Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique

Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique

Titel: Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Émile Bréhier
Vom Netzwerk:
voir naître les cadres d ’ abord de la logique, puis de toute la philosophie d ’ Aristote. Son premier souci concerne le vocabulaire  : la confusion dans la discussion vient de ce que l ’ on désigne des choses différentes par un même nom (homonymes) ou une même chose par des noms différents synonymes)  ; le préliminaire indispensable est d ’ énumérer les divers sens donnés aux mots employés dans la discussion  ; presque tout son traité des Catégories, et le livre Δ de la Métaphysique sont consacrés à ces recherches de vocabulaire  ; il s ’ agit moins de distinguer les choses mêmes que les divers emplois d ’ un même mot.
    Même remarque sur la théorie de la proposition qui est à la base de la logique aristotélicienne. En affirmant que toute proposition se compose d ’ un sujet et d ’ un attribut, Aristote a soutenu une thèse d ’ une immense portée non seulement logique, mais métaphysique. Or, cette thèse, il l ’ emprunte non pas à l ’ analyse du langage comme on l ’ a dit quelquefois (et de fait, il connaît des formes verbales, telles que celles du vœu, de la prière, qu ’ il renvoie à la rhétorique), mais bien à l ’ analyse des problèmes dialectiques. En effet, tout problème dialectique consiste à demander si un attribut appartient ou non à un sujet  ; c ’ est en contestant qu ’ il fût possible d ’ affirmer un attribut d ’ un sujet que les antilogiques rendaient la dialectique impossible  ; ce sont, inversement, les besoins de la dialectique qui ont amené Aristote à sa théorie et c ’ est pourquoi il énonce habituellement p.174 les propositions non sous la forme devenue classique : A est B, mais sous celle-ci  : B appartient à A. Une proposition est une protasis , c ’ est-à-dire une affirmation qu ’ on présente à l ’ approbation d ’ un interlocuteur. Il en est de même du classement des propositions  ; la division classique en propositions universelles (affirmatives ou négatives) et particulières (affirmatives ou négatives) se présente d ’ abord comme division des problèmes ; tout problème consiste en effet à se demander si un attribut appartient (ou n ’ appartient pas) au tout (où à une partie) d ’ un sujet, ce qui donne la formule des quatre propositions  [233] .
    De plus, il importe, pour saisir la portée d ’ un problème dialectique, de connaître le genre de l ’a ttribut que l ’ on demande. L ’ attribut dit-il ce qu ’ est le sujet, ou énonce-t-il seulement une propriété du sujet  ? Énonce-t-il une propriété qui lui appartient nécessairement ou seulement accidentellement  ? Autant de cas à distinguer pour rendre la discussion possible  ; car bien des erreurs viennent de ce que l ’ on se croit en droit de renverser les propositions, c ’ est-à-dire d ’ admettre, parce que A appartient à tout B, que B appartient à tout A. Or, ce renversement n ’ est admissible que si A est un propre de B, c ’ est-à-dire lui appartient nécessairement et exclusivement. De préoccupations de ce genre, on voit naître la fameuse distinction des attributs en cinq classes  : genre, espèce, différence, propre et accident  [234] . Les trois premiers se rattachent évidemment à la pratique platonicienne de la division  ; la division était destinée à montrer ce qu ’ est un sujet (ou sa quiddité) en déterminant d ’ abord l a classe la plus générale dont il faisait partie, puis en divisant cette classe en plusieurs  ; la classe la plus ample (animal) devient chez Aristote le genre  ; ce   qui permet d ’ y séparer des classes subordonnées, ce sont des différences (raisonnable)  ; la synthèse du genre et de la différence, c ’ est l ’ espèce (homme)  ; et chacun de ces trois attributs, chez Aristote comme dans la p.175 division platonicienne, répond à la question qu ’ est-ce que  ? le genre et la différence indiquant, pris chacun à part, une partie de l ’ essence de l ’ espèce, et pris ensemble, cette essence entière, dont la formule est la définition. Le propre et l ’ accident, au contraire, sont des attributs qui ne font pas partie de l ’ essence du sujet, c ’ est-à-dire ne répondent pas à la question qu ’ est-ce que  ? Mais le propre est une dépendance nécessaire de l ’ essence du sujet à qui il appartient exclusivement comme l ’ égalité des angles à deux droits appartient au seul triangle parmi les polygones  ; l ’

Weitere Kostenlose Bücher