Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique

Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique

Titel: Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Émile Bréhier
Vom Netzwerk:
problème consiste à demander un oui ou un non), il faut au moins que le non ait un sens par rapport au oui, l ’ erreur par rapport à la vérité, l ’ autre par rapport au même  : c ’ est la question de Platon dans le Sophiste . Aristote ayant en vue surtout la pratique de la discussion, cherche à déterminer quelles sont les thèses qui se commandent et celles qui s ’ excluent l ’ une l ’ autre. Quand une proposition affirme de tout le sujet ce que l ’ autre nie de tout le sujet (Tout homme est juste, aucun homme n ’ est juste), elles sont dites contraires et ne peuvent être vraies en même temps  : sont contradictoires deux propositions dont l ’ une affirme ce que l ’ autre nie (Tout homme est blanc  ; il n ’ est pas vrai que tout homme est blanc ou  : quelque homme n ’ est pas blanc)  ; de deux contradictoires, il est nécessaire que l ’ une soit vraie et l ’ autre fausse  [240] . Il fallait aussi déterminer quels sont les couples d ’ attributs dont l ’ un commande ou exclut l ’ autre  ; il y a quatre oppositions de termes  ; les relatifs (double et moitié), les contraires (bien et mal), la possession et la privation (clairvoyant et aveugle), la p.178 contradiction (malade et non malade)  [241] . De ces oppositions, le sens de la première et de la quatrième est facile à saisir  ; car deux relatifs s ’ impliquent l ’ un l ’ autre, et deux contradictoires s ’ excluent, l ’ un des deux devant nécessairement appartenir au sujet. En revanche l ’ emploi des deux autres groupes d ’ opposés demande mille précautions  ; d ’ abord il faut déterminer dans quel genre on prend les contraires. (blanc et noir, dans le genre couleur  ; pair et impair dans le nombre) et rapporter la discussion exclusivement à ce genre  ; puis, il faut distinguer deux cas, celui où les contraires n ’ ayant pas de milieu, la position de l ’ un entraîne l ’ exclusion de l ’ autre (pair, impair), et le cas inverse (blanc et noir  ; le non blanc n ’ étant pas forcément le noir)  ; dans ce dernier cas, la détermination des contraires sera difficile  ; si le contraire du blanc est le noir et non pas une autre couleur, c ’ est que dans le genre couleur, le noir est ce qu ’ il y a de plus éloigné du blanc  : les termes les plus éloignés possible, telle est la définition très peu précise des contraires à laquelle aboutit Aristote. Pour la possession et la privation, il est entendu qu ’ ils n ’ ont de sens que si on les rapporte à un sujet qui possède par nature ce dont il peut être privé  ; c ’ est l ’ homme qui est aveugle et non la pierre  ; sinon serait vrai le sophisme qui affirme que l ’ homme a des cornes parce que l ’ on ne peut dire quand il les a perdues.
     
    II. — L ’ ORGANON ( suite )   : LES ANALYTIQUES
    @
    De ces cadres logiques, si visiblement faits pour la discussion, Aristote a tiré toute sa théorie du syllogisme. Il est venu à s ’ apercevoir que la nécessité avec laquelle on tirait les conséquences des thèses posées d ’ abord était tout à fait indépendante du fait que l ’ on discute  ; le professeur qui expose, le p.179 dialecticien qui discute, l ’ orateur qui persuade emploient, quelle que soit la différence de leurs points de départ, un raisonnement aussi rigoureux  : c ’ est le syllogisme, c ’ est-à-dire le procédé qui fait voir à la pensée l ’ union d ’ un attribut à un sujet, quand cette union n ’ est pas connue immédiatement. Il est donc loisible d ’ étudier en lui-même ce raisonnement «  dans lequel, certaines choses étant posées, une autre en résulte nécessairement par le seul fait que celles-là sont posées  [242] » . Cette étude est l ’ objet des Premiers Analytiques, et elle comprend trois parties  : la genèse des syllogismes (chap. 1 à 26), les moyens d ’ inventer les syllogismes (27-30), la réduction de tous les raisonnements valables au syllogisme  [243] .
    C ’ est la division platonicienne qui a pu donner à Aristote l ’ idée du syllogisme  ; car la division est bien une manière de syllogisme  ; elle «  réunit  » en effet un attribut (soit mortel) à un sujet (soit homme), une fois admis que ce sujet fait partie d ’ un genre (soit animal), et que ce genre se divise en deux espèces, mortel et immortel, dans la première desquelles rentre l ’ homme : il y a donc bien là trois termes, logiquement hiérarchisés,

Weitere Kostenlose Bücher