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Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle

Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle

Titel: Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marc Ferro
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l’abolition de la traite parce qu’il en résulterait que les planteurs […] traiteraient ainsi mieux les leurs. Non seulement la Société des Amis des Noirs ne sollicite point en ce moment l’abolition de l’esclavage, mais elle serait affligée qu’elle fût proposée. Les Noirs ne sont pas encore mûrs pour la liberté ; il faut les y préparer… »
    L’intérêt de la démarche de Brissot est qu’il fut le premier à avoir voulu internationaliser la campagne humanitariste. Le partenaire de la Société (où figurent Condorcet, l’abbé Sieyès, etc.) est nécessairement le Comité pour l’abolition de la traite , fondé à Londres par Thomas Clarkson et Grenville Sharp, car il dispose d’une tribune sans égale, dès que William Wilberforce, son représentant, est élu à la Chambre des communes. Ce Comité n’était pas fréquenté par un groupe de philosophes, comme celui de Brissot, mais il avait un enracinement populaire : il était en effet l’émanation de l’Église méthodiste, qui fit de l’abolitionnisme une cause humanitaire, une raison de vivre pourses adeptes. Sa première victoire fut un procès gagné en 1772 à Londres, où, se référant au droit naturel et à l’absence en Angleterre de toute loi ou coutume admettant l’esclavage, un juge libéra un esclave noir qui s’était enfui et qui avait été repris par son maître sur le sol anglais.
    Première étape : si, à partir de ce jour, l’esclavage et la traite continuèrent à exister dans les territoires anglais d’outre-mer, il disparut de la métropole où Noirs et Blancs jouirent des mêmes droits : ainsi furent affranchis les 15 000 esclaves noirs alors en Grande-Bretagne. La deuxième étape se place en 1787, lorsque Grenville Sharp, qui fonda un Comité de secours du Noir pauvre , installa 411 colons « noirs » sur la côte de la Sierra Leone pour y créer une société chrétienne semblable à la société anglaise. Au vrai, ayant pris la leçon de leurs expériences passées, ces Noirs, loin de cultiver la terre et de manifester des vertus chrétiennes, se livrèrent eux-mêmes à la traite des esclaves, plus rentable, mais en chantant, à leur gloire, des cantiques. Ce fut certes un échec, mais ni Wilberforce, ni la Baptist Missionary Society , ni la Church Missionary Society n’abandonnèrent pour autant la lutte contre la traite qui fut officiellement interdite par le Parlement anglais en 1807.
    Entre-temps, et après avoir été conquise par Napoléon, puis reprise par les Anglais, la Sierra Leone devint, en 1808, la première colonie de la Couronne en Afrique noire.
    Le mouvement du XVIII e  siècle avait été purement humanitaire : il n’était pas le corollaire d’un besoin moindre d’esclaves, dont il eût été le reflet. A preuve : la traite est aussi active après 1807 qu’avant : elle culmina en coïncidence avec l’apogée de l’économie de plantation sucrière — entre 1740 et 1830 —, et ce n’est pas un hasard si les ports d’accueil se trouvent être successivement ceux de la Jamaïque, de la Martinique, de Cuba : vers 1830, il y avait toujours 60 000 départs d’Afrique par an. La traite commença à fléchir quand il fut plus rentable de garder les Noirs en Afrique, pour qu’ils y produisent notamment de l’huile de palme — une transformation qui prend consistance durant la seconde moitié du XIX e  siècle.
    Le mouvement n’en était pas moins lancé, et c’est àl’intérieur de la sphère anglaise qu’avaient pu être commis les premiers actes symboliques. Les désillusions nées de l’expérience de Freetown, en Sierra Leone, portaient en elles un germe qui allait se développer ultérieurement : pour mettre fin à la traite, il allait falloir civiliser l’Afrique…
    Au reste, jusque-là, la traite était demeurée légale, du moins au sud de l’Équateur — vers le Brésil par conséquent ; et ce furent d’autres mouvements, issus des contre coups de la Révolution française, qui mirent en cause l’ancien régime de la traite, de l’esclavage, du travail dans les colonies.
    Les socialistes et la question coloniale
    Après l’Église au XVI e  siècle, puis les philosophes au XVIII e , les socialistes, au début du XX e  siècle, constituèrent l’instance qui aborda, au fond, le problème des conquêtes coloniales et de l’impérialisme. L’Internationale étant mort-née en 1871, ce fut la 2 e  Internationale, apparue en

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