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Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique

Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique

Titel: Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Émile Bréhier
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deux droits qu ’ il est égal à un droit. C ’ est parce qu ’ on ne peut attaquer un adversaire sans qu ’ il vous attaque à son tour que les Athéniens qui ont attaqué les Mèdes les premiers ont été attaqués à leur tour. C ’ est parce que la promenade entraîne une digestion facile, et parce que l ’ homme en bonne santé a la digestion facile, que cet homme se promène. Le moyen fait donc toujours ressortir l ’ essence ou un aspect de l ’ essence du grand terme  ; la mineure peut être une simple proposition de p.184 fait qui affirme cette essence du petit terme  ; la conclusion sera nécessaire  [251] .
    Il est certain que, dans la démonstration, l ’ effet est lié analytiquement à la cause, puisque l ’ effet (éclipse de lune) est la même chose que la cause (interposition d ’ un corps opaque). Pourtant l ’ expression liaison analytique est insuffisante pour caractériser la démonstration  ; car la même liaison a lieu dans tout syllogisme, démonstratif ou non. Dès que l ’ on pense en effet la liaison propre à la démonstration, on s ’ aperçoit qu ’ il y a entre le moyen et l ’ effet un lien de dérivation, de principe à conséquence qui implique la priorité réelle et effective du moyen  ; le syllogisme de la cause ou raison va plus loin qu ’ un simple jeu de concepts  ; il atteint la réalité même.
    Mais c ’ est précisément à ce point et pour cette raison que la théorie de la science commence ici à déborder l ’ Organon  ; en effet, il n ’ est pas possible de démontrer une définition, de faire d ’ une définition la conclusion d ’ un syllogisme  ; l ’ Organon   est ici incompétent  ; tout au plus, peut-il montrer cette impossibilité : toute démonstration fait voir qu ’ une chose est vraie d ’ une autre  ; mais la définition énonce l ’ essence et n ’ affirme pas une chose d ’ une autre  [252] ; d ’ ailleurs pour faire cette démonstration, il faudrait que la cause de l ’ essence fût différente de l ’ essence elle-même, ce qui n ’ est pas, puisqu ’ une chose est par elle-même et immédiatement ce qu ’ elle est  [253] . En revanche, les Analytiques ne peuvent, pas plus que les Topiques , donner de méthode positive pour atteindre les définitions. La place de cette méthode est pourtant indiquée  : c ’ est un principe sans exception que nous ne pouvons rien apprendre qu ’ en partant de quelque connaissance préalable  ; pour être première et immédiate, la définition n ’ est donc pas sans origine. Cette origine est la perception sensible d ’ où elle se tire par induction  [254] . L ’ induction est ce p.185 raisonnement dont parle Aristote dans les Topiques et qui consiste, pour attribuer une propriété à un genre, à faire voir qu ’ elle appartient aux espèces comprises sous ce genre  ; ainsi les « anciens » montraient que l ’ absence de fiel est, chez un animal, un symptôme de longévité en donnant l ’ exemple des solipèdes, des cerfs, auxquels des observations plus récentes pouvaient ajouter le dauphin et le chameau. Pourtant l ’ induction (qui, on le voit, porte non sur les individus mais sur les espèces) ne peut, même si elle est complète, nous faire voir la nécessité de la liaison entre la longévité et l ’ absence de fiel. Cette liaison ne sera saisie intellectuellement que par l ’ analyse physiologique qui montre le rôle du foie dans le maintien de la vie et fait voir dans le fiel une sécrétion, de la nature des excréments, qui atteint le foie et par conséquent la vie. L ’ induction ne saurait donc que préparer la connaissance des essences  [255] .
    Cette conception de la science démonstrative ne fait qu ’ appliquer à l ’ enseignement un procédé fait d ’ abord pour la discussion. En effet la science est avant tout l ’ art du professeur qui enseigne, c ’ est-à-dire qui, excluant toutes les prémisses qui ne sont pas certaines, peut dès lors procéder dogmatiquement comme le géomètre, et non pas par interrogation comme le dialecticien. Mais la certitude de ces propositions ne saurait être elle-même objet ou matière de science  ; car elles devraient être alors des conclusions de syllogismes, et ainsi à l ’ infini, ce qui rendrait la démonstration impossible. Il faut donc, pour que la science soit possible, des prémisses qui sont elles-mêmes indémontrables et qui ne sont pas objets de science. Comment découvrir

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