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Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle

Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle

Titel: Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marc Ferro
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L’État britannique était ainsi le couronnement d’une histoire conforme aux idéaux de liberté et de tolérance nés pendant la Réforme.
    A ce courant s’ajoutait une vision de l’homme tendant à glorifier les exploits, l’action, telle la Lebensphilosophie dont Wilhelm Dilthey, Oswald Spengler et Max Scheler furent les chantres, impérialistes tous les trois et, tout comme Nietzsche, favorables à cette idée d’un certain darwinisme social tourné vers l’extérieur ; autour de ce courant biologiste, on retrouvait des scientistes, sociologues, eugénistes qui reprenaient certaines idées de Gobineau, glorifiaient les surhommes de demain, tel Gidding, et assuraient la jonction entre le néo-idéalisme, surtout anglais, et ce biologisme, surtout allemand ; Houston Stewart Chamberlain, ce Britannique devenu sujet de Guillaume II, jouant les go-between .
    Cette filiation permet de mieux saisir le rapport entre l’impérialisme et le racisme nazi.
    A l’époque de l’impérialisme, les conquérants ont réussi à faire triompher cette idée que l’expansion était le but final de la politique. Si ce n’est qu’à partir du moment où les peuples soumis n’ont plus eu à connaître la même loi que les vainqueurs, cette oppression des autres, à l’extérieur, a risqué de devenir une prédisposition à la tyrannie à l’intérieur. Comme Burke l’avait senti le premier, le cas de l’Irlande étant exemplaire.
    L’Empire britannique n’a été l’équivalent de l’Empire romain que dans ses dominions où un Anglais demeurait un citoyen comme s’il était dans le Lancashire. Ailleurs, il figurait une sorte de dominateur qui ne pouvait survivre et prospérer qu’en détruisant les us et les institutions des peuples conquis. L’Empire français s’est, certes, déclaré différent ; dans les discours, il voulait être tel que la loi serait la même pour tous ; mais, que le territoire s’appelle département, protectorat ou colonie, ce projet s’est heurté aux coloniaux ou à des intérêts divers, les Français de l’outre-mer jugeant inadmissible d’avoir à justifier leur prééminence sur les indigènes aux yeux de la métropole.
    La dichotomie entre l’impérialisme et la nation est apparue lorsque le centre de la vie politique n’a plus été le sort des Bretons, des mineurs, des Gallois ou des victimes de la guerre, mais celui de Fachoda ou du Bechuanaland. L’expansion coloniale est devenue la solution à tous les problèmes intérieurs : pauvreté, lutte des classes, surpopulation. On faisait valoir qu’elle représentait l’intérêt commun , qu’elle était au-dessus des partis. Au reste, à la colonie, l’administrateur ou le colon se veut français, ou anglais avant tout, ni de gauche ni de droite ; c’est bien la race qui le définit, pas son activité ou sa fonction sociale. C’est elle qui définit l’élite, justifie l’oppression.
    Sans doute, les théories de la race ont pu exister avant la colonisation, avant l’impérialisme, mais elles avaient peu d’écho. L’impérialisme leur a donné chair et vie, il les a répandues.
    Elles se sont appliquées jusqu’en Europe continentale où l’idéologie raciste a sécrété un totalitarisme particulier, légitimant le pouvoir total d’une « élite », d’une race supérieure, sur d’autres Européens, mais avec des arguments similaires.
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    1 .
La bataille de Poitiers (732) est à peine mentionnée dans les chroniques arabes de l’Égypte. Elle n’apparaît dans l’historiographie qu’ultérieurement.
    2 .
Cf. ici

CHAPITRE II
Les initiatives
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    D’abord les Portugais
    «  E se mais mundo houvera, là chegara  » — et si la terre avait été plus grande on en aurait aussi fait le tour.
    Illustrant leurs découvertes, cette fière apostrophe portugaise dit bien ce que furent les voyages de ces grands explorateurs dont, aujourd’hui encore, la tradition se glorifie. De Vasco de Gama à Serpa Pinto, sur mer et sur terre, ils ont atteint les extrémités et le cœur de la planète, « y apportant la civilisation ».
    Dans sa Chronique de Guinée , écrite au milieu du XV e  siècle, Gomes Eanes de Zurara énonçait déjà les « cinq et une raisons » de ces expéditions. L’infant Henri, qui les organisa, « est poussé par le service de Dieu »… Il considère qu’en ces pays il se trouve des chrétiens ; on pourra en ramener des marchandises ; que, s’il n’y en a

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