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Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique

Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique

Titel: Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Émile Bréhier
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secte  : il est ascharite avec les ascharites, soufis avec les soufis, philosophe avec le philosophes », et par sa Destruction , «  il voulut se garantir contre la haine des théologiens, qui ont toujours été les ennemis des philosophes  [816]  » . Qu ’ il soit ou non sceptique, on trouve chez lui une sorte de critique sceptique de la connaissance, qui correspond à un courant qui paraît avoir été assez général dans l ’ Islam à cette époque  : l ’ incertitude des sens qui se contredisent et sont contredits par la raison, l ’ incertitude de la raison dont les principes, de même qu ’ ils jugent les sens, peuvent p.621 être jugés par des principes qui nous restent inconnus, voilà la vieille argumentation des sceptiques grecs, que l ’ on retrouve chez d ’ autres penseurs arabes  [817] .
     
    VII. — LES ARABES EN ESPAGNE   : AVERROÈS
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    Les philosophes, dont il nous reste à parler, appartiennent à la florissante Espagne musulmane du XI I e siècle. Avempace (Ibn Badja, mort en 1118) de Saragosse, a cherché dans son Régime du Solitaire à décrire les divers degrés par lesquels un homme seul, en dehors de toute influence sociale, arrive à s ’ identifier à l ’ intellect actif, à devenir membre d ’ un État parfait, où l ’ on ne connaît ni la justice ni la médecine, lots de nos États imparfaits qui ont à lutter contre les maux  ; au-dessus des idées abstraites de la matière qu ’ ont décrites les philosophes, il lui faut aboutir à des formes intelligibles, qui sont séparées de la matières par elles-mêmes et non plus par l ’ intelligence et qui se réduisent finalement à l ’ unité.
    Abubacer (Ibn Tofaïl, 1100-1185) de Cadix, en son roman philosophique, Le Vivant Fils du vigilant , imagine ce que pourrait être le solitaire d ’ Avempace, s ’ il naissait de la terre, en une île inhabitée  ; alors on le verrait, partant des connaissances sensibles, s ’ élever aux formes abstraites des corps, puis à leurs causes générales, les cieux éternels et leurs moteurs, enfin jusqu ’ à Dieu, en se détachant tout à fait des sens.
    Averroès (Ibn Roschd, 1126-1198) de Cordoue se donne surtout pour tâche de déterminer le sens véritable d ’ Aristote contre les déformations de ses interprètes. Deux points surtout doivent être mis en lumière  : sa théorie de la production des formes substantielles, et sa théorie de l ’ intellect possible. La première est dirigée contre Avicenne  : on voit, dans la p.622 génération spontanée, la forme substantielle apparaître, dans la nature, comme une nouveauté absolue qui n ’ était point contenue dans la matière  ; mais il en serait ainsi, selon Avicenne en toute génération  ; la nature par elle-même ne produit que des combinaisons venant de l ’ action réciproque des quatre qualités premières ou actives, le froid et le chaud, le sec et l ’ humide  ; mais la forme substantielle qui, d ’ une combinaison donnée, fait tel ou tel être, viendrait d ’ un «  dator formarum  » qui est une intelligence supérieure et extérieure à la nature. Averroès reproche à Avicenne de faire ainsi de l ’ être naturel non plus un être un, mais deux êtres accolés produits par deux agents distincts  ; il est d ’ avis, pour sa part, qu ’ une nouvelle forme substantielle est introduite en une matière par une autre forme qui existe déjà dans une matière (c ’ est la génération dite univoque  : l ’ homme engendre l ’ homme), sans qu ’ on ait à recourir à un dator formarum   extérieur à la matière. Le corps qui possède une forme substantielle est capable d ’ abord, par ses qualités actives, de transformer la matière au point où elle doit l ’ être pour recevoir la forme, puis d ’ engendrer la forme en la matière ainsi transformée.
    Sa théorie de l ’ intellect est dirigée contre l ’ interprétation d ’ Alexandre d ’ Aphrodise (qu ’ il semble souvent confondre avec Aristoclès). On sait que, dans l ’ intellect en acte, l ’ intelligence est identique à l’intelligible qu ’ elle pense  : or l ’ intelligible est éternel  ; l ’ intelligence est donc éternelle comme lui  : mais si le sujet qui pense les intelligibles est éternel, on demande comment nous, qui sommes corruptibles, nous pourrons les penser  : Alexandre, faisant de l ’ intellect matériel, qui est nous-mêmes, un être engendré et corruptible, est par là

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