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Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique

Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique

Titel: Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Émile Bréhier
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inconnue de l’ancien stoïcisme, d’où résulte la fraternité de tous les hommes ; Marc-Aurèle, comme Épictète, les désigne par le prochain . Cette filiation, il la symbolise dans le personnage d’Hercule fils de Zeus, le sauveur qui abandonne les siens et parcourt tous les pays pour répandre la justice et la vertu [700].
    Reste, bien entendu, le trait fondamental du christianisme, absent chez Épictète, qui n’a pas connu, comme le dit Pascal, la misère de l’homme et qui fait de l’homme son propre sauveur ; chez saint Paul, le pécheur qui connaît le bien ne peut le faire à cause de la puissance du péché, contre-balancée seulement par la grâce du Christ. Il ne s’agit plus comme dans le stoïcisme, comme dans le philonisme même, de ces puissances mi-abstraites, qui assistent l’homme, verbe divin ou démon intérieur, mais d’un personnage historique dont la mort a sauvé l’humanité par une action d’une efficacité tout à fait mystérieuse et tout à fait différente de celle du sage païen, qui simplement enseigne ou se donne comme modèle.
     
    III. — LES APOLOGISTES DU IIe SIÈCLE.
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    Les apologistes de l’époque des Antonins, Justin, dont il reste deux Apologies, l’une adressée à Antonin le Pieux (138-161) et l’autre à Marc-Aurèle (161-180), Tatien, qui peu après lui écrit un Discours aux Gentils , Athénagore qui adresse son apologie à la fois à Marc-Aurèle et à son fils Commode, ont, sauf Tatien, une évidente préoccupation ; c’est, pour faire accepter la nouvelle religion, d’y signaler ce qu’elle a de commun avec la pensée grecque, ce qui peut en accentuer le caractère universel et humain, ce qui peut en un mot la rendre agréable aux p.498 païens. D’où l’attitude à la fois sympathique et réservée d’un Justin envers la philosophie grecque, en particulier envers Platon qu’il déclare supérieur aux Stoïciens dans la connaissance de Dieu, tandis que les Stoïciens lui sont supérieurs en morale.
    En identifiant Jésus au Logos ou au Verbe, en qui Dieu a créé l’univers, l’auteur du célèbre prologue du Quatrième Évangile avait introduit la théologie dans le christianisme : la théologie, c’est-à-dire la préoccupation de la réalité divine ou suprasensible prise en elle-même, et non plus dans son rapport à la vie religieuse de l’homme. La prétention de Justin est d’arriver d’emblée, grâce au Christ, au Verbe de Dieu et à l’intelligible que les philosophes n’ont fait que pressentir obscurément [701]. Mais pour que ces pressentiments soient possibles, il est conduit à admettre que Dieu qui s’est révélé à Moïse et dans l’évangile, s’est aussi révélé partiellement aux philosophes et surtout à Socrate et à Platon ; il y a un Verbe unique ou Logos de Dieu, dont la révélation plus ou moins complète produit chez tous les hommes ces notions innées du bien et du mal, cette notion universelle de Dieu, dont la plupart des hommes, tout en les possédant, ne savent pas d’ailleurs faire usage : raison universelle, révélation des prophètes, verbe incarné ne sont que les degrés différents d’une même révélation ; la raison n’est qu’une révélation partielle et dispersée ; « chaque philosophe, voyant d’une parcelle du Verbe divin ce qui lui est apparenté, a des formules très belles [702]. » Avec cette thèse de la révélation partielle se concilie fort mal une autre thèse, que Justin a pu trouver chez les Juifs de l’entourage de Philon, et d’après laquelle Platon et les Stoïciens auraient été les élèves de Moïse. Ce qu’il y a de commun à ces thèses, c’est l’effort pour retrouver une sorte d’unité de l’esprit humain, reflétant l’unité du Verbe. Il faut ajouter d’ailleurs qu’il procédait avec les Juifs p.499 comme avec les Grecs, cherchant à identifier le Christ au Logos des livres juifs, au Fils, à la Sagesse, à la Gloire du Seigneur [703]. Pareille méthode n’était possible qu’avec une connaissance fort superficielle de Platon ; s’il en connaît, comme les moralistes stoïciens de l’Empire, l’ Apologie , le Criton , le Phèdre et le Phédon , il en ignore les dialogues dialectiques et met au premier plan le Timée dont il mélange sans cesse le récit, comme le fit déjà Philon d’Alexandrie, avec le récit de la création dans la Genèse ; ce qu’il apprend du Timée , c’est que « Dieu, par bonté, partant

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