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Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle

Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle

Titel: Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marc Ferro
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cruauté et de perfidie à peine égalées aux âges barbares, et totalement indignes du chef d’un État civilisé.
    Il a contraint nos compatriotes capturés en pleine mer à porter les armes contre leur pays, à devenir les bourreaux de leurs amis et de leurs frères, ou à tomber eux-mêmes sous leurs coups.
    Il a provoqué des révoltes intestines et tâché de soulever contre les habitants de nos frontières les sauvages et impitoyables Indiens dont la règle de guerre bien connue est de détruire sans distinction les êtres de tous âges, sexe et condition.
    A chaque étape de l’oppression, nous avons réclamé justice dans les termes les plus humbles ; à nos pétitions répétées il ne fut répondu que par des injustices répétées. Un prince dont le caractère s’affirme ainsi, en des actes qui, tous, définissent un tyran, ne peut prétendre gouverner un peuple libre.
    Nous n’avons pas davantage réussi à capter l’attention de nos frères britanniques. Nous leur avons représenté périodiquement que leur législature tentait d’étendre illégalement sa juridiction jusqu’à nous. Nous leur avons rappelé les circonstances dans lesquelles nous avons émigré et fondé ici des colonies. Nous avons fait appel au sens inné de la justice et à la grandeur d’âme qui sont censés les habiter, et nous les avons conjurés au nom des liens de parenté qui nous unissent de désavouer ces usurpations qui conduiraient inévitablement à la rupture de nos liens et de nos rapports. Eux aussi sont restés sourds à la voix de la justice et de la consanguinité. Nous devons donc nous incliner devant la nécessité, et proclamer la séparation. Nous devons, comme nous le faisons pour le reste de l’humanité, les considérer, dans la guerre comme des ennemis, dans la paix comme des amis.
    En conséquence, Nous, représentants des États-Unis d’Amérique, réunis en Congrès plénier, prenant le Juge suprême du monde à témoin de la droiture de nos intentions au nom et par délégation du bon peuple de ces Colonies, affirmons, et déclarons solennellement :
    Que ces Colonies unies sont et doivent être en droit des États libres et indépendants ; qu’elles sont relevées de toute fidélité à l’égard de la Couronne britannique, et que tout lien entre elles et l’État de la Grande-Bretagne est et doit être entièrement dissous ; et qu’elles ont, en tant qu’États libres et indépendants, plein pouvoir de faire la guerre, de conclure la paix, de contracter des alliances, d’établir des relations commerciales, d’agir et de faire toutes autres choses que les États indépendants sont fondés à faire. Et pour le soutien de cette Déclaration, mettant notre pleine confiance dans la protection de la Divine Providence, nous donnons en gage les uns et les autres nos vies, nos fortunes et notre honneur sacré.
     
     
    Un des traits qui caractérisent les événements d’Amérique, entre 1763 et 1776, est bien l’écart assez extraordinaire entre les griefs matériels des colons à l’endroit du gouvernement de Londres, au demeurant subalternes, et l’ampleur du mouvement qui conduit à l’indépendance et à la guerre. En outre, la liste des griefs que la Déclaration d’indépendance énonce est, certes, importante, mais ils s’appliquent, en bonne partie, aussi bien à la situation des Anglais, Écossais ou Irlandais de la vieille Europe.
    Par ailleurs, il est établi que les taxes directes ou indirectes qui pouvaient frapper les colons n’avaient en rien entamé leur prospérité croissante, que Londres fermait les yeux sur l’interlope, et que les lieux de la puissance britannique variaient au gré des pressions économiques de chaque groupe de partenaires, à Londres, à Boston, à la Jamaïque : les Américains n’étaient pas victimes d’une politique concertée.
    La puissance de l’onde qui a bouleversé les rapports entre Anglais et Américains est donc venue d’un autre bord : plus encore que l’éviction du monarque ou l’affirmation du droit à élire ses propres représentants, l’événement a eu une profondeur morale. Il s’est agi d’affirmer le droit de l’ensemble de la population à participer au gouvernement de la Cité ; ce à quoi, par leur existence même, le monarque, un Parlement mal élu (les « bourgs pourris »), une représentation inadéquate s’opposaient. Il fallait ainsi construire un ordre politique nouveau , et c’est ce projet

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