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Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle

Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle

Titel: Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marc Ferro
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grande conférence, à Tokyo, à la fin de 1943.
    Il s’agissait là d’une bombe à retardement et qui explosa quelques années plus tard. De fait, lorsque les Anglais débarquèrent à Java et à Sumatra, avant les Hollandais en 1945, les Indonésiens ressentirent ce retour comme une réoccupation. Au contraire, les Philippines, très hostiles aux Japonais et aux gouvernements fantoches qu’ils avaient mis en place, accueillirent les Américains comme des libérateurs.
    En Indochine, la situation était beaucoup plus complexe.
    Vietnam, l’indépendance puis la révolution
    Au Vietnam, les victoires du Japon avaient encouragé les mouvements indépendantistes qui, étant donné la répression régnant depuis les années trente, avaient le plus souvent leur point d’ancrage hors du pays. A l’imitation du Kuo-min-tang, existait le Vietnam Quoc Dan Dang , ou Parti national vietnamien, qui reprenait les slogans de Sun Yat-sen : nationalisme, démocratie, socialisme. Il connut un grand succès au Tonkin. A Canton, un autre groupe s’était formé, sous la direction de Nguyên Ai Quôc (Hô Chi Minh), qui était membre du Krestintern — Internationale paysanne liée au Komintern — et avait constitué, après avoir milité en France et participé au Congrès de Tours, le premier groupe vietnamien de l’Université communiste des travailleurs d’Orient. L’organisation qu’il crée comprend des patriotes déçus par l’action purement morale de Phan Boi Chau. Autour de Bao-Dai, héritier au trône, que l’administration française avait rappelé à Hué après les incidents de 1930-1931, se trouvaient des réformateurs, tel le catholique Ngô Dinh Diêm, qui se heurta à l’intransigeance du pouvoir colonial. « Mes seuls pouvoirs, commentait Bao-Dai, consistaient à décerner des brevets de génie aux villages. » Autre courant, apparu en Cochinchine, un mouvement religieux, d’inspiration bouddhiste, le mouvement Caodaiste, qui puisait son inspiration au Japon — comme d’autres, du reste, depuis l’ère Meiji et les victoires du Japon en 1905 ; il était associé à des sectes antifrançaises, tels les Hoa Hao. Enfin, un Front démocratique indochinois, dirigé par Pham Van Dong et Vô Nguyên Giap, constituait la façade légale d’un parti communiste interdit et auquel allait bientôt s’associer Hô Chi Minh. Des groupes trotskistes étaient également actifs à la fin des années trente.
    Le régime de Decoux s’efforçait de freiner la montée nationaliste ou révolutionnaire en se montrant bon gestionnaire. Il n’en était pas moins répressif vis-à-vis de ces mouvements et plus encore vis-à-vis des gaullistes, au reste peu nombreux. Or, ceux-ci avaient déclaré la guerre au Japon. De son côté, le Japon encourageait ces mouvements indépendantistes, en particulier les caodistes. Mais une scission eut lieu, dès l’entrée de l’URSS en guerre, entre les organisations qui attendaient la libération de Tokyo et celles qui misaient sur Tchang Kaï-chek ou les Alliés. Sousl’égide de Hô Chi Minh, le Vietminh s’était constitué pour combattre « le fascisme français et japonais », à contre-courant de la balance des forces en 1942. Ainsi, s’opposaient déjà le front Vietminh-États-Unis-Chine, auquel collaborent des Français libres, d’une part, et, d’autre part, les caodistes alliés du Japon et que soutient Bao-Dai : tous luttent à la fois entre eux et pour l’indépendance.
    Dans ce contexte, la présence française n’était pas destinée à être balayée par un déchaînement de haine, elle devait être « soufflée par l’Histoire » (Paul Mus). Au reste, à la conférence de Téhéran, F. D. Roosevelt le pensait aussi qui ralliait Staline à ses vues sur l’abandon, par la France, de l’Indochine, alors que Churchill souhaitait que survivent les empires britanniques et français. « Allons, Winston, vous êtes battu à 2 contre 1 », disait Roosevelt à Churchill.
    La tactique adoptée par Nguyên Ai Quôc correspondait aux directives du Komintern, le Front constitué visait à l’union de toutes les couches sociales et à cacher son drapeau révolutionnaire. Le programme du Vietminh avait pour objectif, en effet, de chasser les fascistes français (Vichy, plus l’amiral Decoux) et les Japonais, de rendre l’indépendance au Vietnam, de s’allier avec les démocraties qui luttent contre les agressions fasciste et japonaise, d’édifier

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