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Histoire de la Révolution française depuis 1789 jusqu'en 1814

Titel: Histoire de la Révolution française depuis 1789 jusqu'en 1814 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: François-Auguste-Marie-Alexis Mignet
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mais les canonniers et le bataillon de la Croix-Rouge y répondirent par le cri de Vive la nation   ! Dans le même instant survinrent deux nouveaux bataillons, armés de fusils et de piques, qui, en défilant devant le roi pour se placer sur la terrasse de la Seine, crièrent   : Vive la nation   ! vive Pétion   ! Le roi continua la revue, non sans être attristé de ce présage. Il fut accueilli avec les plus grands témoignages de dévouement par les bataillons des Filles-Saint-Thomas et des Petits-Pères, qui occupaient la terrasse située le long du château. Pendant qu’il traversa le jardin pour visiter les postes du Pont-Tournant, les bataillons à piques le poursuivirent du cri   : À bas le veto   ! à bas le traître   ! et lorsqu’il fut revenu, ils quittèrent leur position, se placèrent près du Pont-Royal, et tournèrent leurs canons contre le château. Deux autres bataillons, postés dans les cours, les imitèrent, et s’établirent sur la place du Carrousel, dans une attitude agressive. En rentrant au château, le roi était pâle, découragé   ; et la reine dit   : « Tout est perdu   ; cette espèce de revue a fait plus de mal que de bien. »
    Pendant que tout ceci se passait aux Tuileries, les insurgés s’avançaient sur plusieurs colonnes   ; ils avaient employé la nuit à se réunir et à s’organiser. Dès le matin, ils avaient forcé l’Arsenal, et en avaient distribué les armes. La colonne du faubourg Saint-Antoine, forte d’environ quinze mille hommes, et celle du faubourg Saint-Marceau, de cinq mille, s’étaient mises en marche vers six heures du matin. La foule les grossissait dans leur route. Une troupe avait été placée par le directoire du département sur le Pont-Neuf, afin d’empêcher la jonction des assaillants des deux côtés de la rivière   ; mais la commune lui fit quitter ce poste, et le passage du pont se trouva libre. Déjà l’avant-garde des faubourgs, composée des fédérés marseillais et bretons, avait débouché par la rue Saint-Honoré, se mettait en bataille sur le Carrousel, et tournait ses canons contre le château. Ce fut alors que le procureur-syndic du département, Rœderer, qui n’avait pas quitté les Tuileries de la nuit, se présenta à eux, leur dit qu’une si grande multitude ne pouvait pas avoir accès auprès du roi, ni de l’assemblée nationale, et les invitait à nommer vingt députés et à les charger de leurs demandes   : mais ils ne l’écoutèrent point. Il s’adressa aux troupes nationales, lut l’article de la loi qui leur enjoignait, en cas d’attaque, de repousser la force par la force   ; mais une très-faible partie de la garde nationale y parut disposée, et les canonniers, pour toute réponse, déchargèrent leurs canons. Rœderer, voyant que les insurgés triomphaient partout, qu’ils étaient maîtres de la commune, qu’ils disposaient de la multitude et des troupes même, retourna en toute hâte au château, à la tête du directoire exécutif.
    Le roi tenait conseil avec la reine et les ministres. Un officier municipal venait de donner l’alarme, en annonçant que les colonnes des insurgés approchaient des Tuileries. « Eh bien   ! que veulent-ils   ? avait demandé legarde-des-sceaux Joly. – La déchéance, répondit le municipal. – Que l’assemblée la prononce donc, ajouta le ministre. – Mais, après cette déchéance, dit la reine, qu’arrivera-t-il   ? » L’officier municipal s’inclina sans rien répondre. Au même instant entra Rœderer, qui augmenta la consternation de la cour, en annonçant que le danger était extrême, que les bandes des insurgés étaient intraitables, que la garde nationale n’était pas sûre, et que la famille royale s’exposait à une perte infaillible, si elle ne se rendait point dans le sein de l’assemblée législative. La reine repoussa d’abord cet avis avec la plus grande vivacité   : « Je me ferai plutôt clouer aux murs de ce château, dit-elle, que d’en sortir. » Et, s’adressant au roi, en lui présentant un pistolet   : « Allons, monsieur, Voilà le moment de vous montrer. »Le roi garda le silence. « Vous voulez donc, madame, ajouta Rœderer, vous rendre responsable de la mort du roi, de la vôtre, de celle de vos enfants, et de tous ceux qui sont ici pour vous défendre. » Ces paroles décidèrent le roi   ; il se leva pour se rendre à l’assemblée, la reine le suivit, et, en partant, il dit aux

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