Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique

Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique

Titel: Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Émile Bréhier
Vom Netzwerk:
contient, unies en elle, toutes les formes  ; au plus bas degré les choses sensibles qui contiennent aussi p.625 toutes les formes, mais séparées les unes des autres et dispersées  ; entre les deux, des réalités telles que l ’ intelligence qui contient unies mais pourtant distinctes, toutes les formes. Un second principe d ’ Avicebron est qu ’ il n ’ y a pas de forme sans matière  ; mais à chaque niveau de la réalité correspond une matière qui est d ’ autant plus parfaite que le niveau est plus élevé  : car la perfection d ’ une matière consiste à recevoir les formes à l ’ état d ’ union le plus grand possible. De là l ’ ordre de la Fons Vitae , qui commence par le niveau le plus bas, celui des substances corporelles  : elle étudie successivement la matière corporelle qui soutient les qualités sensibles, la matière spirituelle qui soutient la forme substantielle du corps, la matière des substances spirituelles intermédiaires (âmes), celle des substances simples (intelligences), enfin la matière universelle qui soutient la forme universelle.
    On voit la place que tient en cette hiérarchie la connaissance intellectuelle  ; les formes sont dans l ’ intelligence toutes ensemble et unies à elle d ’ une union spirituelle essentielle, non pas de cette union accidentelle qui les joint au corps : trait essentiel au néoplatonisme qui ne surajoute pas la connaissance à la réalité, mais la considère elle-même comme un des niveaux des réalités qui s ’ étagent entre l ’ Un et le multiple.
    Moïse Maïmonide, qui naquit à Cordoue (1135) et mourut au Caire (1204), est avant tout, dans son Guide des Égarés , un rabbin qui explique la Loi et n ’ aborde les sujets philosophiques, questions des intelligences séparées, des mouvements des sphères, de la forme et de la matière, que pour mieux comprendre le Livre. La spéculation philosophique est autonome (comme le pensera saint Thomas)  ; mais elle confirme les vérités de la Loi. Cette position donne à la pensée de Maïmonide quelque ambiguïté, ou du moins une diversité d ’ aspects qui se concilient mal. S ’ agit-il par exemple de démontrer philosophiquement l ’ existence de l ’ unité de Dieu (livre II)  ? Maïmonide emprunte aux péripatéticiens une démonstration qui repose sur l ’ éternité p.626 de l ’ univers, admise par eux  : car c ’ est par la considération du mouvement sans commencement ni fin des sphères célestes qu ’ il arrive à conclure un moteur infini qui est Dieu. Pourtant il n ’ admet pas l ’ éternité du monde, sinon à titre d ’ hypothèse et pour que la démonstration soit possible. Son système du monde est au total, comme celui de tous les philosophes arabes, le système des sphères homocentriques issu d ’ Aristote  ; mais il reste, là aussi, fort sceptique sur l ’ exactitude de cette représentation, qu ’ il ne juge pas susceptible d ’ être démontrée.
    Le centre des préoccupations de Maïmonide est, semble-t-il, le rôle intellectuel et social du prophète  [818] . La prophétie est une émanation de Dieu qui se répand, par l ’ intermédiaire de l ’ intellect actif, sur la faculté rationnelle d ’ abord et ensuite sur la faculté imaginative. Répandue sur la faculté rationnelle seule, elle fait les savants spéculatifs  ; sur la raison et l ’ imagination, elle fait les prophètes proprement dits, indispensables pour réunir les hommes en une société parfaite, et pour régler les actions des individus humains, dont la diversité et par suite les conflits possibles dépassent tout ce que l ’ on voit dans les autres espèces.  »
     
    IX. — LA PHILOSOPHIE BYZANTINE
    @
    La ville de Constantin avait, au Moyen âge, toutes les ressources pour continuer la tradition philosophique grecque  ; mais, ville de juristes, d ’ hommes d ’ affaires et de théologiens, elle n ’ en avait pas le goût  ; le nombre de chaires de philosophie dans l ’ Université de Constantinople est infime à côté des chaires de sophistique et de jurisprudence  [819] . Aussi ne voit-on guère que des érudits et des commentateurs, pour qui la seule question p.627 vivante est celle du conflit entre Platon et Aristote. L ’ érudit Photius (820-897) qui, dans sa Bibliothèque , nous a conservé tant d ’ extraits ou de résumés de philosophes grecs, marque une prédilection pour Aristote. Au contraire Psellos (1018-1098) se fait le

Weitere Kostenlose Bücher