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Histoire de la Révolution française depuis 1789 jusqu'en 1814

Titel: Histoire de la Révolution française depuis 1789 jusqu'en 1814 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: François-Auguste-Marie-Alexis Mignet
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même, un triumvirat qui voulut bientôt attirer à lui toute la puissance. Cette ambition aliéna d’eux les autres membres du comité, et finit par les perdre. En attendant, le triumvirat gouverna souverainement la convention et le comité même. Lorsqu’il fallait intimider l’assemblée, Saint-Just était chargé du rapport   ; lorsqu’on voulait la surprendre, on employait Couthon. S’il y avait quelque murmure ou quelque hésitation, Robespierre se montrait, et d’une parole il faisait tout rentrer dans le silence et dans la terreur.
    Pendant les deux premiers mois après la chute de la commune et du parti Danton, les décemvirs, qui n’étaient pas encore divisés, travaillèrent à affermir leur domination. Leurs commissaires contenaient les départements, et les armées de la république étaient victorieuses sur toutes les frontières. Les comités profitèrent de ce moment de sécurité et d’union, pour jeter le fondement des nouvelles mœurs et des nouvelles institutions. Il ne faut jamais oublier qu’en révolution, les hommes sont mus par deux penchants, l’amour de leurs idées et le goût du commandement. Les membres du comité, au commencement, s’entendirent pour leurs idées démocratiques   ; à la fin, ils se combattirent pour le pouvoir.
    Billaud-Varennes présenta la théorie du gouvernement populaire, et les moyens de subordonner toujours l’armée à la nation. Robespierre prononça un discours sur les idées morales et les solennités qui convenaient à une république   ; il fit dédier les fêtes décadaires à l’Être suprême, à la Vérité, à la Justice, à la Pudeur, à l’Amitié, à la Frugalité, à la bonne Foi, à la Gloire et à l’Immortalité, au Malheur, etc., enfin à toutes les vertus morales et républicaines. Il prépara de cette manière à l’établissement du nouveau culte de l’Être suprême. Barrère fit un rapport sur l’extirpation de la mendicité et sur les secours que la république devait aux citoyens indigents. Tous ces rapports étaient transformés en décrets, selon le vœu des démocrates. Barrère, dont les discours habituels à la convention tendaient à lui déguiser sa servitude, était un des plus souples instruments du comité   ; il ne tenait au régime de la terreur ni par fanatisme, ni par cruauté. Ses mœurs étaient douces, sa vie privée irréprochable, et il avait une très-grande modération d’esprit. Mais il avait peur   ; et, après avoir été royaliste constitutionnel avant le 10 août, républicain modéré avant le 31 mai, il était devenu le panégyriste et le copartageant de la tyrannie décemvirale. Cela fait voir que, dans une révolution, il ne faut pas être acteur, si l’on manque de caractère. L’esprit seul n’est pas assez inflexible, il est trop accommodant   ; il trouve des raisons à tout, même à ce qui le dégoûte ou l’épouvante   ; il ne sait jamais vous arrêter à propos, dans un temps où il faut toujours être prêt à la mort, et finir son rôle là où finissent ses opinions.
    Robespierre, qui passait pour le fondateur de cette démocratie morale, parvint alors au plus haut degré d’élévation et de puissance. Il devint l’objet de la flatterie générale dans son parti   ; il fut le grand homme de la république   : on ne parla que de sa vertu, de son génie, de son éloquence. Deux circonstances contribuèrent encore à accroître son importance. Le 3 prairial, un homme obscur, mais intrépide, nommé l’Admiral, voulut délivrer la France de Robespierre et de Collot d’Herbois. Il attendit inutilement Robespierre toute la journée   ; et, le soir, il se décida à frapper Collot. Il tira sur lui deux coups de pistolet   ; mais il le manqua. Le lendemain, une jeune fille, nommée Cécile Renault, se présenta chez Robespierre, et demanda avec instance à lui parler. Comme il était sorti, et qu’elle insistait cependant pour être admise, on l’arrêta. Elle avait un petit paquet, et on trouva sur elle deux couteaux. « Quel motif, lui demanda-t-on, vous a amenée chez Robespierre   ? – Je « voulais lui parler. – De quelle affaire   ? – C’est selon que je l’aurais trouvé. – Connaissez-vous le citoyen Robespierre   ? – Non, puisque je cherchais à le connaître, et j’ai été chez lui pour voir comment était fait un tyran. – Quel usage vous proposiez-vous de faire de vos deux couteaux   ? – Aucun, n’ayant intention de faire mal à

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