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Histoire de la Révolution française depuis 1789 jusqu'en 1814

Titel: Histoire de la Révolution française depuis 1789 jusqu'en 1814 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: François-Auguste-Marie-Alexis Mignet
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a-t-il pas empêchés   ? – Pourquoi   ? Parce que l’autorité tutélaire de Pétion était enchaînée, parce que Roland parlait en vain   ; parce que le ministre de la justice, Danton, ne parlait pas   ;… parce que les présidents des quarante-huit sections attendaient des réquisitions, que le commandant général ne fit point   ; parce que des officiers municipaux, couverts de leur écharpe, présidaient à ces atroces exécutions. – Mais l’assemblée législative   ? – L’assemblée législative   ! représentants du peuple, vous la vengerez   ! L’impuissance où vos prédécesseurs étaient réduits est, à travers tant de crimes, le plus grand de ceux dont il faut punir les forcenés que je vous dénonce. » Et revenant à Robespierre, Louvet signala son ambition, ses menées, son extrême ascendant sur la populace, et termina cette fougueuse philippique par une série de faits, dont chacun était précédé de cette redoutable formule   : Robespierre, je t’accuse.
    Louvet descendit de la tribune au milieu des applaudissements   ; Robespierre y monta pour se justifier, pâle et accompagné de murmures. Soit trouble, soit crainte des préventions, il demanda huit jours. Le moment arrivé, il parut moins en accusé qu’en triomphateur   ; il repoussa avec ironie les reproches de Louvet, se livra à une longue apologie de lui-même. Il faut convenir que les faits étant vagues, il eut peu de peine à les atténuer ou à les détruire. Les tribunes étaient postées pour l’applaudir   ; la convention elle-même, qui voyait dans cette accusation une querelle d’amour-propre, et qui ne redoutait point, selon Barrère, un homme d’un jour, un petit entrepreneur d’émeutes, était disposée à mettre fin à ces débats. Aussi, lorsque Robespierre dit, en terminant   : « Pour moi, je ne prendrai aucunes conclusions personnelles   ; j’ai renoncé au facile avantage de répondre aux calomnies de mes adversaires par des dénonciations plus redoutables   ; j’ai voulu supprimer la partie offensive de ma justification. Je renonce à la juste vengeance que j’aurais le droit de poursuivre contre mes calomniateurs   ; je n’en demande point d’autre que le retour de la paix et le triomphe de la liberté   ! » Il fut applaudi, et la convention passa à l’ordre du jour. Vainement Louvet voulut répliquer, il ne put pas l’obtenir   ; Barbaroux s’offrit tout aussi vainement pour accusateur, et Lanjuinais combattit l’ordre du jour, sans que la discussion fût reprise. Les Girondins eux-mêmes l’appuyèrent   ; ils commirent une faute en entamant l’accusation, et une autre en ne la soutenant point. Les Montagnards l’emportèrent, puisqu’ils ne furent point vaincus, et Robespierre fut rapproché du rôle dont il était encore si éloigné. On est bientôt, en révolution, ce qu’on est cru être   ; et le parti montagnard le prit pour son chef, parce que les Girondins le poursuivirent comme tel.
    Mais ce qui était plus important encore que les attaques personnelles, c’étaient les discussions sur les moyens de gouvernement et sur la conduite des autorités et des partis. Les Girondins échouèrent non-seulement contre les individus, mais contre la commune. Aucune de leurs mesures ne réussit   ; elles furent mal proposées ou mal soutenues. Ils auraient dû renforcer le gouvernement, remplacer la municipalité, se maintenir aux Jacobins et les dominer, gagner la multitude ou prévenir son action   ; et ils ne firent rien de tout cela. Un d’entre eux, Buzot, proposa de donner à la convention une garde de trois mille hommes, tirés des départements. Ce moyen, qui devait au moins maintenir l’assemblée indépendante, ne fut pas assez vivement soutenu pour être adopté. Ainsi, les Girondins attaquèrent les Montagnards, sans les avoir affaiblis   ; la commune, sans la soumettre   ; les faubourgs, sans les annuler. Ils irritèrent Paris, en invoquant l’assistance des départements, sans toutefois se la donner, agissant ainsi contre les règles de la prudence la plus commune   ; car il est plus sûr de faire une chose que d’en menacer.
    Leurs adversaires profitèrent habilement de cette circonstance. Ils répandirent sourdement une opinion qui ne pouvait, que compromettre les Girondins   ; c’est qu’ils voulaient transporter la république dans le Midi, et abandonner le reste de l’empire. Alors commença ce reproche de fédéralisme si fatal

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