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Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle

Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle

Titel: Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marc Ferro
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colonisateurs demeurèrent, certes, relativement autonomes, même si la métropole est venue souvent renforcer l’emprise des uns ou des autres. Pour les colonisés, ils constituent volontiers un tout.
    Pourtant, l’évangélisation avait pour effet, en Afrique noire surtout, de sortir un certain nombre d’individus de leur groupe ; d’ébranler ainsi les fondements de la société traditionnelle, de la déstabiliser ; alors qu’à l’inverse la colonisation s’appuyait sur ses structures anciennes, ce qui facilitait la tâche des administrateurs…
    Par ailleurs, l’éducation donnée en terre coloniale par les missions chrétiennes nourrissait l’émancipation politique des adolescents, puis leur nationalisme, les aumôniers et les prêtres étant volontiers solidaires des aspirations de leurs ouailles. Ils le sont encore aujourd’hui au Guatémala, au Nicaragua.
    Ainsi a-t-on vu des membres de l’Église être souvent à l’avant-garde de la lutte des colonisés.
    En Algérie, bien que ces colonisés n’aient pas été chrétiens, on a vu souvent le bas clergé soutenir leurs aspirations et même figurer parmi les « porteurs de valise », en 1957. Sans doute s’est-il agi, ordinairement, de membres du bas clergé ; mais l’attitude de la Papauté, à l’autre extrême de la hiérarchie, a pu faire croire à un « complot » contre la France qu’eût animé le Vatican.
    Il est vrai que les papes avaient mis en garde les missionnaires, des Français essentiellement : ils ne devaient pas travailler « pour leur patrie mais pour le bien commun  ». Or la France n’était-elle pas une République laïque, « cette gueuse », qui avait séparé l’Église et l’État, et pas retenu ce principe ?
    A l’ère de la décolonisation, n’ayant pas oublié l’attitude équivoque de la Papauté devant le nazisme, ses sympathies pour Franco et le régime de Vichy, son silence opaque devant le sort tragique des Juifs, on s’interrogea sur la signification de cette solidarité de l’Église envers le sort des colonisés, même musulmans ; sur l’attitude de la Papauté hostile à Israël, mais favorable au Grand Mufti… Dans Le Vatican contre la France et Le Vatican contre la France d’outre-mer , Edmond Paris et François Méjan examinent cette attitude du pape et du clergé catholique. Au vrai, celui-ci est souvent très critique envers celui-là, et sans doute n’y a-t-il aucune connivence entre le comportement de ces prêtres « porteurs de valise » et celui de la Papauté.
    En ce qui concerne l’Afrique noire, la question est différente, les enjeux étant d’une plus grande ampleur… et le clergé noir jouant un rôle de plus en plus important au sein de l’Église.
     
     
    De tous les mouvements religieux, lors de la « seconde » colonisation, c’est d’abord la renaissance bouddhiste qui s’est affirmée comme une résistance à l’Europe. En Birmanie, où les moines éduquent 50 % des enfants, elle doit également s’opposer à l’Islam, comme le manifeste le double combat de U Ottama qui, au début du siècle, visitel’Inde, voit Tagore, passe au Japon et est fasciné par l’assurance des Japonais, la glorification de leur race.
    Grâce à ces moines, la Birmanie, un des pays les mieux éduqués d’Asie au début du XX e  siècle, sécrète de puissantes associations xénophobes, comme la Young Men’s Buddhist Association (1906) et bientôt de nombreux partis antianglais, mi-bouddhistes mi-socialistes, tel Notre Birmanie , qui se diffuse en anglais. Ces mouvements s’appuient sur les paysans, dont les révoltes étaient souvent antérieures à la présence britannique ; dans la région du delta de l’Irraouadi notamment, ils s’appuient également bientôt sur un mouvement ouvrier naissant.
    En Indonésie comme au Soudan et dans une partie du Maghreb, c’est l’Islam qui est le grand précurseur des mouvements de masse nationalistes. En Indonésie, l’Islam est, de plus, antichinois. Surtout, par le réseau de ses marchands, il est à l’origine d’une modernité qui a précédé l’arrivée de l’Occident, ses sultanats étant l’équivalent des cités marchandes qu’avait connues la Méditerranée (D. Lombard, III, p. 152). Au début du XX e  siècle, le Sarekat Islam prêche la prochaine venue du Mahdi, le sauveur islamique, ce « juste roi » qu’attendent 2 millions de fidèles. Vers 1920, Tjoroaminoto est l’objet d’un culte

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