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Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique

Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique

Titel: Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Émile Bréhier
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acte imparfait sans doute et qui la laisse capable de recevoir la forme qui l ’ achève et l ’ accomplit. C ’ est que, pour lui, contrairement au principe thomiste, l ’ essence n ’ est pas réellement distincte de l ’ être  ; chez saint Thomas, chaque essence attendait, on se le rappelle, de l ’ être universel son actualisation et, pure puissance, n ’ y avait aucun droit par elle-même  : pour Henri, l ’ essence a par elle-même son être et, à des essences diverses correspondent autant d ’ êtres divers  ; principe qui laisse en chaque essence quelque chose du pouvoir de Dieu. Sa théorie de l ’ individuation est également antithomiste  ; l ’ individuation est due non pas à la matière mais à la négation  ; l ’ individu est l ’ être qui, terme inférieur de la division, devient incapable de se diviser à son tour, et qui est également incapable de s ’ identifier et de communier avec les autres individus. Cette théorie des essences et des individus devait l ’ amener, semble-t-il, à placer en Dieu lui-même les objets de notre intelligence, du moins à leur niveau le plus élevé  ; aussi est-il d ’ avis « que l ’ homme ne peut atteindre, en partant des choses naturelles, les règles de la lumière éternelle que Dieu offre à qui il veut et enlève à qui il veut  » . Nulle théorie où l ’ on voit mieux l ’ opposition à l ’ esprit thomiste  : continuité dans l ’ être, mais discontinuité dans la connaissance, telle pourrait être la somme de la sagesse thomiste, qui dessine d ’ une manière précise les limites de la raison  ; continuité dans l ’ être, donc continuité dans la connaissance, telle est la somme de la sagesse augustinienne pour qui la raison se continue en illumination. De cette opposition découlent deux conceptions bien différentes de p.689 la vie spirituelle  ; pour Henri de Gand, la fin de cette vie n ’ est pas, comme chez saint Thomas, la connaissance de Dieu, mais l ’ union avec Dieu ou l ’ amour  ; la volonté qui est la faculté de désirer ou d ’ aimer a donc une fin qui est supérieure à celle de l ’ intelligence et qui seule vaut par elle-même  ; ce n ’ est donc point, comme le veut saint Thomas, l ’ intelligence qui impose à la volonté la fin qu ’ elle poursuit.
     
    XVI. — GILLES DE LESSINES
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    Pourtant le thomisme, après la condamnation de 1277, trouvait d ’ ardents défenseurs  ; au Correctorium fratris Thomae que Guillaume de la Mare écrit en 1278 répondent de nombreuses réfutations  : on publie notamment de nombreuses dissertations destinées à montrer la cohérence intime du thomisme. Le dominicain Gilles de Lessines, mort en 1304, est un de ceux qui publient un traité de Unitate formae (1278), dans lequel il expose sous tous les aspects possibles le même argument  : « Bien que les formes abstraites par l ’ entendement (par exemple la ligne dans la surface, la surface dans le corps) soient vraiment plusieurs et différentes en tant que formes, pourtant dans l ’ unique sujet dont elles sont des parties ayant chacune leur rôle, elles n ’ ont qu ’ un être unique qui provient de cette forme dont elles ont leur être physique et d ’ où découlent leurs fonctions, comme les actes seconds découlent de l ’ acte premier  » [858] .
    De plus, on voit un séculier, Godefroy de Fontaine, mort en 1308, élève d ’ Henri de Gand qui, sur quelques points du moins, prend contre son maître la défense des thèses thomistes. Il admet contre saint Thomas, que l ’ être ne diffère pas de l ’ essence. Dieu est aussi bien cause de l ’ essence d ’ une chose que de son existence  ; avant que la chose soit créée, elles sont l ’ une et p.690 l ’ autre en puissance  ; après que la chose est créée elles sont l ’ une et l ’ autre en acte  ; mais il est manifestement faux que l ’ essence soit en puissance par rapport à son existence  [859] . Godefroy est contraire aussi à la théorie thomiste de l ’ individuation, qui, selon lui, ne permettrait d ’ admettre entre les individus que des différences accidentelles «  ce qui est un inconvénient manifeste ». En revanche il défend, contre l ’ illuminisme, la théorie de la connaissance intellectuelle par abstraction, et contre le volontarisme, la thèse thomiste selon laquelle la volonté est soumise à l ’ entendement.
    Enfin il y a, au début du XI V e siècle, une diffusion du thomisme en

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