Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen

Histoire de la Révolution française depuis 1789 jusqu'en 1814

Titel: Histoire de la Révolution française depuis 1789 jusqu'en 1814 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: François-Auguste-Marie-Alexis Mignet
Vom Netzwerk:
celui des Islettes , sont les Thermopyles de la France   : mais je serai plus heureux que Léonidas.
    Dans cette position, Dumouriez pouvait arrêter l’ennemi, en attendant les secours qu’on lui envoyait de toutes les parties de la France. Les bataillons de volontaires se rendaient dans des camps disposés dans l’intérieur, d’où on les faisait partir pour son armée, après qu’ils avaient reçu un commencement d’organisation. À la frontière de Flandre, Beurnonville avait reçu l’ordre de s’avancer avec neuf mille hommes, et d’être à Rhétel, sur la gauche de Dumouriez, le 13 septembre. Duval devait se rendre aussi le 7, avec sept mille hommes, au Chêne-Populeux   ; enfin Kellermann venait de Metz, sur sa droite, avec vingt-deux mille hommes pour le renforcer. Il suffisait donc de gagner du temps.
    Le duc de Brunswick, après s’être emparé de Verdun, passa la Meuse en trois colonnes. Le général Clairfait opérait sur sa droite, et le prince de Hohenlöhe sur sa gauche. Désespérant de faire quitter ses positions à Dumouriez en l’attaquant de front, il essaya de le tourner. Dumouriez avait eu l’imprudence de placer toutes ses forces à Grand-pré et aux Islettes, et de défendre faiblement le Chêne-Populeux et la Croix-au-Bois, qui, il est vrai, étaient des postes moins importants. Les Prussiens s’en emparèrent, et furent sur le point de le tourner dans son camp de Grand-pré, et de lui faire mettre bas les armes. Après cette faute capitale, qui annulait ses premières manœuvres, il ne désespéra pas de sa situation. Il décampa en secret dans la nuit du 14 septembre, passa l’Aisne dont on pouvait lui interdire l’accès, fit une retraite aussi habile que l’avait été sa marche sur l’Argonne, et vint se concentrer dans le camp de Sainte-Menehould. Il avait déjà retardé dans l’Argonne la marche des Prussiens   ; la saison, en s’avançant, devenait mauvaise   ; il n’avait plus qu’à se maintenir jusqu’à la jonction de Kellermann et de Beurnonville, et le succès de la campagne devenait assuré. Les troupes s’étaient aguerries, et l’armée s’éleva à environ soixante-dix mille hommes après l’arrivée de Beurnonville et de Kellermann, qui eut lieu le 17.
    L’armée prussienne avait suivi les mouvements de Dumouriez. Le 20 elle attaqua Kellermann à Valmy, pour couper à l’armée française la retraite sur Châlons. La canonnade s’engagea vivement de part et d’autre. Les Prussiens se portèrent ensuite en colonnes sur les hauteurs de Valmy, afin de les enlever. Kellermann forma aussi son infanterie en colonnes, lui enjoignit de ne pas tirer, et d’attendre l’approche de l’ennemi pour le charger à la baïonnette. Il donna cet ordre au cri de Vive la nation   ! et ce cri, répété d’un bout de la ligne à l’autre, étonna les Prussiens plus encore que la contenance ferme de nos troupes. Le duc de Brunswick fit rétrograder ses bataillons, déjà un peu ébranlés   ; la canonnade continua encore jusqu’au soir   ; les Autrichiens tentèrent une nouvelle attaque, et furent repoussés. La journée nous resta, et le succès presque insignifiant de Valmy produisit sur nos troupes et sur l’opinion en France l’effet de la plus complète victoire.
    De cette époque data aussi le découragement de l’ennemi et sa retraite. Les Prussiens s’étaient engagés dans cette campagne, d’après les promesses des émigrés, comme dans une promenade militaire. Ils étaient sans magasins, sans vivres   ; au lieu d’un pays ouvert, ils rencontraient une résistance chaque jour plus vive   ; les pluies continuelles avaient détrempé les routes, les soldats étaient dans la boue jusqu’au genou, et depuis quatre jours ils n’avaient que du blé bouilli pour toute nourriture. Aussi les maladies produites par l’eau crayeuse, le dénuement et l’humidité, avaient exercé les plus grands ravages dans l’armée. Le duc de Brunswick conseilla la retraite, contre l’avis du roi de Prusse et des émigrés, qui voulaient hasarder une bataille et s’emparer de Châlons. Mais comme le sort de la monarchie prussienne tenait à son armée, et que la perte entière de l’armée devenait certaine par une défaite, le conseil du duc de Brunswick prévalut. On entama des négociations   ; et les Prussiens, se relâchant de leurs premières exigences, ne demandaient plus que le rétablissement du roi sur le trône constitutionnel. Mais la

Weitere Kostenlose Bücher