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Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique

Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique

Titel: Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Émile Bréhier
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religieux où tout parle à l’imagination, est des plus instructives ; le Logos ou Intelligence qui soutient l’ordre éternel des choses ne suffit plus à expliquer un ordre que l’on veut temporaire parce qu’on le considère comme résultant d’une crise anormale. Chez les manichéens, la création du monde sensible n’est pas, comme chez les gnostiques, entièrement création d’un démiurge mauvais ; c’est ainsi que l’Homme p.506 primitif crée à son tour cinq éléments qu’il revêt comme une armure, l’air limpide, le vent rafraîchissant, etc., qui s’opposent terme à terme aux cinq éléments du monde des ténèbres.
     
    V. — CLÉMENT D’ALEXANDRIE ET ORIGÈNE
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    Le didascalée que Pantène, Stoïcien converti au christianisme, créa à Alexandrie et qui eut successivement à sa tête Clément d’Alexandrie (160-215) et Origène (185-254) est le premier essai poussé à fond pour donner un enseignement chrétien qui, par son ampleur, pût rivaliser avec celui des écoles païennes ; milieu bien éloigné de celui des gnostiques, où nous trouvons pour la première fois des hommes très informés de la philosophie grecque et prenant vis-à-vis d’elle une position assez nette.
    Position complexe pourtant : dans son Protreptique aux Grecs , par exemple, Clément est amené à comparer l’hellénisme et le christianisme ; il trouve dans l’hellénisme ou bien des erreurs complètes ou bien des vérités partielles timidement exprimées que seul le christianisme peut saisir dans leur ensemble. Ainsi la théologie des Grecs, considérée dans ses cultes et dans ses mystères, est erronée ou scandaleuse (chap. V et VI) ; chez les philosophes, il distingue ceux qui ont pris les éléments comme dieux, et ceux d’un degré plus haut qui ont attribué la divinité aux astres, au monde ou à son âme : erreur complète, qui consiste à confondre Dieu avec ses œuvres ; mais en revanche, il trouve chez le Platon du Timée qui parle du « père et du créateur de toutes choses » une trace de vérité ; de même Antisthène et Xénophon ont atteint le monothéisme, et Cléanthe le Stoïcien, ainsi que les Pythagoriciens, ont connu les véritables attributs de Dieu. Le christianisme ne ferait alors que consommer l’hellénisme, à peu près comme le nouveau testament convainc d’erreur l’ancien, tout en étant son accomplissement.
    p.507 Il en est de même de la doctrine morale. La sagesse grecque donne des conseils en des cas particuliers à propos du mariage, de la vie publique ; la piété chrétienne est « un engagement universel et pour la vie entière, tendant en toute occasion, en toute circonstance, à la fin essentielle ». Elle réalise donc en somme ce que le stoïcisme et les autres écoles prétendaient faire ; car en affectant de limiter la philosophie à l’art des conseils pratiques de détail, Clément veut la remplacer comme science des principes (chap. XI).
    La vérité, c’est que le christianisme tout entier est coulé par lui dans le moule de l’enseignement philosophique grec et particulièrement de celui qui, jusqu’au II e siècle, fut le seul complètement organisé de l’enseignement stoïcien. « Dès que le Verbe lui-même, dit-il, est venu des cieux jusqu’à nous, il n’est plus nécessaire d’aller à l’enseignement des hommes [710]. » Mais l’enseignement divin qu’on y substitue garde même forme que cet enseignement humain. Lorsque Clément nous dit que la foi (πι̉στις), tant calomniée par les Grecs, est la voie de la sagesse [711], il s’écarte des Grecs moins qu’on ne pourrait croire ; il définit, la foi, comme les Stoïciens, un assentiment volontaire, un assentiment à un terme fixe et solide, assentiment qui est le prélude de la vie chrétienne, comme il est, chez les Stoïciens, le prélude de la sagesse. L’objet véritable de la foi, dit-il encore, « c’est non pas la philosophie des sectes, mais la gnose, à savoir la démonstration scientifique des choses transmises dans la vraie philosophie, c’est-à-dire dans le christianisme [712]. » Et, si l’on en vient à quelques détails de son enseignement, l’on s’aperçoit que le Pédagogue tout entier est construit comme un traité de morale stoïcienne ; le premier livre contient le critère de l’action droite, à savoir la droite raison, identique au Verbe ; et il faut y noter le chapitre VIII, où Clément, songeant p.508

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