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Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique

Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique

Titel: Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Émile Bréhier
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du reste du monde et l ’ équilibre  [436]
    Tel est ce géocentrisme, si différent de celui de Platon, tout prêt à admettre qu ’ il n ’ est qu ’ une hypothèse mathématique, tandis que celui des stoïciens est un dogme, lié solidement à leurs croyances. Cléanthe ne pensait-il pas que les Grecs devraient assigner en justice, pour crime d ’ impiété, Aristarque de Samos qui admettait le mouvement de la terre  [437]? En un mot, le monde est un système divin dont toutes les parties sont distribuées divinement. «  Il est un corps parfait  ; mais ses parties ne sont pas parfaites, parce qu ’ elles ont une certaine relation au tout et n ’ existent pas par elles-mêmes  [438] » Tout, dans le monde, est produit du monde.
    p.313 Cet ordre de choses n ’ est   pas éternel  : contre les péripatéticiens qui soutenaient l ’ éternité du monde, Zénon fait valoir les observations géologiques qui nous montrent le sol se nivelant constamment et la mer se retirant  ; si le monde était éternel, la terre devrait donc être toute plate et la mer devrait avoir disparu  ; nous voyons de plus toutes les parties de l ’ univers se corrompre, y compris le feu céleste qui a besoin de se restaurer par la nourriture  ; comment leur ensemble ne serait-il pas détruit  ? Nous voyons enfin que la race humaine ne peut être très ancienne puisque beaucoup des arts qui lui sont indispensables et n ’ ont pu naître qu ’ en même temps qu ’ elle en sont encore à leur début  [439] .
    Nous avons vu ce qu ’ était la naissance du monde  ; sa fin, au bout de la grande année, déterminée par le retour des planètes à leurs positions initiales, consiste dans la conflagration universelle ou résorption de toutes les choses dans le feu. Zénon et Chrysippe appellent cette conflagration une purification du monde, laissant ainsi entendre que, à la manière des déluges ou des tempêtes de feu que l ’ on trouve dans les vieux mythes sémitiques, il s ’ agissait là d ’ une restitution de l ’ état parfait. Chrysippe a bien soin de montrer que cette conflagration n ’ est pas la mort du monde  ; car la mort est la séparation de l ’ âme et du corps  ; or ici «  l ’ âme du monde ne se sépare pas de son corps, mais s ’ agrandit continuellement à ses dépens, jusqu ’ à ce qu ’ elle ait absorbé toute la matière ». C ’ est là un changement conforme à la nature et non pas une révolution violente.
    Au total, l ’ univers n ’ est pas la réalisation plus ou moins imparfaite, contingente et instable d ’ un ordre mathématique  ; c ’ est l ’ effet d ’ une cause agissant selon une loi nécessaire, si bien qu ’ il est impossible qu ’ aucun événement arrive autrement qu ’ il n ’ arrive effectivement. Dieu, l ’ âme de Zeus, la p.314 raison, la nécessité des choses, la loi divine et enfin le Destin, c ’ est tout un pour Zénon  [440] . La théorie du destin (ειμαρμένη) n ’ est qu ’ une claire expression de ce rationalisme intégral que nous voyons chez les stoïciens. Le destin, qui fut d ’ abord, dans la pensée grecque, la force tout à fait irrationnelle qui distribue aux hommes leur sort, devient l ’ universelle « raison selon laquelle les événements passés sont arrivés, les présents arrivent et les futurs arriveront  [441]  » , raison universelle, intelligence ou volonté de Zeus, qui commande aussi bien les faits que nous appelons contre nature, maladies ou mutilations, que les faits que nous appelons conformes à la nature, comme la santé. Tout ce qui arrive est conforme à la nature universelle, et nous ne parlons de choses contraires à la nature que là où nous envisageons la nature d ’ un être particulier en le détachant de l ’ ensemble.
    Il ne faudrait pas confondre ce destin avec notre déterminisme scientifique. Il n ’ a rien produit chez les stoïciens qui ressemble à nos sciences de lois, dont on trouve au contraire l ’ idée dans des doctrines fort différentes, celles des sceptiques. C ’ est que la nécessité causale, telle que nous la concevons, est celle d ’ une relation, et une relation laisse tout à fait indéterminé le nombre des phénomènes qui peuvent s ’ y soumettre ; au contraire le destin de l ’ univers est comme le destin d ’ une personne  ; il s ’ applique à un être individuel, l ’ univers, qui a un commencement et une fin  ; car, comme dit l ’ auteur

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