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Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique

Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique

Titel: Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Émile Bréhier
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volonté. «  La loi éternelle n ’ est que la raison de la sagesse divine  ; la volonté divine, étant raisonnable, est soumise à cette raison et par conséquent à la loi éternelle . Cette immutabilité du droit en raison, contre quoi protesteront plus tard les occamistes, restera pourtant à la base de toute une partie des théories modernes du droit  ; et c ’ est de saint Thomas que la reçoit au XVI I e siècle Grotius, par l ’ intermédiaire du scolastique Vasquez (mort en 1506)  [851] .
    Mais cette lumière naturelle ne donne aucun moyen de passer aux vertus supérieures, à la charité et à la béatitude des élus qui consiste en une connaissance de Dieu, impossible en cette vie, et qui, seule, est capable de satisfaire tous les désirs humains.
    p.682 On a reconnu l ’ inauthenticité du grand écrit politique De regimine principum , autrefois attribué à saint Thomas  ; écrit, au moins en sa dernière partie, par Ptolémée de Lucques, vers 1301, il représente admirablement, en matière politique, l ’ esprit thomiste tel que nous le voyons se dégager de sa philosophie : un pouvoir civil, qui recherche le bien de la cité, avec la même autonomie que la raison recherche la vérité en matière spéculative  ; mais en même temps la certitude absolue que, si ce pouvoir civil vient à s ’ opposer d ’ une manière quelconque aux buts du pouvoir spirituel qui a reçu de Dieu la mission de conduire l ’ homme au salut, il est dans l ’ erreur et doit être redressé. De là résulte le caractère tout rationnel, presque réaliste, de cette politique d ’ inspiration thomiste en matière temporelle. « Le royaume n ’ est pas fait pour le roi, mais le roi pour le royaume. » Le roi n ’ a d ’ autre raison d ’ être de son pouvoir que la recherche du bien de tous  ; et, s ’ il sacrifie le bien de ses sujets à son bien propre, ceux-ci sont dégagés de toute obligation à son égard et ont le droit de le déclarer déchu de son pouvoir, Mais, d ’ autre part, il est entendu que cet état rationnel ne peut être qu ’ un État chrétien. « Car c ’ est la loi divine qui marque le vrai bien, et son enseignement appartient au ministère de l’Église  » [852] : et c ’ est pourquoi l ’ Église a le droit d ’ excommunier et de déposer les rois. Cette sorte de théocratie tempérée qui laisse au pouvoir temporel une autonomie correspondante à celle que la théologie laisse à la philosophie rationnelle fait contraste avec le De regimine Christiano écrit vers la même époque (1301-1302) par Jacques de Viterbe, un ermite augustin qui, dans l ’ esprit augustinien, soutient une théocratie bien plus stricte contre les prétentions croissantes des royautés nationales.
     
    XIII. — L ’ AVERROISME LATIN   : SIGER DE BRABANT
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    p.683 Il n ’ est pas douteux que l ’ introduction du péripatétisme à l ’ Université de Paris eut pour effet de rompre l ’ unité de la culture médiévale telle qu ’ on l ’ avait rêvée jusqu ’ au XI I e siècle : d ’ une part l ’ étude des sept arts, destinés à donner toutes les connaissances élémentaires nécessaires au commentateur, d ’ autre part une théologie, faite avant tout des commentaires de l ’ écriture et des Pères  ; interdiction d ’ ailleurs d ’ un empiétement, puisque la Faculté des Arts devait exclure de son programme toute matière théologique. Mais où la philosophie d ’ Aristote pouvait-elle trouver place  ? A la Faculté des Arts, puisqu ’ il ne pouvait être question de faire d ’ Aristote une autorité théologique, et, de fait, vers le milieu du siècle, le programme de la faculté comprend l ’ étude de toute l ’ encyclopédie d ’ Aristote, en commençant par l ’ Organon , en continuant par l ’ É thique , la Physique et la Mét a physique, etc.  [853] . C ’ était introduire à la Faculté des Arts beaucoup de questions extérieures aux sept arts et touchant à la théologie.
    Situation périlleuse  : car à la Faculté des Arts, l ’ on avait à commenter purement et simplement la philosophie d ’ Aristote, sans s ’ occuper en aucune manière de la discorde possible de ses doctrines avec la foi. «  Nous cherchons ici, dit Siger de Brabant, en exposant contre Albert et saint Thomas son interprétation des textes d ’ Aristote sur l ’ intellect, l ’ intention des philosophes et principalement d ’ Aristote, quoique peut-être le

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