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Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique

Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique

Titel: Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Émile Bréhier
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à devenir, au lieu d’une physique, une pure astronomie mathématique. Dans leur système du monde, le centre est occupé par un feu autour duquel gravitent une première planète appelée l’antiterre, puis la terre qui passe au rang de planète, puis le soleil, les cinq planètes et les étoiles fixes ; de ce système, rien n’indique qu’ils aient cherché l’origine ; bien plus la place qu’ils assignent à la terre exclut complètement les idées des Ioniens qui, ayant l’esprit plus ou moins hanté par l’assimilation des phénomènes célestes aux phénomènes météorologiques, supposent invinciblement par là même la terre immobile au dessous de la voûte nuageuse. Quant à l’imagination de ces réalités astronomiques inaccessibles à l’observation, l’antiterre et le feu central qui éclaire l’hémisphère terrestre que nous n’habitons pas, l’une, le feu central, n’a aucun caractère cosmogonique, mais est destinée à donner de la lumière solaire une explication déjà rencontrée chez Empédocle, l’autre, l’antiterre, à expliquer les éclipses par l’interposition de ce corps opaque entre le feu central et la lune ou le soleil  [137] . Ce pythagorisme nouveau paraît donc être, en un sens, une véritable libération de la physique dynamique et qualitative des Ioniens, qui donnait, avec les derniers anaxagoréens et héraclitéens, des marques d’épuisement. Il dut y avoir, vers cette époque, une floraison d’hypothèses sur l’ordre et les mouvements des corps célestes, mais il ne nous en reste que des traces ; une d’entre elles est peut-être celle du pythagoricien p.77 Hicétas, qui explique le mouvement diurne par la rotation de la terre sur son axe ; nous le connaissons par un passage de Cicéron qui, bien des siècles plus tard, frappa l’attention de Copernic  [138] .
     
    X. — LEUCIPP E ET DÉMOCRITE
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    Pourtant, à la même époque, l ’ esprit ionien reprenait une vigueur singulière, mais dans une tout autre direction. Leucippe de Milet, qui reçut à Élée l ’ enseignement de Zénon, fut l ’ initiateur du mouvement que continua Démocrite d ’ Abdère, né vers 460 et qui fonda son école à Abdère vers 420. Avec celui-ci, qui est d ’ une dizaine d ’ années plus jeune que Socrate et qui mourut âgé, se développe une physique encyclopédique, qui a le goût des très vastes collections d ’ observations zoologiques et botaniques. «  Personne, disait-il de lui-même, n ’ a voyagé plus que moi, vu plus de pays et de climats, entendu plus de discours d ’ hommes instruits.  » L ’ on a conservé les titres d ’ une cinquantaine de traités sur les sujets les plus divers  : morale, cosmologie, psychologie, médecine, botanique, zoologie, mathématiques, musique, technologie, rien ne lui échappé  ; de son œuvre vaste comme celle d ’ Aristote et qui, par son ambition d ’ universalité, porte bien le cachet de l ’ époque des sophistes à laquelle elle appartient, il ne reste que quelques fragments  [139] .
    Dans son dessin général, la cosmogonie de Leucippe qu ’ on ne peut distinguer de celle que Démocrite exposait dans ses deux Diacosmoi ou Systèmes du Monde, est fidèle au schème milésie n : une masse infinie où sera puisée la matière de mondes innombrables qui se produisent successivement ou simultanément  ; pour qu ’ un monde se forme, il suffit qu ’ un fragment se détache de cette masse et qu ’ il soit animé d ’ un mouvement p.78 tourbillonnaire  ; la distinction et la disposition des parties du monde sont, comme chez Anaxagore, les effets nécessaires du mouvement tourbillonnaire  [140] . Certains détails du monde de Démocrite ont même, pour la fin du V e siècle, un caractère franchement archaïque tout comme Anaximandre, il donne à la terre la forme d ’ un tambourin ou d ’ un disque  [141] .
    Mais dans ce moule archaïque, il introduit une nouveauté considérable, c’est la doctrine des atomes ; la physique démocritéenne est la première physique corpusculaire bien nette : la masse infinie où se trouvent mélangées les semences de tous les mondes est faite d’une infinité de petits corpuscules, invisibles à cause de leur petitesse, indivisibles (atomes), complètement pleins, éternels, gardant chacun la même forme, mais présentant une infinité de formes différentes, à qui il donne le nom d’idées, celui même que Platon donnera plus tard à des essences

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