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Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique

Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique

Titel: Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Émile Bréhier
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susceptible d ’ individuation  ; identique chez tous les hommes, elle n ’ est pas quelque chose de l ’ âme.
    C ’ est autour de ce problème que se joue la destinée de l ’ aristotélisme thomiste dans sa rivalité avec le péripatétisme arabe : Albert le Grand en avait déjà vu toute l ’ importance et, à vrai dire, sous des formes techniquement différentes, il ne cessera de préoccuper l ’ homme occidental.
    Chez tous les péripatéticiens, chrétiens ou arabes, il y a un point de départ commun, c ’ est la manière dont ils se représentent l ’ opération intellectuelle  : c ’ est une opération d ’ abstraction par laquelle les formes spécifiques, comprises en puissance dans les données sensibles et dans les images plus ou moins élaborées de ces données, sont tirées de ces images ou phantasmes. Saint Thomas réduit à deux le nombre des intellects nécessaires à cette opération  : l ’ intellect agent et l ’ intellect possible  : l ’ intellect agent tire les formes spécifiques des phantasmes  ; l ’ intellect qui est comme une table rase et qui est apte à tout devenir reçoit les formes ainsi abstraites. Ces intellects p.678 ne fonctionnent donc jamais que dans leur rapport avec des opérations qui ont elles-mêmes besoin d ’ organes corporels  ; ils ne donnent point par eux-mêmes de connaissances.
    La difficulté, c ’ est, une fois ces opérations décrites, de savoir quel en est le sujet  ; ces intellects sont-ils «  séparés  » ou bien l ’ un d ’ eux seulement, l ’ intellect agent, tandis que l ’ intellect possible est une partie de l ’ âme, ou enfin les deux intellects appartiennent-ils à l ’ âme ? Le premier parti est celui d ’ Averroès, le second celui d ’ Avicenne, le troisième celui de saint Thomas  ; mais la thèse d ’ Avicenne est en elle-même illogique  ; car il y a un tel rapport et une telle proportion entre l ’ acte de l ’ intellect agent et la puissance de l ’ intellect possible, que le premier doit appartenir au même sujet que le dernier. Le véritable adversaire est donc Averroès, qui avait d ’ ailleurs tant de partisans à l ’ Université de Paris. ( Contra Gentiles , II, 76.)
    Il suffisait contre lui de démontrer qu ’ une substance intellectuelle peut être la forme d ’ un corps  ; saint Thomas ne trouve chez Aristote, nul secours pour cette démonstration  ; tout au plus  [848] peut-il donner en exemple les âmes des sphères célestes, qui meuvent leur sphère par le désir qu ’ elles ont du bien. Il a donc affirmé, bien plus qu ’ il ne l ’ a démontré, qu ’«  une substance intellectuelle peut être un principe formel d ’ être pour une matière.  » ( Contra Gentiles , II, 58.)
    Mais, cela supposé démontré, il faut encore prouver que l ’ adjonction de l ’ intelligence aux autres puissances de l ’ âme ne compromet pas à son tour l ’ unité et l ’ indivisibilité de l ’ âme : la puissance intellectuelle n ’ est-elle pas à ce point différente de la puissance nutritive et sensitive que chacune paraît former une âme à part  ? C ’ est ici qu ’ intervient le problème technique de la pluralité des formes  : les Augustiniens, en accord sur ce point avec Avicébron, soutenaient que, dans un composé matériel, la matière est informée par plusieurs formes  ; à p.679 mesure qu ’ on s ’ élève d ’ êtres moins parfaits à des êtres plus parfaits, à une forme vient s ’ ajouter une forme supérieure ; le corps est déterminé par la simple forme de la corporéité  ; dans l ’ élément s ’ ajoute la forme de l ’ élément  ; dans le mixte des éléments, la forme du mixte  ; dans la plante, l ’ âme nutritive  ; dans l ’ animal, l ’ âme sensitive et ainsi de suite, la forme supérieure ne faisant que s ’ ajouter à la forme inférieure. «  Les formes inférieures sont embrassées dans les formes supérieures, jusqu ’ à ce que toutes soient ramenées à la première forme universelle, qui unit en elle toutes les formes  » [849] . Cette thèse déjà critiquée par Avicenne, paraît inacceptable à saint Thomas : la pluralité des formes en un être, est incompatible avec son unité  ; une pluralité de formes ne peut créer une vraie substance  ; car si un composé doué d ’ une seule forme, comme un corps, est déjà une substance, une forme nouvelle ne pourra que s ’ ajouter à une substance déjà

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