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Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle

Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle

Titel: Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marc Ferro
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survécu aux mouvements d’indépendance de la seconde moitié du XX e  siècle.
    Ainsi, les différentes formes de l’impérialisme et de la colonisation se chevauchent et s’interpénètrent.
    Il en va de même avec les phénomènes dits de décolonisation et de l’indépendance des peuples, avec leur libération. La plupart se sont émancipés entre 1945 et 1965, mais, si la colonisation au sens étroit du terme a bien pris fin avec la défaite des Français au Vietnam ou en Algérie, des Anglais ou des Hollandais en Inde et en Indonésie, la domination occidentale a survécu, sous une forme ou sous une autre, appelée ici néo-colonialisme, ailleurs impérialisme sans colons.
    Au vrai, ce phénomène existait avant que les Européens ne perdent leurs possessions d’outre-mer — il était le fait des États-Unis qui avaient su créer des colonies sans drapeaux, en Amérique latine notamment, quitte à envoyer des marines ici ou là en cas de « nécessité », comme à Haïti en 1915. C’est un peu la politique que la France a suivie, à l’occasion, en Afrique noire, après 1965.
    Or, la « décolonisation » s’est souvent limitée à un changement de souveraineté. Substitution d’un pouvoir politique à un autre, certes, mais toutes sortes de liens économiques ont survécu, perpétuant l’ancienne dépendance sous une autre forme et au bénéfice conjoint de ces métropoles et de nouvelles « bourgeoisies » locales. Par ailleurs, les flux humains nés de cette rupture se sont accrus, et les relations anciennes se sont ainsi perpétuées, quoique transformées : coopérants français en Algérie et travailleurs immigrés algériens, dans l’Hexagone. On observe le même jeu de courants entre l’Angleterre d’une part, et d’autre part les Caraïbes ou l’Inde, l’Allemagne et la Turquie, etc.
    Simultanément, depuis les années soixante, les progrès de la mondialisation de l’économie ont abouti à une imbrication et à une intégration des économies telles qu’aujourd’hui une partie des pays ex-colonisés se trouvent dans une position de dépendance ou de pauvreté pire que celle qu’ils ont connue jadis (cf. ici ).
    De leur côté, les anciennes puissances colonisatrices elles-mêmes découvrent à leur tour aujourd’hui que le dogme du libéralisme sur lequel elles s’appuyaient jadis pour légitimer leur domination pouvait se retourner contre elles, à l’avantage de nouvelles puissances, financières ou industrielles, tels le Japon ou… d’anciennes colonies comme Taiwan, Singapour ou la Corée.
    On ne saurait pourtant limiter l’analyse des processus liés à la colonisation à ces effets qui sont l’héritage de la domination économique ou technique.
    Les effets de retour ont pu prendre d’autres formes liées au rôle croissant du pétrole dans l’économie mondiale, aux contacts entre civilisations, au racisme qui s’est ainsi développé…
    Civilisation et racisme
    « Je crois en cette race… », disait Joseph Chamberlain en 1895. Il chantait un hymne impérialiste à la gloire des Anglais et célébrait un peuple dont les efforts dépassaient ceux de ses rivaux français, espagnols, etc. Aux autres populations, « subalternes », l’Anglais apportait la supériorité de son savoir-faire, de sa science aussi ; le « fardeau de l’homme blanc » consistait à civiliser le monde, et les Anglais montraient le chemin.
    Cette conviction et cette tâche signifiaient qu’au fond les autres étaient considérés comme les représentants d’une culture inférieure, et il revenait aux Anglais, « avant-garde » de la race blanche, de les éduquer, de les former — tout en restant à distance. Si les Français aussi tenaient les indigènes pour des enfants et les considéraient, certes, comme des inférieurs, leurs convictions républicaines les conduisaient, en revanche, à tenir des propos différents, au moins publiquement, même s’ils n’étaient pas nécessairement en conformité avec leurs actes.
    Ce qui rapprochait toutefois les Français, les Anglais et autres colonisateurs, et leur donnait conscience d’appartenir à l’Europe était cette conviction qu’ils incarnaient la science et la technique, et que ce savoir permettait aux sociétés qu’ils se soumettaient d’accomplir des progrès.
    De se civiliser.
    Or, l’histoire et le droit occidental avaient codifié ce qu’était la civilisation — son lien avec le christianisme

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