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Histoire de la Révolution française depuis 1789 jusqu'en 1814

Titel: Histoire de la Révolution française depuis 1789 jusqu'en 1814 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: François-Auguste-Marie-Alexis Mignet
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responsabilité d’un mouvement ou d’une bataille, et une armée de citoyens, ayant tous l’esprit cultivé, l’âme haute, l’émulation des grandes choses, passionnés pour une révolution qui agrandissait leur patrie, qui conservait leur indépendance sous la discipline, et qui destinait chaque soldat à devenir général. Il n’est rien qu’un chef de génie ne fasse avec de pareils hommes. Il dut regretter plus tard, au souvenir de ses premières années, d’avoir appelé à lui toute liberté et toute intelligence, d’avoir fait des armées mécaniques et des généraux à mot d’ordre. Bonaparte commença la troisième époque de la guerre. La campagne de 1792 s’était faite d’après l’ancien système, avec des corps dispersés, agissant un à un, sans abandonner leur ligne. Le comité de salut public concentra les corps   ; les fit opérer non plus en face, mais à distance   ; il précipita leur mouvement et les dirigea sur un but commun. Bonaparte fit pour chaque bataille ce que le comité faisait pour chaque campagne. Il porta tous ces corps sur le point décisif et désorganisa plusieurs armées avec une seule, par la rapidité de ses coups. Il disposa des masses à son gré, les fit mouvoir hors du regard, et les eut sous la main, à point nommé, pour occuper une position ou pour gagner une bataille. Sa diplomatie fut aussi supérieure que sa science militaire.
    Tous les gouvernements de l’Italie avaient adhéré à la coalition, mais les peuples penchaient pour la république française. Bonaparte s’appuya sur ces derniers   ; il annula le Piémont qu’il ne put pas conquérir   ; il transforma le Milanais, jusque-là placé sous la dépendance autrichienne, en république cisa lpine   ; il affaiblit par des contributions les petits princes de Parme, de Modène, de Toscane, sans les déposséder   ; le pape, qui avait signé un armistice lors des premiers succès de Bonaparte contre Beaulieu, et qui ne craignit pas de l’enfreindre à l’arrivée de Wurmser, acheta la paix par la cession de la Romagne, du Bolonais et du Ferrarais, qui furent joints à la république cisalpine   ; enfin, l’aristocratie de Venise et de Gênes ayant favorisé la coalition et soulevé les derrières de l’armée, le gouvernement de ces deux états fut changé, et Bonaparte le rendit démocratique pour faire dominer le peuple contre les grands. La révolution pénétra de cette manière en Italie.
    L’Autriche, par les préliminaires de Léoben, céda la Belgique à la France, et reconnut la république lombarde. Toutes les puissances confédérées avaient mis bas les armes, et l’Angleterre elle-même demandait à traiter. La France, paisible et libre au-dedans, avait atteint au-dehors ses limites naturelles, et elle était entourée de républiques naissantes, qui, telles que la Hollande, la Lombardie et la Ligurie, gardaient ses flancs, et prolongeaient son système en Europe. La coalition devait être peu disposée à assaillir de nouveau une révolution dont tous les gouvernements étaient victorieux, et l’anarchie après le 10 août, et la dictature après le 31 mai, et l’autorité légale sous le directoire   ; une révolution qui, à chaque hostilité nouvelle, s’avançait un peu plus loin sur le territoire européen. En 1792, elle n’était allée qu’en Belgique   ; en 1794, elle était allée en Hollande et jusqu’au Rhin   ; en 1 796, elle avait franchi l’Italie et entamé l’Allemagne. Il était à croire, si elle reprenait sa marche, qu’elle pousserait à une station de conquêtes plus éloignée. Tout se disposa pour la paix générale.
    Mais la situation du directoire changea beaucoup par les élections de l’an V (mai 1797). Ces élections, en introduisant, d’une manière légale, le parti royaliste au sein de la législature et du gouvernement, mirent de nouveau en question ce que la bataille de vendémiaire avait décidé. Jusqu’à cette époque, le directoire et les conseils avaient vécu de très-bonne intelligence. Composés de conventionnels unis par un intérêt commun, le besoin de fonder la république après avoir été battus par tous les vents des partis, ils avaient mis beaucoup de bienveillance dans leurs rapports et de concert dans leurs mesures. Les conseils avaient accédé aux diverses demandes du directoire   ; et à part quelques légères modifications, ils avaient approuvé ses projets sur les finances, sur l’administration

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