nature (πρω̃τα κατά φύσιν) les objets de ces premières inclinations, santé, bien-être et tout ce qui   peut y servir. Ces objets ne méritent pourtant pas encore le nom de biens  ; car le bien est absolu par nature : c ’ est ce qui se suffit à soi-même et peut être appelé l ’ utile. Les stoïciens ne voudraient pas accepter un bien relatif, comme Aristote qui distinguait le bien du médecin, de l ’ architecte, etc.  ; les choses conformes à la nature dont nous avons parlé, étant relatives à l ’ être vivant qui les désire, ne sont pas des biens. C ’ est par une élaboration rationnelle que l ’ on arrivera à concevoir le bien  [452] . C ’ est en réfléchissant sur la raison commune de notre assentiment spontané à nos inclinations, en les comparant entre elles, que nous saisirons la notion du bien. Notre assentiment spontané, à l ’ aurore de la vie, était déjà un assentiment

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