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Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle

Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle

Titel: Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marc Ferro
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pas, on saura jusqu’où va le pouvoir des Infidèles… que peut-être quelque seigneur étranger voudra l’aider dans sa guerre contre les ennemis de la foi, que grand est son désir d’étendre la Sainte Foi de N.S. J.-C.
    C’est d’ailleurs au roi Jean du Portugal que Christophe Colomb demanda, vers 1484, de lui fournir le nécessaire pour atteindre Cipangu (le Japon) par l’ouest, car c’est bien du Portugal que partaient tous les voyages. Le monarque consulta ses cosmographes qui le détournèrent de ce projet fou. Comme l’a écrit Fernand Braudel, « les Portugais ont toujours préféré les certitudes scientifiques à la chimère… Ils y ont perdu l’Amérique. Quand ils ont découvert le Brésil, c’était trop tard ».
    En fait, ils s’étaient bien élancés les premiers vers le sud,mais munis de toutes les garanties et notamment de ces cartes nautiques avec roses des vents : celle de Pedro Reinel, datée de 1485, décrit avec une grande précision les côtes de l’Europe et de l’Afrique atlantique jusqu’au point extrême atteint par Diego Cao (Cam) au-delà du golfe de Guinée. Après s’être développée grâce aux Italiens, la cartographie devint la science portugaise par excellence, ainsi dénommée par le vicomte de Santarem. Elle produit ses premiers atlas à 8 cartes au XVI e  siècle. Autre sécurité : les différentes caravelles qui prennent la relève de ces barcas avec lesquelles Gil Eanes avait doublé le cap Bojador en 1434. Disposant d’une superficie de voiles double de celle utilisée jusque-là, les caravelles pouvaient naviguer à la bouline, c’est-à-dire modifier constamment leur voilure pour progresser en zigzag, contre le vent si nécessaire. Avec l’apparition des galions, plus vastes et adaptés à la guerre sur mer, le Portugal devint le centre européen des constructions navales.
    Pour les Noirs de la côte occidentale d’Afrique, l’arrivée des navigateurs blancs, portugais et italiens surtout, était une découverte, comme leurs bombardes ou leurs chandelles. Pour les Portugais, le fait de voir les Noirs manger à même le sol, habiter des maisons de paille, etc., fit naître aussitôt un sentiment de supériorité. Ils observèrent que, moins ils avaient de contact avec les musulmans, plus la couleur de leur peau était foncée. Beaucoup se disaient vassaux de l’empereur du Mali.
    Un des premiers rois africains rencontrés, Battimansa, en Gambie, se déclara vassal de l’empereur du Mali mais cela n’impressionna pas les Portugais ; étant donné la pauvreté des Africains qu’ils rencontrèrent, ils ne virent pas l’intérêt de pénétrer ou d’occuper l’arrière-pays. Ils étaient déjà maîtres de Madère et des Açores — l’île des autours —, avaient dépassé la mer ténébreuse et le cap de Bojador d’où, jusque-là, on ne revenait plus, car les alizés du nord-est poussaient vers l’Atlantique ; grâce à la caravelle, ils purent atteindre, en 1444, le cap Vert, puis les fleuves de Guinée et, en 1460, la Serra Leoa. Quand Jean II monta sur le trône, le traité d’Alcaçovas venait d’être signé deux ans plus tôt, en 1479, réglant la succession deCastille et délimitant les zones d’influence au sud de la Péninsule ibérique : le golfe de Guinée était réservé au Portugal. En 1483, Diego Cam atteignit le Zaïre et envoya des émissaires au roi de Kongo. Barthélemy Diaz doublait le cap des Tempêtes, désormais appelé cap de Bonne-Espérance, en 1487-1488, et atteignit la région de l’actuel Port Elizabeth, la baia dos Vaqueiros, ou baie des Bouviers, ainsi appelée parce que les Noirs y élevaient des bovins. Puis les Portugais s’élancèrent vers l’Inde.
    Avec l’arrivée de Christophe Colomb dans une des îles Lucayes — les Bahamas — et juste avant que Vasco de Gama n’atteignît l’Inde, le pape Alexandre VI intervint pour mettre fin à la concurrence effrénée qui venait de s’affirmer entre les Portugais et les Espagnols. Les âpres discussions qui eurent lieu lors du traité de Tordesillas (1494) pour fixer la limite des possessions portugaises, non pas à cent lieues à l’ouest des Açores, mais à 370 lieues à l’ouest du cap Vert — ce qui leur faisait comprendre une partie du Brésil —, posent un problème : est-ce par principe que les Portugais obtinrent ce déplacement vers l’ouest, ou bien parce qu’ils pressentaient qu’une terre existait dans ces

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