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Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle

Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle

Titel: Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marc Ferro
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entre les professionnels qui en forment le noyau permanent dévoué à son chef, et les combattants de circonstance ou d’appoint. Surtout, il sait faire produire des armes à feu par les artisans, resserrer l’administration de l’État en se servant de l’Islam et de ses marabouts pour en assurer l’unification, instituant ainsi un régime théocratique hiérarchisé. Sa rencontre avec les Français de Gallieni fut fortuite ; il conclut ainsi des accords avec lui, puis prépara l’alliance anglaise. En 1890, devant l’avance française, il pratiqua la politique de la terre brûlée à la suite d’une insurrection qui embrasa ses États et déplaça son empire vers l’est pour échapper aux Européens ; ce qui était la preuve de la solidité des structures de cet État. Mais il est finalement fait prisonnier par le général Gouraud en 1898, et son État disparaît avec lui.
    Grâce à Yves Person et aux sources qu’il a pu recueillir, on a ainsi une analyse de l’histoire de Samori qui diffère quelque peu de la vision traditionnelle, « un chef de bande  », qui occupe la scène dix-sept ans. Avec lui, les Mandingues forment une sorte d’empire nomade contre lequel luttent Joffre, Archinard, Gallieni, Gouraud. Champion de l’Islam, fertile en ressources, froidement féroce, Samori apparaît et disparaît. Il est fait prisonnier par Gouraud en 1898 et meurt en exil » (Maurice Baumont, L’Essor industriel et l’Impérialisme colonial , p. 267).
    La légende historique voisine de l’histoire officielle concernant la colonisation reproduit ainsi le point de vue des conquérants « puisé aux archives » et ainsi sacralisé, devenu analyse « scientifique » : il repère « la course au Tchad, la course au Niger — vers le bord du fleuve, vers le pays de Kong, vers les pays Mossis, vers le bas Niger, à partir du Dahomey —, et puis la course au Nil ». Il ignore complètement les autres. L’appui sur des classifications géographiques aboutit à une réduction de la connaissance historique. Ces pays n’ont pas d’archives écrites, donc ils n’ont pas de « véritable » État, donc ils n’ont pas d’histoire…
    De fait, à côté de l’État de Samori, d’autres formations étatiques existent, avec leurs structures propres, tel le royaume Ashanti ou Asante, État militaire et conquérant, dont l’appareil administratif est plus développé qu’ailleurs, à Kumasi la capitale du royaume ; et qui a su intégrer, autour de l’Asante proprement dit, la métropole, des provinces incorporées, des provinces intérieures, des provinces extérieures, ce qui détermine des conflits internes entre centralistes et fédéralistes, et bientôt entre modernistes et traditionalistes. Le schéma de l’intervention étrangère en Asante est classique : un traité d’amitié (1817), le passage des possessions britanniques de la Gold Coast sous le contrôle de la Sierra Leone déjà annexée (1821), des campagnes des Ashanti contre les Wasa, les Fanti, etc. En 1873, les Fanti demandent la protection des Britanniques ; ceux-ci font la guerre et assurent la défaite de l’Asante vaincu par la coalition des Anglais et des peuples soulevés. Vingt-trois ans plus tard, les Britanniques occupent Kumasi et proclament leur protectorat (1896).
    Ainsi, c’est lorsqu’il a existé de véritables États — que latradition historique européenne a ignorés — que leur chute a entraîné un effondrement et la fin de toute résistance militaire, mais pas de l’idée d’indépendance, restée vivante aussi bien en Afrique de l’Ouest qu’à Madagascar ou au Kenya ; la contrepartie, si l’on peut dire, est que la légende populaire ou savante a transformé ces chefs vaincus en véritables héros — Behanzin, Samori, Msiri au Katanga, Rabah, ou Mapondera, bandit d’honneur en « Rhodésie », etc. —, alors que la résistance paysanne, spontanée et pas durable, n’a pas été accompagnée d’un pareil souvenir légendaire.
     
     
    Le plus illustre de ces héros a sans doute été Chaka, le roi des Zoulous, le premier des grands fondateurs de royaumes guerriers dont les Blancs ont triomphé (1816-1828) ; mais cette légende est née bien après sa mort. Il avait modernisé l’art militaire et réorganisé l’armée, instruite à la spartiate. En premier lieu, il changea la taille des sagaies que traditionnellement les Zoulous fabriquaient longues pour mieux les envoyer à

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