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Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique

Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique

Titel: Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Émile Bréhier
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employant la vraisemblance pour p.269 décider des questions. Nous avons ici l’endroit dont la polémique n’était que l’envers. Nous allons trouve un rythme analogue dans les autres écoles socratiques.
     
    III. — LES CYNIQUES
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    Un trait commun dans la pensée au IV e siècle, trait qui remonte aux sophistes, c’est la confiance presque sans bornes dans l’éducation (παιδεία) pour former et transformer l’homme selon des méthodes rationnelles.
    Ce trait se retrouve par exemple chez un Xénophon, dont un des principaux ouvrages, la Cyropédie , est destiné à montrer, par l’exemple de Cyrus, qu’il existe un art de gouverner les hommes et que la connaissance de cet art doit achever l’ère des révolutions et mettre fin à la crise de l’autorité qui tourmente la Grèce. Xénophon, dans les Mémorables, comme Isocrate dans le Discours à Nicoclès, fontressortir les qualités et les vertus que doit posséder un roi pour commander [384]. « Il ne convient pas tant à un athlète d’exercer son corps qu’à un roi d’exercer son âme. » De cette éducation du chef, on attend l’amélioration de tous. « Éduquer des particuliers, c’est servir à eux seulement ; engager les puissants à la vertu, c’est être utile à la fois à ceux qui possèdent la puissance et à leur sujets. » Enfin la conception du roi philosophe chez Platon répond à la même tendance.
    Nulle part, ce trait n’est plus marqué que chez les cyniques, qui se présentent avant tout comme des conducteurs d’hommes. Un cynique du III e siècle, Ménippe, raconte, dans sa Vente de Diogène, que Diogène, en vente dans le marché aux esclaves, répondait aux acheteurs qui lui demandaient ce qu’il savait faire : « Commander aux hommes [385]. »
    p.270 Nulle part, il n’est question de cyniques qui se soient bornés à une réforme intérieure d’eux-mêmes ; s’ils se réforment, c’est pour diriger les autres et s’offrir en modèles ; ils sont là pour observer et surveiller non pas eux-mêmes, mais les autres, et, au besoin, reprocher aux rois eux-mêmes leurs désirs insatiables.
    « La vertu peut s’apprendre », tel est le premier article de la doxographie d’Antisthènes [386]. Mais cette éducation n’est pas purement intellectuelle. Antisthènes est, avec les mégariques, un adversaire déterminé de la formation de l’esprit par la dialectique et par les sciences. Aussi Platon et Aristote ne parlentils pas de lui sans lui prodiguer des épithètes dédaigneuses. Vieillard à l’esprit lent, dit Platon qui a à peu près vingt-cinq ans de moins que lui ; sot et grossier personnage, ajoute Aristote. Contre eux, il employait des arguments analogues à ceux des mégariques : Platon veut discuter, réfuter les erreurs et définir ; or ni la discussion, ni l’erreur, ni la définition ne sont possibles, et cela pour la même raison, parce que d’une chose il n’est possible d’énoncer et de penser qu’elle-même. Dès lors la discussion n’est pas possible : car ou bien les interlocuteurs pensent la même chose, et alors ils s’accordent ; ou bien ils pensent des choses différentes, et la discussion n’a pas de sens. L’erreur est impossible, car on ne peut penser que ce qui est, et l’erreur consisterait à penser ce qui n’est pas. Enfin la définition est impossible, car ou bien il s’agit d’une essence composée, et alors on peut bien énumérer les éléments primitifs qui la composent, mais il faut s’arrêter à ces termes indéfinissables ; ou bien l’essence est simple, et l’on peut dire seulement à quoi elle ressemble [387].
    Antisthènes n’avait pas moins de mépris pour les mathématiques et l’astronomie, le mépris que Xénophon fait exprimer par le Socrate des Mémorables.
    p.271 S’ensuit-il que ce premier des cyniques rejetait toute éducation intellectuelle, et faut-il prendre au sérieux cette boutade que, « si l’on était sage, il ne faudrait pas apprendre à lire, pour ne pas être corrompu par autrui [388] » ? En réalité l’enseignement qu’il donnait au Cynosargès n’était pas très différent de celui des sophistes. Isocrate, qui l’attaque souvent sans le nommer, par exemple au début de l’ Éloge d’Hélène et du Discours contre les Sophistes, décrit cet enseignement avec assez de précision : il était payé quatre ou cinq mines par le disciple ; tout en apprenant un art éristique plein de

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