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Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle

Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle

Titel: Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marc Ferro
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mouvements d’émancipation coloniale. En fondant le comité France-Maghreb , en 1953, Louis Massignon cherche à rapprocher le christianisme et l’Islam, ce qui constitue un autre versant de l’anticolonialisme humaniste et chrétien.
    On retrouve ces attitudes chez bon nombre de socialistes, tels Alain Savary, les fondateurs du PSU également et, jusqu’à l’explosion de la guerre d’Algérie, chez des réformateurs, tel Jacques Soustelle — dont les positions changent ensuite radicalement. Avec la guerre d’Algérie, le courant anticolonialiste s’élargit et prend de la force.
    Mais est-il favorable à l’indépendance des colonies et n’y a-t-il pas malentendu sur son rôle et son orientation ?
    Les intellectuels et la guerre d’Algérie : après la bataille ?
    A lire après coup les textes écrits sur les « événements » d’Algérie, on a le sentiment que la classe intellectuelle s’est mobilisée pour l’essentiel contre la guerre. Toute une génération dit avoir été marquée par cet engagement, plus ou moins identifié à l’action des intellectuels : qu’il s’agisse du Manifeste des 121 , de l’action de Jean-Paul Sartre — « saguerre », a-t-on même dit —, du rôle des grands organes de presse tels France-Observateur, L’Express, Témoignage chrétien, Le Monde , et autres revues telles que Esprit ou Preuves . Il est vrai que cette guerre s’est livrée autant sur le terrain politique que sur les champs de bataille, même si ce sont bien les formes de la lutte armée — tortures, terrorisme — qui ont été à l’origine des controverses les plus animées, des publications les plus commentées, des écrits les plus illustres — François Mauriac, par exemple. De nouvelles maisons d’édition même —  Maspero, Éditions de Minuit  — en ont été les pourvoyeurs.
    Pourtant, on constate que l’action de ces intellectuels ne s’est manifestée, si l’on ose dire, qu’ après la bataille ; — après la bataille politique il s’entend — pour résoudre le problème algérien, et une fois que la guerre était déjà engagée.
    Depuis, les dirigeants algériens ont su « F.L. Niser » la chronologie de la lutte pour l’indépendance, en faisant de novembre 1954 la date de la « révolution algérienne », le point de départ de l’insurrection. Au vrai, si la guerre véritable n’a commencé qu’au milieu de 1955, le problème politique de l’avenir du pays était posé depuis longtemps ; au moins depuis le bombardement de Sétif en 1945, voire depuis la mise en cause, violente, du statut de l’Algérie, institué en 1947 et qui avait abouti aux élections truquées d’avril 1948. Or, on constate que la classe intellectuelle ne s’est éveillée qu’en 1955 et que jusque-là, à de très rares exceptions près, elle était demeurée étrangère à la revendication arabe, dans une ignorance absolue du problème algérien. C’est seulement autour des années 1956-1962, et plus encore à la fin de cette période que les intellectuels multiplient les interventions — au point qu’après 1958 on ne sait plus si c’est le problème algérien qui les interpelle, ou bien de Gaulle et sa politique, le régime et les institutions. A-t-on suffisamment observé que le fameux Manifeste des 121 date seulement de l’automne 1960 ?
    Avant l’ère des intellectuels, il y a eu l’ère des avocats, plus ou moins passée sous silence. C’étaient eux — M e Pierre Stibbe, M e Yves Dechezelles, M e Renée Plasson, M e Jacques Vergés, etc. — qui, par leur contact avecdes nationalistes, avaient une vision plus réelle de la nature du conflit et de ses enjeux. Simultanément, il avait certes existé une première vague d’intellectuels qui avaient pris position devant le problème algérien (Robert Barrat, Claude Bourdet, Germaine Tillion, etc., et les reportages de Jean Daniel) — mais elle a été étouffée en France et elle a été réduite ultérieurement par le tintamarre des milieux de la grande presse tout entiers livrés à leur lutte politique, pour Mendès, ou contre, pour ou contre Guy Mollet, pour ou contre de Gaulle. Or, auparavant, il y avait eu des intellectuels écrivant en Algérie, au contact des réalités du pays, mais, outre-Méditerranée, leur voix n’était même pas entendue. Parmi eux il y avait André Mandouze, François Châtelet aussi, qui fondent même en 1950 Consciences algériennes , une revue au

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