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Histoire de la Révolution française depuis 1789 jusqu'en 1814

Titel: Histoire de la Révolution française depuis 1789 jusqu'en 1814 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: François-Auguste-Marie-Alexis Mignet
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l’érudition, de l’adresse, une facilité brillante et soutenue, mais jamais une conviction profonde, un jugement ferme, une éloquence véritable. L’abbé Maury parlait comme les soldats se battent. Nul ne savait contredire plus souvent et plus long-temps que lui, ni suppléer aux bonnes raisons par des citations ou des sophismes, et aux mouvements de l’âme par des formes oratoires. Quoique avec beaucoup de talent, il manquait de ce qui le vivifie, la vérité. Cazalès était l’opposé de Maury   : il avait un esprit prompt et droit   ; son élocution était aussi facile, mais plus animée   ; il y avait de la franchise dans ses mouvements, et les raisons qu’il donnait étaient toujours les meilleures. Nullement rhéteur, il prenait dans une question qui intéressait son parti le côté juste, et laissait à Maury le côté déclamatoire. Avec la netteté de ses vues, l’ardeur de son caractère, et le bon usage de son talent, il n’y avait de faux chez lui que ce qui appartenait à sa position   ; au lieu que Maury ajoutait les erreurs de son esprit à celles qui étaient inséparables de sa cause.
    Necker et le ministère avaient également un parti, mais il était moins nombreux que l’autre, parce qu’il était un parti modéré. La France était alors divisée en privilégiés qui s’opposaient à la révolution, et en hommes du peuple qui la voulaient entière. Il n’y avait pas encore place entre eux pour un parti médiateur. Necker était déclaré pour la constitution anglaise, et tous ceux qui partageaient son avis, par croyance ou par ambition, s’étaient ralliés à lui. De ce nombre étaient Mounier, esprit ferme, caractère inflexible, qui considérait ce système comme le type des gouvernements représentatifs   ; Lally-Tollendal, tout aussi convaincu que lui et plus persuasif   ; Clermont-Tonnerre, l’ami et l’associé de Mounier et de Lally, participant aux qualités et aux vues de l’un et de l’autre   ; enfin la minorité de la noblesse et une partie des évêques qui espéraient devenir membres de la chambre haute, si les idées de Necker étaient adoptées.
    Les chefs de ce parti qu’on appela plus tard le parti des monarchiens auraient voulu faire la révolution par accommodement à chaque époque ils supplièrent ceux qui étaient les plus puissants de transiger avec les plus faibles. Avant le 14 juillet ils demandaient à la cour et aux classes privilégiées de contenter les communes   ; après ils demandèrent aux communes de recevoir à composition la cour et les classes privilégiées. Ils pensaient qu’il fallait conserver à chacun son action dans l’état, que des partis déplacés sont des partis mécontents, et qu’il faut leur créer une existence légale, sous peine de s’exposer à des luttes interminables de leur part. Mais ce qu’ils ne voyaient pas, c’était le peu d’à-propos de leurs idées dans un moment de passions exclusives. La lutte était commencée, la lutte qui devait faire triompher un système et non amener un arrangement. C’était une victoire qui avait remplacé les trois ordres par une seule assemblée, et il était bien difficile de rompre l’unité de cette assemblée pour parvenir au gouvernement des deux chambres. Les modérés n’avaient pas pu obtenir ce gouvernement de la cour, ils ne devaient pas l’obtenir davantage de la nation   : à l’une il avait paru trop populaire, pour l’autre il était trop aristocratique.
    Le reste de l’assemblée formait le parti national   ; on n’y remarquait pas encore les hommes qui, tels que Robespierre, Pétion, Buzot, etc., voulurent plus tard commencer une seconde révolution lorsque la première fut achevée. À cette époque les plus extrêmes de ce côté étaient Duport, Barnave et Lameth, qui formaient un triumvirat dont les opinions étaient préparées par Duport, soutenues par Barnave, et dont la conduite était dirigée par Alex. Lameth. Il y avait quelque chose de très-remarquable et qui annonçait l’esprit d’égalité de l’époque, dans l’union intime d’un avocat appartenant à la classe moyenne, d’un conseiller appartenant à la classe parlementaire, d’un colonel appartenant à la cour, qui renonçaient aux intérêts de leur ordre pour s’associer dans des vues de bien public et de popularité. Ce parti se plaça d’abord dans une position plus avancée que celle où la révolution était parvenue. Le 14 juillet avait été le

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