Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen

Histoire de la Révolution française depuis 1789 jusqu'en 1814

Titel: Histoire de la Révolution française depuis 1789 jusqu'en 1814 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: François-Auguste-Marie-Alexis Mignet
Vom Netzwerk:
modération   ; mais alors tous ceux qui exerçaient le gouvernement révolutionnaire, ou qui le croyaient indispensable, s’émurent. Billaud-Varennes et Saint-Just soutinrent ouvertement la politique des comités. En parlant du dernier, Desmoulins avait dit   : Il s’estime tant qu’il porte sa tête avec respect sur ses épaules comme un saint-sacrement. – Et moi, répondit Saint-Just, je lui ferai porter la sienne comme un Saint-Denis. Collot-d’Herbois, qui était en mission, arriva sur ces entrefaites   ; il protégeait la faction des anarchistes qui avaient été un moment intimidés, et auxquels sa présence redonna de l’audace. Les jacobins rayèrent Camille Desmoulins de leur société, et Barrère l’attaqua à la convention au nom du gouvernement. Robespierre lui-même n’était pas épargné, on l’accusait de modérantisme, et déjà dans les groupes on murmurait contre lui.
    Cependant, comme son crédit était immense, comme on ne pouvait ni s’attaquer ni se vaincre sans lui, on le recherchait des deux côtés. Profitant de cette position supérieure, il se tenait entre les partis sans en adopter aucun, et il cherchait à abattre leurs chefs les uns par les autres. Dans cette circonstance, il voulait sacrifier la commune et les anarchistes   ; les comités voulaient sacrifier la montagne et les modérés. On s’entendit   : Robespierre livra Danton, Desmoulins et leurs amis aux membres du comité, et les membres du comité lui livrèrent Hébert, Clootz, Chaumette, Ronsin et leurs complices. En favorisant d’abord les modérés, il avait préparé la ruine des anarchistes, et il atteignait deux buts avantageux à sa domination ou à son orgueil   ; il ruinait une faction redoutable, et il se débarrassait d’une réputation révolutionnaire rivale de la sienne.
    Des motifs de salut public se joignaient, il faut le dire, à ces combinaisons de parti   ; Dans cette époque de déchaînement général contre la république, et de victoires non encore définitives de sa part, les comités ne croyaient pas le moment de la paix venu avec l’Europe et avec les dissidents intérieurs, et il leur paraissait impossible de continuer la guerre sans dictature   ; ils considéraient d’ailleurs les hébertistes comme une faction obscène, qui corrompait le peuple et servait l’étranger par l’anarchie, et les dantonistes comme un parti dont la modération politique et dont l’immoralité privée compromettait et, déshonorait la république. Le gouvernement proposa donc à l’assemblée, par l’organe de Barrère, la continuation de la guerre et un surcroît d’activité dans sa poursuite   ; tandis que Robespierre vint quelques jours après demander le maintien du gouvernement révolutionnaire. Déjà il s’était prononcé aux Jacobins contre le Vieux cordelier, qu’il avait soutenu jusque-là. Voici comment il repoussa le gouvernement légal   :
    « Au-dehors, dit-il, tous les tyrans vous cernent   ; au-dedans, tous les amis de la tyrannie conspirent   : ils conspireront jusqu’à ce que l’espérance ait été ravie au crime. Il faut étouffer les ennemis intérieurs et extérieurs de la république, ou périr avec elle. Or, dans cette situation, la première maxime de votre politique doit être que l’on conduit le peuple par la raison, et les ennemis du peuple par la terreur. Si le ressort du gouvernement populaire, dans la paix, est la vertu, le ressort du gouvernement populaire, en révolution, est à-la fois la vertu et la terreur   ; là vertu sans laquelle la terreur est funeste, la terreur sans laquelle la vertu est impuissante. Domptez donc par la terreur les ennemis de la liberté, et vous aurez raison, comme fondateurs de la république. Le gouvernement de la révolution est le despotisme de la liberté contre la tyrannie.»
    Dans ce discours, il dénonça les deux factions des modérés et des ultra-révolutionnaires, comme voulant, l’une et l’autre, perdre la république   ; « Elles marchent, dit-il, sous des bannières différentes et par des routes diverses   ; mais elles marchent au même but   : ce but est la désorganisation du gouvernement populaire, la ruine de la convention et le triomphe de la tyrannie. L’une de ces deux factions nous pousse à la faiblesse   ; l’autre, aux excès. » Il prépara les esprits à leur proscription, et son discours, approuvé sans discussion, fut envoyé à toutes les sociétés populaires, à toutes

Weitere Kostenlose Bücher