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Histoire de la Révolution française depuis 1789 jusqu'en 1814

Titel: Histoire de la Révolution française depuis 1789 jusqu'en 1814 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: François-Auguste-Marie-Alexis Mignet
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dictateurs des révolutions après les luttes et l’épuisement des partis. La Fayette, acteur dans la première époque de la crise, se déclara avec enthousiasme pour ses résultats. Il devint le général de la classe moyenne, soit à la tête de la garde nationale pendant la constituante, soit à l’armée sous la législative. Il s’était élevé par elle, et il dut finir avec elle. On peut dire de lui que, s’il commit quelques fautes de position, il n’eut jamais qu’un but, la liberté, et ne se servit que d’un moyen, la loi. La manière dont, jeune encore, il se consacra à l’affranchissement des deux mondes, sa glorieuse conduite, son invariable constance, l’honoreront dans la postérité, auprès de laquelle un homme n’a pas deux réputations, comme en temps de parti, mais n’a que la sienne.
    Les auteurs du 10 août se divisèrent de plus en plus, n’étant point d’accord sur les résultats que devait avoir cette révolution. Le parti audacieux qui s’était emparé de la commune, voulait, au moyen de la commune, dominer Paris   ; au moyen de Paris, l’assemblée nationale   ; et, au moyen de l’assemblée, la France. Après avoir obtenu la translation de Louis XVI au Temple, il fit abattre toutes les statues des rois, effacer tous les emblèmes de la monarchie. Le département exerçait un pouvoir de surveillance sur la municipalité, il le fit abroger pour être indépendant   ; la loi exigeait certaines conditions pour être citoyen actif, il en fit décréter la cessation, afin que la multitude fût introduite dans le gouvernement de l’état. Il demanda en même temps l’établissement d’un tribunal extraordinaire pour juger les conspirateurs du 10 août. Comme l’assemblée ne se montrait pas assez docile, et qu’elle cherchait, par des proclamations, à rappeler le peuple à des sentiments plus modérés et plus justes, elle recevait de l’Hôtel-de-Ville des messages menaçants. « Comme citoyen, dit un membre de la commune, comme magistrat du peuple, je viens vous annoncer que ce soir, à minuit, le tocsin sonnera, la générale battra. Le peuple est las de n’être pas vengé   : craignez qu’il ne se fasse justice lui-même. – Si avant deux ou trois heures, dit un autre, le directeur du jury n’est pas nommé, si le jury n’est pas en état d’agir, de grands malheurs se promèneront dans Paris. » Pour éviter ces nouveaux désastres, l’assemblée fut contrainte de nommer un tribunal criminel extraordinaire. Ce tribunal condamna quelques personnes   ; mais il parut trop peu expéditif à la commune, qui avait conçu les plus terribles projets.
    Elle avait à sa tête Marat, Panis, Sergent, Duplain, Lenfant, Lefort, Jourdeuil, Collot-d’Herbois, Billaud-Varennes, Tallien, etc. Mais le chef principal de ce parti était alors Danton   : plus que tout autre, il avait coopéré au 10 août. Pendant toute cette nuit, il avait couru des sections aux casernes des Marseillais et des Bretons, et de celles-ci aux faubourgs. Membre de la commune révolutionnaire, il avait dirigé ses opérations, et il avait été nommé ensuite au ministère de la justice.
    Danton était un révolutionnaire gigantesque. Aucun moyen ne lui paraissait condamnable, pourvu qu’il lui fût utile   ; et, selon lui, on pouvait tout ce qu’on osait. Danton, qu’on a nommé le Mirabeau de la populace, avait de la ressemblance avec ce tribun des hautes classes   ; des traits heurtés, une voix forte, un geste impétueux, une éloquence hardie, un front dominateur. Leurs vices aussi étaient les mêmes   ; mais ceux de Mirabeau étaient d’un patricien, ceux de Danton d’un démocrate   ; et ce qu’il y avait de hardi dans les conceptions de Mirabeau se retrouvait dans Danton, mais d’une autre manière, parce qu’il était, dans la révolution, d’une autre classe et d’une autre époque. Ardent, accablé de dettes et de besoins, de mœurs relâchées, s’abandonnant tour-à-tour à ses passions ou à son parti, il était formidable dans sa politique, lorsqu’il s’agissait d’arriver à son but, et redevenait nonchalant après l’avoir atteint. Ce puissant démagogue offrait un mélange de vices et de qualités contraires. Quoiqu’il se fût vendu à la cour, il n’était pourtant pas vil   ; car il est des caractères qui relèvent jusqu’à la bassesse. Il se montra aussi exterminateur, sans être féroce   ; inexorable à l’égard des masses, humain,

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