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Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique

Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique

Titel: Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Émile Bréhier
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extrémités du monde ; les autres couronnes, intermédiaires, sont mélangées d’obscurité et de lumière ; les astres en sont les parties lumineuses [101].
    Avec Parménide, nous voyons se dessiner, deux courants p.65 opposés dans la pensée grecque : d’une part le positivisme ionien, intuitif, expérimental, ignorant la mathématique physique, ennemi déclaré des mythes, des traditions religieuses et des nouveaux cultes d’initiation, pour cette raison peu populaire et peu disposé à l’être ; d’autre part le rationalisme de Parménide et de Pythagore, cherchant à construire le réel par la pensée, tendant vers la dialectique, peu sympathique à l’expérience directe, et, pour cette raison, dès qu’il s’agit des choses sensibles, ami des mythes, disposé à faire une grande place au problème de la destinée, naturellement populaire et ayant le goût de la propagande. La solidarité intime du rationalisme avec l’imagination mythique contre le positivisme semble être le trait saillant de cette période.
    De la pensée de Parménide, son disciple Zénon d’Élée qui fleurit vers le milieu du V e siècle développa d’abord l’aspect critique. Aristote fait de lui le fondateur de la dialectique [102], c’est-à-dire de l’art de prouver en partant des principes admis par son interlocuteur ; s’il n’a pas écrit lui-même de dialogues, il était sur la voie qui menait à cette nouvelle forme littéraire. Platon nous dit qu’il établissait la thèse de Parménide, l’existence de l’Un immobile, en montrant les absurdités qui résultaient de la thèse contraire [103]. Il est à remarquer que par la thèse contraire, Zénon n’entend pas du tout les doctrines cosmologiques ioniennes visées par Parménide, mais bien la thèse pythagoricienne que les choses sont nombres, c’est-à-dire faites d’unités discrètes, telles que des points. Le contraste chez Zénon est entre deux représentations qui visent l’une et l’autre à la rationalité, entre la continuité de la sphère parménidienne et la discontinuité du monde pythagoricien. Cette discontinuité est absurde ; en effet, composer le multiple d’unités sans grandeur ou de points, c’est le composer de riens ; mais donner à chaque unité une grandeur, c’est dire qu’elle n’est pas l’unité, p.66 puisqu’elle est alors composée. De plus, comment, si le point, ajouté à une grandeur, ne la rend pas plus grande, pourrait-il être le composant de cette grandeur ? Enfin, à supposer une grandeur faite de points, il y aura entre deux de ces points une grandeur qui devra être faite d’autres points, et ainsi à l’infini [104]. Ajoutons les célèbres arguments par lesquels Zénon démontre l’impossibilité du mouvement, dans l’hypothèse où une grandeur est faite de points : l’argument du coureur : il est impossible que le coureur arrive au bout du stade puisqu’il doit franchir une infinité de points. Achille et la tortue : Achille poursuivant la tortue ne la rattrape pas, puisqu’il doit d’abord atteindre la place d’où la tortue est partie, puis en repartir pour atteindre la place où elle est actuellement, et ainsi à l’infini, s’il est vrai que la distance entre lui et la tortue sera toujours composée d’une infinité de points. Argument de la flèche : à chaque moment du temps, la flèche qui vole occupe un espace égal à elle-même ; elle est donc à chaque instant en repos, si l’on suppose que le temps est composé de moments indivisibles. Argument du stade : si deux coureurs se meuvent avec une rapidité égale en sens opposé et se rencontrent en passant devant un objet immobile, ils se mouvront, l’un par rapport à l’autre, deux fois plus vite que par rapport à l’objet ; or, à supposer que les corps soient composés de points et que l’intervalle d’un point à un autre soit franchi en un instant indivisible, il s’ensuivra que pour le coureur l’instant nécessaire pour passer d’un point de l’objet immobile au point suivant sera moitié de l’instant nécessaire pour passer d’un point de l’autre coureur au point suivant [105]. En définitive, c’est donc bien la sphère continue de Parménide que Zénon défend contre les pythagoriciens.,
    Chez Mélissos de Samos, disciple de Parménide, d’une dizaine d’années plus jeune que Zénon, le conflit avec la physique ionienne p.67 revient, au contraire, au premier plan. Vu son origine

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