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Histoire de la Révolution française depuis 1789 jusqu'en 1814

Titel: Histoire de la Révolution française depuis 1789 jusqu'en 1814 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: François-Auguste-Marie-Alexis Mignet
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représentants à la merci des décemvirs, proposèrent à la convention de pourvoir à la sûreté de ses membres. Bourdon de l’Oise le premier prit la parole dans ce but   ; il fut soutenu. Merlin, par un considérant adroit, rétablit l’ancienne sauvegarde des conventionnels, et l’assemblée adopta le considérant de Merlin. Peu à peu des objections furent faites au décret, le courage des Montagnards augmenta, la discussion devint très-vive. Couthon attaqua les Montagnards. « Qu’ils sachent, lui répondit Bourdon de l’Oise, qu’ils sachent, les membres du comité, que, s’ils sont patriotes, nous le sommes comme eux   ! Qu’ils sachent que je ne répondrai pas avec aigreur aux reproches qu’ils m’ont adressés   ! J’estime Couthon, j’estime le comité   ; mais j’estime aussi l’inébranlable Montagne, qui a sauvé la liberté   ! » Robespierre, surpris de cette résistance inaccoutumée, s’élança alors à la tribune   : « La convention, dit-il, la Montagne, le comité, c’est la même chose   ! Tout représentant du peuple qui aime sincèrement la liberté, tout représentant du peuple qui est déterminé à mourir pour la patrie, est de la Montagne   ! Ce serait outrager la patrie, ce serait assassiner le peuple que de souffrir que quelques intrigants, plus méprisables que les autres, parce qu’ils sont plus hypocrites, s’efforçassent d’entraîner une portion de cette Montagne, et de s’y faire les chefs d’un parti   ! – Jamais, dit Bourdon, il n’est entré dans mon intention de me faire chef de parti. – Ce serait, continua Robespierre, l’excès de l’opprobre que quelques-uns de nos collègues, égarés par la calomnie sur nos intentions et sur le but de nos travaux… – Je demande qu’on prouve ce qu’on avance, reprit Bourdon   ; on vient de dire assez clairement que je suis un scélérat. – Je n’ai pas nommé Bourdon. Malheur à qui se nomme lui-même   !… Oui, la Montagne est pure   ; elle est sublime, et les intrigants ne sont pas de la Montagne   ! – Nommez-les. – Je les nommerai quand il le faudra. » Les menaces, le ton impérieux de Robespierre, l’appui des autres décemvirs, la crainte qui gagnait de proche en proche, firent tout rentrer dans le silence. Le considérant de Merlin fut révoqué comme injurieux au comité de salut public, et la loi passa en entier. Ce fut depuis lors que les fournées eurent lieu, et qu’on envoya, chaque jour, jusqu’à cinquante condamnés à la mort. Cette terreur, dans la terreur, dura environ deux mois.
    Mais la fin de ce régime approchait. Les séances de prairial furent pour les membres des comités le dernier terme de l’union. Depuis quelque temps, de sourdes dissensions existaient entre eux. Ils avaient marché d’accord tant qu’ils avaient eu à combattre ensemble, mais il n’en fut plus ainsi, au moment où ils se trouvèrent seuls dans l’arène avec l’habitude de la lutte et le besoin de la domination. D’ailleurs, leurs opinions n’étaient pas entièrement les mêmes   : le parti démocratique s’était divisé par la chute de l’ancienne commune   ; Billaud-Varennes, Collot d’Herbois, et les principaux membres du comité de sûreté-générale, Vadier, Amar, Vouland, tenaient à cette faction renversée, et préféraient le culte de la Raison à celui de l’Être suprême. Ils se montraient aussi jaloux de la renommée et inquiets de la puissance de Robespierre, qui, à son tour, était irrité de leur secrète désapprobation, et des obstacles qu’ils opposaient à sa volonté. Ce dernier conçut à cette époque le dessein d’abattre les membres les plus entreprenants de la Montagne, Talien, Bourdon, Legendre, Fréron, Rovère, etc., et ses rivaux du comité.
    Robespierre disposait d’une force prodigieuse   ; le bas peuple, qui voyait la révolution dans sa personne, le soutenait comme le représentant de ses doctrines et de ses intérêts   ; la force armée de Paris, commandée par Henriot, était à ses ordres. Il régnait aux Jacobins qu’il composait et qu’il épurait à son gré   ; toutes les places importantes étaient occupées par ses créatures   ; il avait formé lui-même le tribunal révolutionnaire et la nouvelle commune, en remplaçant le procureur-général Chaumette par l’agent national Payan, le maire Pache par le maire Fleuriot. Mais quel était son but en accordant les fonctions les plus influentes à des hommes

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