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Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique

Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique

Titel: Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Émile Bréhier
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implique avec elle la destruction, et la destruction définitive de l’ordre dans lequel nous vivons. Pour l’Hellène le mal disparaît par la contemplation de l’univers dont il fait partie ; pour le gnostique il disparaît soit par la suppression de cet univers, ou sinon par l’élévation de l’âme au-dessus et en dehors de lui.
    Basilide, Valentin et Marcion, tels sont les trois gnostiques les plus connus qui vivaient vers le milieu du second siècle : Mais c’est chez Valentin seulement qu’apparaît, semble-t-il, une conception d’ensemble de l’univers des gnostiques. Basilide, lui, est avant tout un moraliste, « obsédé par le problème du mal et celui de la justification de la providence [707]. » « Tout ce qu’on voudra, disait-il, plutôt que de mettre le mal sur le compte de la Providence » ; et, pour expliquer les souffrances des p.502 martyrs, il est prêt à accepter qu’ils ont péché dans une vie antérieure. Il considère d’ailleurs le péché comme provenant de la passion, et la passion comme une sorte d’esprit mauvais qui s’ajoute à l’âme du dehors et la souille. Ces vues conduisaient à une sorte de dualisme moral, dont on trouve l’analogue chez Platon.
    Mais un homme d’un esprit plus métaphysique que Basilide, Valentin, devait en déduire les conséquences les plus contraires au platonisme. Valentin cherche en effet dans l’origine de l’homme l’explication du dualisme qui se rencontre en lui. Ce dualisme entre l’esprit et la chair correspond à un dualisme plus profond entre le créateur de ce monde, le démiurge, escorté de ses anges, dont il est parlé dans la Genèse , et le dieu suprême ou dieu bon. Suivant le récit de la Genèse , et, du moins en partie, l’interprétation qu’en donne Philon d’Alexandrie, il montre l’homme fabriqué par ces êtres mauvais qui sont le démiurge et les anges, et en qui s’introduisent les passions, qui sont des esprits immondes. A cette créature, le Dieu suprême, le Dieu bon a ajouté une semence de la substance d’en haut, de l’esprit.
    Toute l’histoire du monde est celle de la lutte contre les anges qui essayent de faire disparaître cette semence, et elle aboutit à sa délivrance. La rédemption ne consiste pas comme chez saint Paul dans l’efficace de la mort du Christ, mais elle dérive, comme on le voit surtout chez Héracléon, un disciple de Valentin, de la gnose ou révélation apportée par le Christ.
    Après Valentin, le gnostique le plus connu est Marcion qui paraît avoir été surtout l’exégète du groupe ; c’est en effet par l’étude de textes qu’il cherche à montrer que le Dieu de l’Ancien Testament, révélé par Moïse, dieu cruel, vindicatif et belliqueux n’est pas le même que le Dieu révélé par le Christ, Dieu de bonté, créateur du monde invisible, tandis que le dieu de Moïse a créé le monde visible. Ils s’opposent l’un et l’autre comme la justice et la bonté. Aucun effort d’ailleurs pour p.503 justifier cette thèse autrement que par la double révélation des deux testaments ; l’important est pour lui de démontrer que la rédempteur, le Christ, qui nous délivrera du régime du démiurge n’est en aucune manière le Messie juif prédit par les prophètes ; et il n’a pas de peine, en prenant les textes au sens littéral, à montrer qu’aucun trait du Messie ne se retrouve chez Jésus. D’autre part il ne peut admettre que Christ, l’envoyé du dieu suprême, puisse avoir vraiment une nature corporelle, c’est-à-dire participer d’une manière quelconque au monde du démiurge ; il pense donc qu’il s’est révélé brusquement à l’état d’homme fait et que son corps n’est qu’apparent. Marcion déduisait de ces vues l’ascétisme le plus strict, proscrivant le mariage et faisant de la continence la condition du baptême ; ainsi on échappe, au moins de volonté, au monde du démiurge.
    La pensée gnostique, après Valentin et Marcion, se dissipe en cette foule de systèmes connus par les Philosophumena qui, chacun, avec les variations parfois les plus bizarres, traitent toujours le même thème, la délivrance par le Christ de l’âme d’origine divine enfermée dans le monde sensible créé par un méchant démiurge.
    Il y a bien chez tous, si l’on veut, une sorte de schème de la vie spirituelle, qu’on retrouve dans le néoplatonisme : dans les deux cas, il s’agit d’une âme d’origine divine qui

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