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Histoire de la Révolution française depuis 1789 jusqu'en 1814

Titel: Histoire de la Révolution française depuis 1789 jusqu'en 1814 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: François-Auguste-Marie-Alexis Mignet
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impression défavorable de ridicule contre Camille Jordan, qu’on nomma Jordan-Carillon, Jordan-les-Cloches. La tentative des protecteurs du clergé ne réussit cependant pas, et le conseil des cinq-cents n’osa point décréter encore le rétablissement des cloches, ni rendre les prêtres indépendants. Après quelque hésitation, le parti modéré se joignit au parti directorial, et ils maintinrent le serment civique au cri de Vive la république   !
    Cependant les hostilités continuèrent contre le directoire, dans le conseil des cinq-cents surtout, qui était plus fougueux et plus impatient que celui des anciens. Tout cela enhardit beaucoup la faction royaliste, dans l’intérieur. On vit se renouveler les représailles contre-révolutionnaires à l’égard des patriotes et des acquéreurs de biens nationaux. Les émigrés et les prêtres réfractaires revinrent en foule, et, ne pouvant rien supporter de la révolution, ils ne cachaient point leurs projets de renversement. L’autorité directoriale, menacée au centre, méconnue dans les départements, devint tout-à-fait impuissante.
    Mais le besoin de la défense, l’inquiétude de tous les hommes dévoués au directoire et surtout à la révolution, donna du courage et de l’appui au gouvernement. La marche agressive des conseils fit suspecter leur attachement pour la république   ; et la masse, qui les avait d’abord soutenus, les abandonna. Les constitutionnels de 1791 et le parti directorial se réunirent. Le club de Salm, formé sous les auspices de cette alliance, fut opposé au club de Clichy, qui était depuis long-temps le rendez-vous des membres les plus influents des conseils. Le directoire, tout en recourant à l’opinion, ne négligea point sa principale force, l’appui des troupes   ; il fit approcher de Paris plusieurs régiments de l’armée de Sambre et Meuse, commandée par Hoche. Le rayon constitutionnel de six myriamètres (12 lieues), que les troupes ne pouvaient pas franchir sans attentat, fut violé   ; et les conseils dénoncèrent cette violation au directoire, qui feignit une ignorance tout-à-fait suspecte, et donna de fort mauvaises excuses.
    Les deux partis étaient en observation   : l’un avait ses postes au directoire, au club de Salm , dans l’armée   ; l’autre, dans les conseils, à Clichy, et dans les salons royalistes. La masse était spectatrice. Chacun des deux partis était disposé à agir révolutionnairement à l’égard de l’autre. Un parti intermédiaire, constitutionnel et pacificateur, essaya de prévenir cette lutte, et de rétablir un accord tout-à-fait impossible. Carnot était à sa tête   : quelques membres du conseil des jeunes, dirigés par Thibaudeau   ; un assez grand nombre d’anciens, secondaient ses projets de modération. Carnot, qui, à cette époque, était le directeur de la constitution, formait, avec Barthélemy, qui était le directeur de la législature, une minorité dans le gouvernement. Carnot, très-austère dans sa conduite, et très-opiniâtre dans ses vues, n’avait pu s’entendre ni avec Barras, ni avec l’impérieux Rewbell. À cette antipathie de caractère se joignit alors la différence de système   ; Barras et Rewbell, soutenus de la Réveilière, n’étaient point éloignés d’un coup d’état contre les conseils, tandis que Carnot voulait suivre strictement la loi. Ce grand citoyen avait parfaitement vu, à chaque époque de la révolution, le mode de gouvernement qui lui convenait, et son opinion était devenue aussitôt une idée fixe. Sous le comité de salut public, il avait eu l’idée fixe de la dictature   ; sous le directoire, il eut l’idée fixe du gouvernement légal. En ne reconnaissant aucune nuance dans la situation, il se trouva placé d’une manière équivoque   ; il voulait la paix dans un moment de guerre, et la loi dans un moment de coups d’état.
    Les conseils un peu alarmés des préparatifs du directoire, parurent mettre leur accommodement au prix du renvoi de quelques ministres qui n’avaient pas leur confiance. Ces ministres étaient celui de la justice, Merlin de Douai   ; celui des relations extérieures, Lacroix   ; celui des finances, Ramel. Ils désiraient, au contraire, le maintien de Pétiet, à la guerre   ; de Bénésech, à l’intérieur   ; de Cochon de l’Apparent, à la police. À défaut du pouvoir directorial, le corps législatif voulait s’assurer du ministère. Loin de se rendre à ce

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