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Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique

Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique

Titel: Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Émile Bréhier
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défenseur de Platon  ; Platon est le vrai théologien  ; « Aristote, le plus souvent, a touché d ’ une manière trop humaine aux dogmes théologiques.  » L ’ œuvre de Psellos, qui est immense, est le point de départ de ce courant de philosophie platonicienne, qui, par Pléthon et Bessarion, se propagea à l ’ Italie de la Renaissance et dans le reste de l ’ Occident. Aussi importe-t-il à l ’ histoire des idées de bien définir ce qu ’ était son platonisme. Son inspirateur, c ’ est surtout Proclus, «  cet homme d ’ une nature supérieure, qui a tout approfondi en philosophie  » , « Je me suis dirigé, raconte-t-il encore, vers Plotin, Porphyre et Jamblique, pour m ’ arrêter à l ’ admirable Proclus comme dans un vaste port. C ’ est lui qui m ’ a fourni la science et de justes idées  » [820] . Cette doctrine devait plaire plus que tout autre à un esprit de formation juridique comme celui de Psellos. Il eut fort à faire pour restaurer cette philosophie païenne  ; à l ’ exemple de saint Jean Damascène, qui dénonçait « les erreurs sataniques des sages païens  » , les moines du mont Olympe, à qui il voulait faire admirer Platon, traitaient le philosophe athénien de « satan hellénique  » . Mais, comme il le dit en réponse aux reproches de son ami Xiphilin, fait-il autre chose que continuer la tradition des pères cappadociens, en utilisant Platon pour la défense des dogmes chrétiens  ? « Les doctrines de Platon sur la justice et l ’ immortalité de l ’ âme ne sont-elles pas pour les nôtres des points de départ de doctrines semblables  ? » [821] . Dans l ’ université de Byzance restaurée par Constantin Monomaque, Psellos s ’ efforce de reprendre la tradition de l ’ enseignement néoplatonicien, à la base les sciences énumérées au V I e livre de la République , que l ’ on p.628 enseigne avec les manuels de Nicomaque, de Gérasa, d ’ Euclide et de Diophante pour les mathématiques, de Ptolémée et de Proclus pour l ’ astronomie, d ’ Aristoxène pour la musique  ; au-dessus, la philosophie qui débute par la logique d ’ Aristote et se termine par les commentaires de Proclus  ; au-dessus encore l ’ explication allégorique des textes inspirés, tels que les poèmes d ’ Orphée ou les oracles chaldéens. Aucune revendication d ’ originalité en tout cela  : « Mon seul mérite, dit-il, consiste en ce que j ’ ai recueilli quelques doctrines philosophiques puisées à une fontaine qui ne coulait plus  [822] . Il en résulte un rationalisme très décidé qui l ’ amène à attaquer (comme l ’ avait fait Plotin) les superstitions de son temps et particulièrement la croyance aux démons qu ’ il reproche au patriarche Michel Cérularius  : Psellos entend rester un métaphysicien spéculatif et non pas dévier vers la théurgie.
    La tradition reprise par lui continue avec ses élèves Michel d ’ Éphèse, Jean Italos qui transcrivent inlassablement les commentaires néoplatoniciens d ’ Aristote ou de Platon. Eustrate, l ’ élève d ’ Italos, est un évêque de Nicée, blâmé pour enseigner la même doctrine plotinienne des hypostases qu ’ Abélard enseigna un peu plus tard à Paris. Le néoplatonisme de Proclus, si attaqué qu ’ il fût par les théologiens (nous avons par exemple une réfutation des Éléments de théologie de Proclus, au XI I e siècle, par Nicolas de Modon)  [823] , persiste au XI I e siècle avec Michel Italicos et Nicéphore Blemmydès, aux XII I e et XI V e siècles avec Georges Acropolite, Joseph, Théodore Métochita, Nicéphore Gregoras, au X V e siècle avec Demetrios Kydonis et Gémiste Pléthon, qui introduisit le platonisme à Florence, à la Cour des Médicis et qui prit souvent la défense de Platon contre les Péripatéticiens.
    Il semble avoir vu très sérieusement dans le platonisme le point d ’ appui d ’ une religion universelle  : « Je lui ai entendu dire, p.629 écrit Georges de Trébizonde, lorsque nous étions à Florence, que, dans peu d ’ années, tous les hommes, par toute la terre, embrasseraient d ’ un commun consentement et avec un même esprit, une seule et même religion... Et sur ce que je lui demandais, si ce serait la religion de Jésus-Christ ou celle de Mahomet : ni l ’ une ni l ’ autre, me répondit-il, mais une troisième qui ne sera pas différente du paganisme »  [824] . Telle est l ’ issue du mouvement inauguré

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