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Histoire de la Révolution française depuis 1789 jusqu'en 1814

Titel: Histoire de la Révolution française depuis 1789 jusqu'en 1814 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: François-Auguste-Marie-Alexis Mignet
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l’égalité. Mais la multitude et ses chefs avaient la toute puissance, et se proposaient d’en user. La nouvelle municipalité vint faire reconnaître ses pouvoirs. Elle était précédée de trois bannières, sur lesquelles étaient ces mots   : patrie, liberté, égalité. Sa harangue fut impérieuse, et elle la finit en demandant la déchéance du roi et une convention nationale. Les députations se succédèrent, et toutes présentaient le même vœu, ou, pour mieux dire, intimaient le même ordre. L’assemblée se vit contrainte à les satisfaire. Cependant elle ne voulut point prendre sur elle la déchéance du roi. Vergniaud monta à la tribune au nom de la commission des douze, et il dit   : « Je viens vous proposer une mesure bien rigoureuse   ; mais je m’en rapporte à votre douleur pour juger combien il importe que vous l’adoptiez sur le champ. » Cette mesure consistait dans la convocation d’une convention nationale, dans la destitution des ministres, et dans la suspension du roi. L’assemblée l’adopta unanimement. Les ministres girondins furent rappelés   ; les fameux décrets furent mis à exécution   ; on envoya des commissaires aux armées pour s’assurer d’elles. Louis XVI, à qui l’assemblée avait d’abord donné le Luxembourg pour demeure, fut transféré au Temple comme prisonnier par la toute-puissante commune, sous le prétexte qu’elle ne pouvait point, sans cela, répondre de sa personne. Enfin le 23 septembre fut désigné pour l’ouverture de l’assemblée extraordinaire qui devait décider du sort de la royauté. Mais la royauté venait de succomber de fait au 10 août, dans cette journée qui fut l’insurrection de la multitude contre la classe moyenne et contre le trône constitutionnel, comme le 14 juillet avait été l’insurrection de la classe moyenne contre les classes privilégiées et le pouvoir absolu de la couronne. Le 10 août vit commencer l’époque dictatoriale et arbitraire de la révolution. Les circonstances devenant de plus en plus difficiles, il s’engagea une vaste guerre qui exigea un surcroît d’énergie   ; et cette énergie, déréglée parce qu’elle était populaire, rendit inquiète, oppressive et cruelle la domination de la classe inférieure. La question alors changea entièrement de nature   ; elle n’eut plus pour but la liberté, mais le salut public   ; et la période conventionnelle, depuis la fin de la constitution de 1791 jusqu’au moment où la constitution de l’an III établit le directoire, ne fut qu’une longue campagne de la révolution contre les partis et contre l’Europe. Il n’était guère possible qu’il en fût autrement. « Le mouvement révolutionnaire une fois établi, « dit M. de Maistre (2) , la France et la monarchie ne pouvaient être sauvées que par le jacobinisme… Nos neveux, qui s’embarrasseront très-peu de nos souffrances, et qui danseront sur nos tombeaux, riront de notre ignorance actuelle   ; ils se consoleront aisément des excès que nous avons vus, et qui auront conservé l’intégrité du plus beau royaume. »
    Les départements adhérèrent aux événements du 10 août. L’armée, qui subissait toujours un peu plus tard l’influence de la révolution, était encore royaliste constitutionnelle   ; cependant, comme les troupes étaient subordonnées aux partis, elles devaient se soumettre facilement à l’opinion dominante. Les généraux en seconde ligne, tels que Dumouriez, Custines, Biron, Kellermann, Labourdonnaie, étaient disposés à approuver les derniers changements. Ils n’avaient pas encore pris parti, et ils espéraient que cette révolution leur vaudrait de l’avancement. Il n’en était pas de même des deux généraux en chef. Luckner flottait indécis entre l’insurrection du 10 août, qu’il appelait un petit acc ident arrivé à Paris, et son ami La Fayette. Ce dernier, chef du parti constitutionnel, attaché jusqu’au bout à ses serments, voulut défendre encore le trône renversé, et une constitution qui n’était plus. Il commandait environ trente mille hommes, qui étaient affectionnés à sa cause et à sa personne. Son quartier-général se trouvait près de Sedan. Dans son projet de résistance en faveur de la constitution, il se concerta avec la municipalité de cette ville et le directoire du département des Ardennes, afin d’établir un centre civil, auquel tous les départements pussent se rallier. Les trois

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