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Histoire de la Révolution française depuis 1789 jusqu'en 1814

Titel: Histoire de la Révolution française depuis 1789 jusqu'en 1814 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: François-Auguste-Marie-Alexis Mignet
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ministres et aux défenseurs du château   : « Messieurs, il n’y a plus rien à faire ici. » Accompagné de sa famille et de quelques personnes de sa maison, Louis XVI traversa le jardin au milieu d’une haie de Suisses et des bataillons des Filles-Saint-Thomas et des Petits-Pères   ; mais, lorsqu’il fut à la porte des feuillants, une multitude immense encombrait le passage, et ne voulait pas s’ouvrir devant lui. Son escorte eut beaucoup de peine à le conduire jusqu’à la salle de l’assemblée, au milieu des injures, des menaces et des vociférations de la populace.
    Un juge de paix qui précédait le roi vint annoncer son arrivée au corps législatif. Il délibérait en ce moment sur l’envoi d’une députation au château. Les membres les plus voisins de la porte allèrent sur-le-champ au devant de Louis XVI, pour le recevoir. « Messieurs, dit le roi en entrant dans la salle, je suis venu ici pour prévenir un grand crime. Je me croirai toujours en sûreté avec ma famille au milieu de vous. » – « Sire, répondit Vergniaud qui occupait le fauteuil, vous pouvez compter sur la fermeté de l’assemblée nationale   ; ses membres ont juré de mourir en soutenant les droits du peuple et les autorités constituées. » Le roi prit place à côté du président. Mais Chabot rappela que l’assemblée ne pouvait point délibérer en présence du roi, et Louis XVI passa, avec sa famille et ses ministres, dans la loge du Logographe, qui se trouvait derrière le président et d’où l’on pouvait tout voir et tout entendre.
    Depuis le départ du roi, tout motif de résistance avait cessé. D’ailleurs, les moyens mêmes de défense étaient diminués, par le départ des trois cents Suisses et des trois cents gardes nationaux qui avaient escorté Louis XVI. La gendarmerie avait quitté son poste en criant Vive la nation   ! La garde nationale s’ébranlait en faveur des assaillants. Mais les ennemis étaient en présence   ; et quoique la cause du combat n’existât plus, le combat ne s’engagea pas moins. Les colonnes des insurgés entouraient le château. Les Marseillais et les Bretons, qui tenaient la première ligne, venaient de forcer la porte royale, placée sur le Carrousel, et de pénétrer dans les cours du château. Ils avaient à leur tête un ancien sous-officier nommé Westermann, ami de Danton, et homme très-résolu. Il rangea sa troupe en bataille, et il s’avança vers les canonniers, qui, sur ses invitations, se joignirent aux Marseillais avec leurs pièces. Les Suisses garnissaient les fenêtres du château dans une attitude immobile. Les deux troupes furent quelque temps en présence sans s’attaquer. Quelques uns des assaillants s’avancèrent même pour fraterniser, et les Suisses jetèrent des cartouches par les fenêtres en signe de paix   ; ils pénétrèrent jusque sous le vestibule, où se trouvaient d’autres défenseurs du château. Une barrière les séparait. C’est là que le combat s’engagea, sans qu’on ait pu savoir encore de quel côté commença l’agression. Les Suisses firent alors un feu meurtrier sur les insurgés, qui se dispersèrent. La place du Carrousel fut balayée. Mais les Marseillais et les Bretons revinrent bientôt en force   : les Suisses furent canonnés, investis   ; et, après avoir tenu aussi long-temps qu’ils purent, ils furent défaits, poursuivis, exterminés. Ce ne fut plus alors un combat, mais un massacre   ; et la multitude se livra dans le château à tous les excès de la victoire.
    L’assemblée était, pendant ce temps, dans les plus vives alarmes. Les premiers coups de canon y avaient répandu la consternation. À mesure que les décharges de l’artillerie devenaient plus fréquentes, l’agitation redoublait. Il fut un moment où les membres de l’assemblée se crurent perdus. Un officier entra précipitamment dans la salle, en s’écriant   : « En place, législateurs, nous sommes forcés   ! » Quelques députés se levèrent pour sortir. «. Non, non, dirent les autres, c’est ici notre poste. » Les tribunes s’écrièrent aussitôt Vive l’assemblée nationale   ! et l’assemblée répondit en criant Vive la nation   ! Enfin on entendit au-dehors Victoire   ! victoire   ! et le sort de la monarchie fut décidé.
    L’assemblée fit aussitôt une proclamation pour ramener le calme, et conjurer le peuple de respecter la justice, ses magistrats, les droits de l’homme, la liberté,

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