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Histoire de la Révolution française depuis 1789 jusqu'en 1814

Titel: Histoire de la Révolution française depuis 1789 jusqu'en 1814 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: François-Auguste-Marie-Alexis Mignet
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par les sans-culottes, enfin des insurrections par la municipalité.
    La première mesure des partis, après avoir décrété la république, fut de se combattre. Les Girondins étaient indignés des massacres de septembre, et ils voyaient avec horreur sur les sièges de la convention des hommes qui les avaient conseillés ou prescrits. Deux entre autres leur inspiraient plus d’antipathie ou de dégoût   : Robespierre, qu’ils croyaient aspirer à la tyrannie, et Marat, qui, depuis le commencement de la révolution, s’était fait, dans ses feuilles, l’apôtre du meurtre. Ils dénoncèrent Robespierre avec plus d’animosité que de prudence   ; il n’était pas encore redoutable au point d’encourir une accusation de dictature. Ses ennemis, en lui reprochant des desseins alors invraisemblables et, dans tous les cas, impossibles à prouver, augmentèrent eux-mêmes sa popularité et son importance.
    Robespierre, qui a joué un rôle si terrible dans notre révolution, commençait à figurer en première ligne. Jusque-là, malgré tous ses efforts, il avait eu des supérieurs dans son propre parti   ; sous la constituante, les fameux chefs de cette assemblée   ; sous la législative, Brissot et Pétion   ; au 10 août, Danton. À ces diverses époques, il s’était déclaré contre ceux dont la renommée ou dont la popularité l’offusquait. Au milieu des personnages célèbres de la première assemblée, ne pouvant se faire remarquer que par la singularité de ses opinions, il s’était montré réformateur exagéré   ; pendant la seconde, il s’était fait constitutionnel, parce que ses rivaux étaient novateurs, et il avait discouru en faveur de la paix aux Jacobins, parce que ses rivaux demandaient la guerre. Depuis le 10 août, il s’étudiait, dans ce club, à perdre les Girondins et à supplanter Danton, associant toujours la cause de sa vanité à celle de la multitude. Cet homme, dont les talents étaient ordinaires et le caractère vain, dut à son infériorité de paraître des derniers, ce qui est un grand avantage en révolution   ; et il dut à son ardent amour-propre de viser au premier rang, de tout faire pour s’y placer, de tout oser pour s’y soutenir. Robespierre avait des qualités pour la tyrannie   : une âme nullement grande, il est vrai, mais peu commune   : l’avantage d’une seule passion, les dehors du patriotisme, une réputation méritée d’incorruptibilité, une vie austère, et nulle aversion pour le sang. Il fut une preuve qu’au milieu des troubles civils, ce n’est pas avec son esprit qu’on fait sa fortune politique, mais bien avec sa conduite, et que la médiocrité qui s’obstine est plus puissante que le génie qui s’interrompt. Il faut dire aussi que Robespierre avait l’appui d’une secte immense et fanatique, dont il avait demandé le gouvernement et soutenu les principes depuis la fin de la constituante. Cette secte tirait son origine du dix-huitième siècle, dont elle représentait certaines opinions   ; elle avait pour symbole en politique la souveraineté absolue du Contrat social de J.-J. Rousseau, et en croyance le déisme de la Profession de foi du vicaire savoyard   ; elle parvint plus tard à les réaliser un moment dans la constitution de 93 et dans le culte de l’Être Suprême. Il y a eu, dans les diverses époques de la révolution, plus de système et de fanatisme qu’on ne l’a cru.
    Soit que les Girondins prévissent de loin la domination de Robespierre, soit plutôt qu’ils se laissassent entraîner par leur ressentiment, ils l’accusèrent du crime le plus grave dans une république. Paris était agité par l’esprit de faction, les Girondins voulurent porter une loi contre ceux qui provoquaient aux désordres, aux violences, et donner en même temps à la convention une force indépendante et prise dans les quatre-vingt-trois départements   ; ils firent nommer une commission chargée de présenter un rapport à ce sujet. La Montagne attaqua cette mesure comme injurieuse pour Paris   ; la Gironde la défendit, en signalant un projet de triumvirat formé par la députation de Paris. « Je suis né à Paris, dit alors Osselin   ; je suis député de cette ville. On annonce un parti élevé dans son sein, qui veut la dictature, des triumvirs, des tribuns. Je déclare, moi, qu’il faut être profondément ignorant, ou profondément scélérat, pour avoir conçu un semblable projet. Qu’anathème soit lancé

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