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Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique

Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique

Titel: Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Émile Bréhier
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MÉDECINS DU Ve SIÈCLE
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    Après Anaxagore, aucours du V e siècle, l’esprit ionien gagne du terrain, mais sans avoir de représentants remarquables ; p.74 les physiciens sont raillés par les comiques, Hippon par Cratinos [132], Diogène d’Apollonie par Aristophane ; et Platon dans le Cratyle (409 b) parle des anaxagoriens. On voit revivre toutes les vieilles thèses milésiennes ; Hippon prend pour principe l’eau ; Diogène d’Apollonie l’air ; Archélaos d’Athènes admettait avec Anaxagore le Nous et le mélange primordial. Mais ces auteurs s’intéressent en général moins à la cosmologie qu’à la physiologie et à la médecine [133].
    Nous possédons, sous le nom d’Hippocrate, né à Cos en 450, une série de quarante et un traités médicaux qui nous montrent l’immense importance qu’a eue la médecine dans la vie intellectuelle des Grecs vers la fin du V e siècle. Tous les auteurs sont détachés des vieilles superstitions, et l’on connaît le magnifique début du traité de l’ Épilepsie. « Jepense que l’épilepsie, appelée aussi maladie sacrée, n’a rien de plus divin et n’est pas plus sacrée que les autres ; les hommes lui donnèrent d’abord une origine et des causes divines par ignorance. » Pourtant il naît entre eux un important conflit de méthode, concernant les rapports de la médecine avec la cosmologie philosophique. Les uns, comme l’auteur du traité Sur l’ancienne médecine craignent avant tout pour leur art le dogmatisme et l’incertitude de la physique. ; il ne convient pas d’avoir recours à de vaines hypothèses, comme celle du froid et du chaud, du sec et de l’humide comme causes de la maladie et de la santé ; de pareilles suppositions sont bonnes quand on veut traiter des mouvements célestes, dont on ne peut rien dire d’assuré ; la véritable médecine est autonome, et elle a découvert par l’observation, sans le secours de ces hypothèses, une infinité de choses dont elle est sûre. A cette méthode empirique s’opposent les médecins physiologistes dont Platon a si parfaitement défini le point de vue dans un passage de Phèdre (270c). Il n’est pas possible, pense p.75 Platon, de comprendre la nature de l’âme sans celle de l’univers, et, s’il faut en croire Hippocrate, l’on ne peut même pas, sans cette méthode, parler du corps ; il faut examiner à propos de chaque être s’il est simple ou composé, et, au cas où il est composé, faire le dénombrement de ses parties et examiner à propos de chacune d’elles les actions et passions qui lui appartiennent.
     
    IX. — LES PYTHAGORICIENS DU Ve SIÈCLE
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    Les pythagoriciens de la même époque se partagent aussi : les acousmatiques forment un ordre purement religieux où la pratique et la croyance restent le principal, tandis que les mathématiciens  [134] cherchent seulement le développement scientifique des mathématiques, de l’astronomie, de la musique, c’est-à-dire des sciences qui vont être considérées par Platon comme le point de départ de la philosophie ; ils forment le groupe très mal connu dont le chef paraît avoir été Philolaüs, et qui comprend Cébès et Simmias, que Platon nous représente dans le Phédon conversant avec Socrate, Archytas de Tarente, chef politique de son pays, qui fut l’ami de Platon et le roi philosophe selon son goût, Timée de Locres, par qui Platon fait exposer sa propre physique : de ce milieu intellectuel où s’esquissent les dogmes du platonisme, il est bien impossible de faire une histoire précise. Nous n’avons pour tout document certain, à part les fragments de Philolaüs dont l’authenticité est contestée  [135] , que les textes où Aristote expose les doctrines des pythagoriciens, sans préciser davantage. Un trait doit en être retenu, c’est leur émancipation à peu près complète de la cosmogonie ionienne ; dire en effet, comme ils le font, que les choses sont faites de nombres, cela ne peut avoir le même sens que de p.76 dire qu’elles sont faites de feu ou d’air. De quelque manière qu’on imagine ces nombres, comme des rangées de points ou comme des grandeurs  [136] , ils ne sont point comme le feu ou l’air, des substances capables de se transformer en d’autres, ils supposent un ordre fixe et permanent. D’où le caractère de leur cosmologie qui ne comporte point de cosmogonie à la manière ionienne, mais, se contentant de décrire un ordre, un cosmos, tend

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