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Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique

Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique

Titel: Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Émile Bréhier
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en question c’est la place et le rôle de la philosophie. Extérieurement déjà la plupart des socratiques conservent un des traits que Platon reprochait le plus durement aux sophistes ; leur enseignement est payant ; rien de semblable, dans ces écoles socratiques, simples réunions d’auditeurs autour d’un naître qu’ils payaient, à l’Académie ou au lycée, associations religieuses juridiquement reconnues, capables de posséder et survivant à leur fondateur. Même contraste dans l’inspiration de l’enseignement : autant Platon exigeait du philosophe une préparation scientifique sérieuse, autant un Antisthènes ou un Aristippe détournaient leurs disciples de l’astronomie ou de la musique, considérées comme des sciences tout à fait inutiles ; à quoi bon, dit Aristippe, les mathématiques, puisqu’elles ne parlent ni des biens ni des maux [372] ? En même temps que la mathématique, on rejetait toute la dialectique, c’est-à-dire l’emploi de la discussion dans l’établissement de la vérité.
    Il ne s’agit donc plus d’enseigner, de discuter, de démontrer ; on suggère, on persuade au moyen de la rhétorique, on fait appel à l’impression directe et personnelle. On ne peut prendre p.263 avec plus de netteté le contre-pied de la méthode de Platon. Aussi a-t-on une tendance à voir de la convention et de l’artifice dans tout ce qui est œuvre de pensée, œuvre élaboré par la réflexion : telles sont notamment les lois, et, avec les lois, les cités dont elles sont la structure. D’où l’indifférence complète pour la politique, qui contraste si fort avec les goûts de Platon.
     
    II. — L’ÉCOLE MÉGARIQUE
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    Le chef de l’école de Mégare, Euclide, était pourtant lié avec Platon, puisqu’il reçut à Mégare Platon et les autres disciples de Socrate au moment où ils quittèrent Athènes après la mort du maître ; et Platon, en présentant son Théétète comme un entretien de Socrate, recueilli par Euclide, a voulu sans doute témoigner des liens d’amitié qui durèrent encore longtemps après l’événement tragique [373]. Il n’en est pas moins vrai que sa doctrine, autant qu’on peut la deviner à travers quelques lignes de Diogène Laërce, est aux antipodes de celle de Platon. Pour celui-ci, rappelons-le, toute pensée, toute vie intellectuelle était impossible, à moins qu’on n’admît un système d’idées à la fois unies entre elles et pourtant distinctes. Or, lorsque Euclide dit que « le Bien est une seule chose, quoiqu’il soit appelé de différents noms : science, dieu, intelligence ou autres noms encore », lorsqu’il supprime les opposés du Bien, en affirmant qu’ils n’existent pas, il semble que son intention est de résister à toute tentative pour unir les concepts autrement qu’en les déclarant identiques, ou pour les distinguer autrement qu’en les excluant l’un de l’autre. La science (φρόνησις), le dieu, l’intelligence, ce sont précisément les termes que, dans le Timée par exemple, Platon cherche à distinguer entre eux et à distinguer du Bien suprême, tout en p.264 les unissant et en les hiérarchisant. Euclide, en les identifiant et en niant leur opposé, rend impossible toute spéculation dialectique du genre de celles du Timée ou du Philèbe  ; la diversité n’est que dans les noms et n’est plus dans les choses. On sait aussi combien le raisonnement par comparaison est familier et indispensable à Platon ; Euclide en nie la possibilité et ne veut pas connaître un semblable qui ne soit ni identique ni différent ; ou les termes de comparaison sont semblables aux choses, et alors il vaut mieux se servir des choses ; où ils sont différents, et la conclusion ne vaut pas [374].
    Les fameux sophismes que Diogène Laërce attribue au successeur d’Euclide, à Eubulide de Milet [375], paraissent viser plus spécialement la logique d’Aristote, et aussi sous la forme où les présente Cicéron dans les Académiques, la logique stoïcienne. Le principe de contradiction énonce qu’on ne peut dire à la fois oui et non sur une même question ; les sophismes nous montrent des cas où, en vertu de ce principe, on est forcé de dire à la fois oui et non, où, par conséquent, la pensée se nie elle-même. Tel est le sophisme du menteur : « Si tu dis que tu mens et si tu dis vrai, tu mens », où l’on convient à la fois qu’on ment et qu’on ne ment pas ; au nom de la

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