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Histoire de la Révolution française depuis 1789 jusqu'en 1814

Titel: Histoire de la Révolution française depuis 1789 jusqu'en 1814 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: François-Auguste-Marie-Alexis Mignet
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généreux même pour les individus (3) . Une révolution à ses yeux était un jeu, où le vainqueur, s’il en avait besoin, gagnait la vie du vaincu. Le salut de son parti passait pour lui avant la loi, avant même l’humanité   : c’est ce qui explique ses attentats après le 10 août, et son retour à la modération quand il crut la république affermie.
    À cette époque, les Prussiens, s’avançant dans l’ordre d’invasion qui a été précédemment indiqué, franchirent la frontière, après vingt jours de marche. L’armée de Sedan était sans chef, et incapable de résister à des forces aussi supérieures et aussi bien organisées. Le 20 août, Longwy fut investi par les Prussiens   ; le 21, il fut bombardé   ; et le 24, il capitula. Le 3o, l’armée ennemie arriva devant Verdun, l’investit, et en commença le bombardement. Verdun pris, la route de la capitale était ouverte. La prise de Longwy, l’approche d’un si grand danger, jetèrent Paris dans le plus grand état d’agitation et d’alarme. Le conseil exécutif, composé des ministres, fut appelé au comité de défense générale pour délibérer sur les moyens les plus sûrs à prendre dans d’aussi périlleuses conjonctures. Les uns voulaient attendre l’ennemi sous les murs de la capitale   ; les autres, se retirer à Saumur. « Vous n’ignorez pas, dit Danton, lorsque son tour fut venu, que la France est dans Paris   ; si vous abandonnez la capitale à l’étranger, vous vous livrez, et vous lui livrez la France. C’est dans Paris qu’il faut se maintenir par tous les moyens   ; je ne puis adopter le plan qui tend à vous en éloigner. Le second projet ne me paraît pas meilleur. Il est impossible de songer à combattre sous les murs de la capitale   : le 10 août a divisé la France en deux partis, dont l’un est attaché à la royauté, et l’autre veut la république. Celui-ci, dont vous ne pouvez vous dissimuler l’extrême minorité dans l’état, est le seul sur lequel vous puissiez compter pour combattre. L’autre se refusera à marcher   ; il agitera Paris en faveur de l’étranger, tandis que vos défenseurs, placés entre deux feux, se feront tuer pour le repousser. S’ils succombent, comme cela ne me paraît pas douteux, la perte de la France et la vôtre sont certaines   : si, contre toute attente, ils reviennent vainqueurs de la coalition, cette victoire sera encore une défaite pour vous   ; car elle vous aura coûté des milliers de braves, tandis que les royalistes, plus nombreux que vous, n’auront rien perdu de leur force et de leur influence. Mon avis est que, pour déconcerter leurs mesures et arrêter l’ennemi, il faut faire peur aux royalistes. »Le comité, qui comprit le sens de ces terribles paroles, fut consterné. « Oui, vous dis-je, reprit Danton, il faut leur faire peur… » Et comme le comité repoussa, par son silence et par son effroi, cette proposition, Danton se concerta avec la commune   : il voulait comprimer ses ennemis par la terreur   ; engager de plus en plus la multitude, en la rendant sa complice, et ne laisser à la révolution d’autre refuge que la victoire. On fit des visites domiciliaires avec un morne et vaste appareil   ; on incarcéra un grand nombre de personnes suspectes par leur état, leurs opinions, ou leur conduite. Ces malheureux prisonniers furent choisis surtout dans les deux classes dissidentes du clergé et de la noblesse, qu’on accusait de conspiration sous la législative. Tous les citoyens en état de porter les armes furent enrégimentés au Champ-de-Mars, et partirent le 1 er septembre pour la frontière. On battit la générale, on sonna le tocsin, on tira le canon   ; et Danton se présentant à l’assemblée pour lui rendre compte des mesures prises pour sauver la patrie, « Le canon que vous entendez, dit-il, n’est point le canon d’alarme   ; c’est le pas de charge sur nos ennemis. Pour les vaincre, pour les atterrer, que faut-il   ? De l’audace, encore de l’audace, et toujours de l’audace. » La nouvelle de la prise de Verdun arriva dans la nuit du 1 er au 2 septembre   : la commune saisit cet instant, où Paris épouvanté crut voir déjà les ennemis à ses portes, pour exécuter ses épouvantables desseins. Le canon fut de nouveau tiré, le tocsin sonna, les barrières furent fermées, et les massacres commencèrent.
    Les prisonniers, enfermés aux Carmes, à l’Abbaye, à la Conciergerie, à la

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