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Histoire de la Révolution française depuis 1789 jusqu'en 1814

Titel: Histoire de la Révolution française depuis 1789 jusqu'en 1814 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: François-Auguste-Marie-Alexis Mignet
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la terreur   ; et les républicains extrêmes ayant voulu faire déclarer la patrie en danger , comme à la fin de la législative, ne purent pas y réussir. Mais Sièyes, après avoir perdu Joubert, cherchait un général qui pût entrer dans ses desseins, et qui protégeât la république sans en devenir l’oppresseur. Hoche était mort depuis plus d’un an   ; Moreau était déconsidéré par sa conduite équivoque envers le directoire avant le 18 fructidor, et par la dénonciation subite de son ancien ami Pichegru, dont il avait caché la trahison pendant une année   ; Masséna n’était point un général politique   ; Bernadette et Jourdan étaient dévoués au parti du Manège   ; Sièyes se trouvait dans cette pénurie, et ajournait son coup d’état, faute d’un homme.
    Bonaparte avait appris en orient l’état de la France. Son expédition, dans le récit de laquelle je n’ai pas le dessein d’entrer, avait été brillante, mais sans résultat. Après avoir battu les Mameloucks, et ruiné leur domination, dans la Basse et dans la Haute-Égypte, il s’était avancé en Syrie   ; mais le mauvais succès du siège de Saint-Jean-d’Acre l’avait contraint de retourner dans sa première conquête. C’est là qu’après avoir défait une armée ottomane sur le rivage d’Aboukir, si fatal une année auparavant à la flotte française, il se décida à quitter cette terre de déportation et de renommée, pour faire servir à son élévation la nouvelle crise de la France. Il laissa le général Kléber pour commander l’armée d’orient, et traversa, sur une frégate, la Méditerranée couverte de vaisseaux anglais. Il débarqua à Fréjus le 17 vendémiaire an VIII (9 octobre 1799), dix-neuf jours après la victoire de Berghen, remportée par Brune sur les Anglo-Russes du duc d’York, et quatorze jours après celle de Zurich, remportée par Masséna sur les Austro-Russes de Korsakof et de Souvarof. Il parcourut la France, des côtes de la Méditerranée à Paris, en triomphateur. Son expédition presque fabuleuse avait surpris et occupé les imaginations, et avait encore ajouté à sa renommée déjà si grande par la conquête de l’Italie. Ces deux entreprises l’avaient mis hors de ligne avec les autres généraux de la république. L’éloignement du théâtre sur lequel il avait combattu lui avait permis de commencer sa carrière d’indépendance et d’autorité. Général victorieux, négociateur avoué et obéi, créateur de républiques, il avait traité tous les intérêts avec adresse, toutes les croyances avec modération. Préparant de loin ses destinées ambitieuses, il ne s’était fait l’homme d’aucun système, et il les avait tous ménagés pour s’élever de leur consentement. Il avait entretenu cette pensée d’usurpation dès ses victoires d’Italie. Au 18 fructidor, si le directoire avait été vaincu par les conseils, il se proposait de marcher contre ces derniers avec son armée, et de saisir le protectorat de la république. Après le 18 fructidor, voyant le directoire trop puissant et l’inaction continentale trop dangereuse pour lui, il accepta l’expédition d’Égypte, afin de ne pas déchoir et de n’être pas oublié. À la nouvelle de la désorganisation du directoire au 3o prairial, il se rendit en toute hâte sur le lieu des événements.
    Son arrivée excita l’enthousiasme de la masse modérée de la nation   ; il reçut des félicitations générales, et il fut aux enchères des partis, qui voulurent tous le gagner. Les généraux, les directeurs, les députés, les républicains même du Manège, le virent et le sondèrent. On lui donna des fêtes et des repas   ; il se montrait grave, simple, peu empressé, et observateur   ; il avait déjà une familiarité supérieure et des habitudes involontaires de commandement. Malgré son défaut d’empressement et d’ouvertures, on apercevait en lui une arrière-pensée de conspiration. Sans le dire, il le laissait deviner, parce qu’il faut toujours qu’une chose soit attendue pour qu’elle se fasse. Il ne pouvait pas s’appuyer sur les républicains du Manège, qui ne voulaient ni d’un coup d’état, ni d’un dictateur, et Sièyes craignait avec raison qu’il ne fût trop ambitieux pour entrer dans ses vues constitutionnelles. Aussi Sièyes hésita-t-il à s’aboucher avec lui. Mais enfin, passés par des amis communs, ils se virent et se concertèrent. Le 15 brumaire, ils

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